Test 4K Ultra HD Blu-ray : Sinners (2025)

Publié le par la Rédaction



 

Synopsis

Dans le Mississippi des années 1930, les jumeaux Elijah et Elias Moore reviennent de Chicago, où ils ont trempé dans le crime, pour s’installer dans leur ville natale et y ouvrir un juke joint. Mais leur retour est rapidement bouleversé par des événements surnaturels : un mal ancien rôde dans les rues et transforme les nuits en cauchemars. Entre horreur et sensualité, musique et violence, les Moore devront affronter cette menace tout en confrontant leur passé et en luttant pour la survie de leur communauté, dans un Sud à la fois envoûtant et impitoyable.

 

 

NB : Les comparatifs image (compression .jpg, 8-bit) sont strictement à usage illustratif et sont non représentatifs de ce que l'Ultra HD Blu-ray diffusera sur votre écran UHD HDR calibré.

 

Afin de mettre en évidence l'utilisation concrète du Wide Color Gamut (WCG) sur cette édition (voir tutoriel ici), les pixels qui se situent dans la gamme standard/BT.709 (confinés à l'intérieur du petit triangle REC.709) vous sont présentés ici entièrement désaturés. A l'inverse, ceux faisant partie de la gamme élargie BT.2020, exclusive au disque 4K Ultra HD Blu-ray (qui s'étendent à l'extérieur du petit triangle REC.709) vous sont présentés en couleur :

 

🔥🥵👗 "Si tu pactises avec le diable, un jour, il te suivra chez toi."

Dans Sinners (2025), Ryan Coogler orchestre une incantation où le Deep South se transforme en territoire à la fois sensuel et cauchemardesque. Les jumeaux Moore, en quête de rédemption et d’émancipation, reviennent ouvrir un juke joint et se heurtent à un mal surnaturel qui transforme la nuit du Mississippi en théâtre de peur. Saturé de blues et de culture afro-américaine, chaque plan pulse au rythme et à la chaleur du Delta, avec une direction musicale et sensorielle qui aimante le regard. Mais cette ivresse se heurte à un rythme d’ouverture très étiré et à un récit qui se disperse quand l’horreur s’emballe, laissant parfois la cohérence vacillante. Un final aux accents multiples achèvera de diviser.

Qualité Vidéo

Revenons sur le cas Sinners (2025), dont la direction photo, signée Autumn Durald Arkapaw, s’impose comme une déclaration d’amour au support argentique. La captation a mobilisé la crème de la technologie : du 65mm à 5 perforations avec des optiques anamorphiques, et le monumental 65mm à 15 perforations grâce aux caméras IMAX (celles-là même qui sont chères à Christopher Nolan). Le tout a ensuite été scanné et finalisé via un intermédiaire numérique 4K. Sur cette édition UHD, le film nous parvient en 2160p avec un duo HDR10 et Dolby Vision (profil DV-MEL sous 10-bit).

Au-delà de sa génétique argentique prestigieuse, Sinners (2025) impose un langage visuel singulier par l’usage de ratios variables. L’alternance entre le scope anamorphique 2.76:1 et le plein cadre 1.78:1 peut surprendre par sa radicalité, mais elle répond à une logique narrative. Ce qui frappe aussi l’œil aguerri, c’est le piqué affuté de cette présentation et le gain de définition par rapport au Blu-ray 1080p. La précision n'est pas de même nature. Trame des tissus, texture des épidermes marqués par le soleil du Sud, micro-détails des décors… tout est restitué avec bien plus de finesse. La magie du 65 mm opère pleinement : le grain photochimique, fin et organique, s’intègre parfaitement à l’image, lui conférant une matérialité précieuse. Tout cela sans jamais devenir intrusif à l'écran.

S’agissant de l’étalonnage HDR, il se pourrait que certains restent sur leur faim. La proximité avec la version SDR du Blu-ray est frappante. La palette colorimétrique reste dominée par des tons terreux, des bruns pâles, des blancs cassés et des bleus délavés qui ancrent le récit dans une réalité historique. Mais les séquences de cabaret sortent du lot. Là, l’image bascule dans un univers bien plus incandescent, baigné de teintes ambrées et dorées à la chaleur suffocante. C’est dans ces moments que le gamut étendu (DCI-P3) est exploité avec plus d’évidence, offrant un contraste avec le reste du long-métrage.

En HDR, les vampires doivent-ils craindre les hautes lumières ? Pas vraiment : ici, les éclats lumineux restent dociles, plafonnés sous les 260 nits. Même le soleil, aux rayons impitoyables, se fait discret. Ironie cruelle d’une approche conservatrice, si sage qu’elle en devient presque polie. Même les éléments incandescents et les reflets solaires échouent à produire le moindre éblouissement transcendant. En contrepartie, les ombres gardent une densité bien palpable, fidèle à l’intention d’Arkapaw de maintenir une image lourde et épaisse. Cela reste une superbe présentation.

 

Test 4K Ultra HD Blu-ray : Sinners (2025)

Test 4K Ultra HD Blu-ray : Sinners (2025)

 

Qualité Audio

Le terme "immersif" est souvent galvaudé, mais il retrouve tout son sens pour qualifier la piste Dolby Atmos de Sinners (2025). Dès les premières minutes, l’expérience est engageante : le spectateur est placé au centre d’une bulle sonore riche, cohérente et subtilement orchestrée. Placement et directivité impressionnent. Les dialogues hors-champ se matérialisent avec une localisation fine dans les canaux latéraux et arrières. Les ambiances naturelles — le chant des cigales suivi des grillons — transportent immédiatement dans le Mississippi des années 30, tandis que chaque bruit de fond, du plancher grinçant aux portes qui claquent dans les maisons de bois, semble soigneusement placé pour renforcer l’immersion.

Mais ce qui distingue réellement ce mixage supervisé chez Skywalker Sound, c’est l’exploitation des canaux de hauteur. Loin de se limiter à de simples effets d’ambiance, la verticalité devient un élément central de l’expérience. On la ressent avec intensité dans la chorégraphie des danseurs et les prestations des musiciens : leurs mouvements tourbillonnent autour du point d’écoute, s’animent avec fluidité, et donnent cette impression immédiate de vertige... presque de transcendance. Les séquences musicales représentent le sommet de cette maîtrise. Instruments, choeurs, exclamations de la foule enveloppent l’auditeur, créant l’effet d’un gigantesque jukebox vivant et animé. Les notes tournent autour de l’auditeur, restituant la vitalité, l’incandescence et le souffle du blues qui imprègne la région.

Mention spéciale aux efforts déployés pour restituer l’acoustique des lieux traversés, ainsi qu’à la voix off d’Annie, travaillée comme une aura irréelle planant au-dessus du point d’écoute. Plusieurs passages clés vous sont reproduits en binaural dans notre vidéo jointe, avec - petite nouveauté - une représentation visuelle des objets en "Atmos Viewer". Un futur article examinera plus en détail la portée et surtout les limites de ces représentations. On les intégrera à nos vidéos en fonction de leur pertinence.

VO et VF sont restituées en Dolby Atmos, core TrueHD 7.1 (3248 kb/s & 3301 kbps, sous 16-bit). L'indicateur de Loudness Range a été mesuré en VO à 19.3 LU.

 

Test 4K Ultra HD Blu-ray : Sinners (2025)

Test 4K Ultra HD Blu-ray : Sinners (2025)

 
 

Bonus

- Danser avec le diable : le making of de Sinners
- Le Blues dans la nuit : la musique de Sinners
- Les liens du sang : interpréter des jumeaux
- Les esprits du Sud
- Représenter le péché : les effets spéciaux des créatures de Sinners
- Scènes coupées

Conclusion

Avec une captation en 65 mm et IMAX, et un mixage conçu dès l’origine en Dolby Atmos par les talentueux magiciens de Skywalker Sound, Sinners (2025) illustre parfaitement ces grandes productions pour lesquelles le format 4K Ultra HD Blu-ray apporte une réelle plus-value. L’impact est particulièrement sensible sur le plan de la définition, moins sur le registre HDR compte tenu de l'approche adoptée. Mais les pistes Dolby Atmos, amples et immersives, raviront assurément les home-cinéphiles les mieux équipés.