Test Blu-Ray : I am Legend

Publié le par la Rédaction



I am Legend Blu-RayS'inspirant du roman culte de Richard Matheson au moins par son titre, Je suis une légende est un film relativement positif s'inscrivant dans la lignée des 28 jours/semaines plus tard. Sorti en salle en fin d'année dernière, le film est proposé en Blu-Ray Disc chez Warner Home Vidéo sur le marché américain, avec une édition française attendue pour le 19 juin.

Film réalisé par Francis Lawrence à l'origine notamment de Constantine, Je Suis une Légende suscite surtout l'intérêt par la mise en images d'une ville de New York post-apocalyptique au sein de laquelle Robert Neville (Will Smith) parvient seul à survivre malgré la présence des « hommes de l'ombre ».

En quoi cette édition Blu-Ray Disc se veut-elle une réussite et redonne de l'attrait à ce film, qui, bien que reprenant l'ambiance et les grandes lignes de l'oeuvre de Matheson, n'a malheureusement que détourné son message et sa fin, deux éléments qui faisaient pourtant la force de ce roman ?

Caractéristiques

Vidéo : Transfert 1080p MPEG 4 VC1
Audio : Anglais en Dolby TrueHD, Français (Québacois), Espagnol et Anglais en Dolby Digital 5.1
Sous-titres : Anglais / Français / Espagnol
Bonus : Cautionary Tale: The Science of 'I Am Legend' (1080p, 20:41), Making Off via Featurettes, 4 Bandes Dessinées Animées

Bande Annonce

Résumé


Robert Neville (Will Smith) ne se destinait pas forcément à devenir un héros ou plutôt une légende. Trois années se sont écoulées, depuis qu'un terrible virus a semble-t-il infecté l'ensemble de la population tant bien et si bien que Robert a la ferme certitude qu'il est seul au monde.

L'homme survit au sein même d'une ville de New York accompagné de son chien. Sa vie quotidienne est marquée par la routine et l'adoption d'une véritable discipline. Car Robert doit vivre seul barricadé, une posture lui permettant d'éviter que les hommes de l'ombre ne viennent l'infecter. Il cherche en vain à trouver dans son laboratoire le vaccin qui permettra de sauver l'humanité infectée.

Quand un jour, son chien finit par être attaqué, l'homme perd la raison et abandonne toute foi : piégé par les infectés, tout semble croire que Robert a signé son décès et par là même la fin de l'humanité telle que l'on la connaît. Mais une femme vient le sauver et bouleverse la routine de Robert. Ce dernier se doit d'accepter l'idée qu'il n'était finalement pas seul au monde. Il doit retrouver les éléments de son humanité et le goût à la vie sociale : le partage, le don, et surtout la foi.

Quand Robert parvient à trouver le vaccin, il fait le choix de sacrifier sa vie pour sauver ses prochains. Robert devient ainsi une légende pour la nouvelle société humaine débutant sa fondation.

Un Neville à la Will Smith !


S'il y a bien un film sur lequel l'ouvrage dont il tire son inspiration et son origine, dénature le message de celui-ci, ce serait certainement « Je suis une Légende ». L'ouvrage de Matheson portant ce titre illustre certes la vie de Robert Neville, un homme seul face à une humanité infectée et par là même « vampirisée », mais se distingue du film réalisé par Francis Lawrence par sa fin et son sens, tous deux surprenants. D'ailleurs le film, extrêmement réussi sur le plan visuel et par l'interprétation de Will Smith, échoue par sa fin assez décevante : ce Blu-Ray aura au moins l'avantage de nous proposer une seconde issue alternative, avec une fin quelque peu remaniée vis-à-vis de la version proposée en salle. Mais l'ensemble restera finalement assez éloigné de l'ouvrage qui, bien que très court, séduisait par une conclusion des plus remarquable.

Certes, cette version de Je Suis une Légende de Lawrence profite d'aspects très intéressants. Les scènes de la ville de New York complètement abandonnée, où la loi de la jungle et de la nature ont repris leurs droits suffisent à nous plonger dès les premiers instants dans la solitude de Robert Neville. Lawrence a effectué le choix de proposer un Robert finalement assez éloigné du personnage du roman. Robert est un homme seul, blond, fragile, alcoolique, très peu organisé et dénué de connaissance scientifique (d'ailleurs le roman nous montre comment le personnage parviendra à donner un sens scientifique aux éléments a priori folkloriques représentés par la menace vampirique). Dans ce film, Lawrence nous présente un homme noir, fort, musclé, en pleine santé, éminent chercheur, et surtout on ne peut plus organisé. Will cherchera dans ce film à donner un sens religieux à la menace vampirique. La quête du personnage est ainsi pleinement inversée. Heureusement, Will Smith parvient par son jeu d'acteur à séduire et à nous convaincre que ce Robert existe.

Là où le roman nous attachait à un personnage presque au bord du suicide, on devient très vite séduit par ce Robert américanisé (Will Smith) parvenant à ajouter son humour à une situation des plus redoutable. Le tout reste plausible, ce qui est en soi un vrai succès.

Un film : deux fins !


C'est d'ailleurs l'atmosphère générale (un homme seul face à un monde infecté), qui séduira les spectateurs. L'attachement au chien, bien qu'encore éloigné du roman de Matheson, est plutôt réussi. On tombe ainsi dans la détresse lorsque Neville perd son compagnon et on se rend compte que la force de Robert n'était que façade et apparence. L'homme est d'ailleurs perdu lorsqu'il rencontre cette mère de famille accompagnée de son fils tout comme le fut le personnage du roman avec Ruth. L'absence de relation sociale lui a fait perdre une partie de son humanité, et là où veut nous mener finalement Lawrence : la rédemption. Elle s'effectuera par la « foi », un sujet qui n'est finalement que trop peu abordé pour que la fin suscite chez nous l'enthousiasme. Robert devient en effet le Christ d'après 2012, une légende en quelque sorte par le fait qu'il sauvera l'humanité par son don de soi. La lumière contre les ténèbres : en bref, un thème qui, si présenté aussi simplement, ne suffit plus aujourd'hui à nous satisfaire tant il a été visité et revisité.

En quoi finalement ce film dénature l'ouvrage sur lequel il s'appuie : la fin et le sens.

Matheson avait eu l'originalité d'inverser l'ordre social pour mieux en montrer le fonctionnement et les grands principes. Le Robert du roman n'est pas devenu une légende pour la société humaine qu'il sauvera, mais pour la société vampirisée alors en émergence. Robert, dernier homme au monde, était devenu finalement sans s'en apercevoir le « Dracula » du roman de Bram Stocker aux yeux d'une nouvelle société dominée par les vampires. Vivant seul, en ermite, capturant et tuant ses proies, Robert représentait le dernier homme pour la société « vampirisée », le sujet de toutes les craintes, tout comme le fut en quelque sorte le monstreux Dracula à nos yeux, représentant à lui seul une légende pour notre société humaine. L'ouvrage se terminait par la découverte de Robert sur lui-même : « A présent, c'est moi, le monstre… ». Le concept de « normalité » n'avait de sens qu'aux yeux d'une majorité, après tout… ».

Matheson en nous présentant l'histoire de la sorte avait eu l'originalité de nous inculquer l'idée d'un Robert devenu monstre aux yeux des montres. C'est finalement sans surprise, que la seconde version « Alternate » (dite d'ailleurs controversée) du film incluse au sein de ce Blu-Ray Disc se distingue de la version cinéma par une nouvelle fin, nous présentant les hommes de l'ombre beaucoup plus humains et un Neville finalement responsable de leur colère.

Qualité Technique


Là où cette édition Blu-Ray suscite véritablement l'enthousiasme : la qualité technique. Warner nous propose effectivement une excellente édition avec un master dont on a absolument rien à reprocher. Il s'agit d'un encodage 1080p VC1 de toute beauté. Aucun grain perceptible, couleurs saturées, profondeur et contraste : tout y est. D'ailleurs, plusieurs scènes sont visuellement remarquables à l'instar des plans aériens de New York complètement vide, la véritable chasse au gibier en plein cœur de la ville, ou encore les scènes de nuit retraçant la mise en quarantaine de la ville présentée en flash-back. Visuellement, il s'agit d'un très bon film qui se démarque par l'exclusivité d'une ville de New-York vidée de sa population. Seuls les lions peuvent apparaître quelque peu voir trop informatisés. Mais l'ensemble est vraiment digne d'un très bon Blu-Ray Disc.

Côté son, on y retrouve une piste originale en version TrueHD 5.1. Heureusement, cette édition américaine inclut une piste québécoise sans aucun accent démesuré. Celle-ci est présentée en Dolby Digital 5.1. Beaucoup d'effets sonores sont à remarquer sur cette édition. L'ambiance désertique est parfaitement retranscrite sur le plan audio, avec l'ajout d'effets surround contextuels omniprésents. Les scènes d'action sont aussi très bien retranscrites, qu'il s'agisse des passages de poursuite en voiture avec les infectés ou encore des explosions. L'echo des tirs du M4 de Neville en plein cœur de la ville désertique nous plonge dans ce désert urbain des plus paradoxal. En somme, de bonne augure pour la prochaine édition française attendue le 19 juin.

Seul regret peut-être pour cette édition. L'absence de piste française sur la version alternative du film. Quoiqu'il en soit, on applaudit l'idée d'avoir intégré sur un seul disque deux versions bien différentes de l'œuvre de Lawrence.

Bonus et Conclusion


Ce Blu-Ray excelle également par ses suppléments. Déjà, le film est présenté dans sa version cinéma et alternative avec, littéralement parlant : une nouvelle fin. Mais cette édition présente également de nombreux suppléments qui raviront les fans de Will Smith. Dans un premier temps, un documentaire nous est présenté : il est nommé La science de Je suis Une Légende. D'une durée approximative de 20 minutes, ce documentaire présenté en haute définition nous fournit des informations précises en ce qui concerne le cœur de l'intrigue : les virus. On y retrouve des témoignages de nombreux chercheurs émérites portant à la fois sur une perspective historique des virus, le rôle des vaccins, le cas d'étude du SIDA et les prochaines menaces avec la mise en exergue de la grippe aviaire alias H5N1.

Ensuite, un véritable Making-Of nous est proposé. Celui-ci est découpé en un ensemble de featurettes portant sur des éléments précis, à l'exemple du tournage sur la cinquième avenue, l'histoire, l'entraînement de Will Smith, les effets spéciaux. Tous les principaux éléments sont retracés. On y note de nombreux témoignages des acteurs, réalisateur et de l'écrivain Matheson.

Certes certaines featurettes, si vues individuellement apparaissent sans véritable intérêt. Le tout est donc à regarder d'une seule traite. Dommage également que le making off nous soit proposé en définition standard. Dans l'ensemble toutefois, ce dernier se révèle très complet puisqu'on y découvre de nombreux éléments : idées scénaristiques (conserver les éléments fondamentaux du livre avec des changements drastiques, foi vs science), témoignages du tournage (choix stratégique de New York, Participation de l'armée, rôle d'Abby (berger allemand)), aux éléments plus techniques (cascades, prises de vue intra-véhicule…).

Enfin, quatre bandes dessinées animées sont présentées en haute définition reprenant des thématiques proches du film à l'exemple « Le don de la mort », « Isolement », « Se sacrifier pour les autres » ou encore « Refuge ».

Dans l'ensemble, cette édition Blu-Ray Disc reste une vraie réussite à la fois d'un point de vue technique, qu'en regard aux suppléments interactifs. La qualité du transfert permet à ce Blu-Ray Disc de se ranger aux côtés des éditions les plus remarquées du moment.