Test 4K Ultra HD Blu-ray : Lawrence d'Arabie (1962)

Publié le par la Rédaction



 

Synopsis

En 1916, un jeune officier britannique est chargé d'enquêter sur les révoltes arabes contre l'occupant turc. Plus tard surnommé "Lawrence d'Arabie", il se range du côté des insurgés et, dans les dunes éternelles du désert, organise une guérilla.

 

 

NB : Les comparatifs image (compression .jpg, 8-bit) sont strictement à usage illustratif et sont non représentatifs de ce que l'Ultra HD Blu-ray diffusera sur votre écran UHD HDR calibré.

 

Afin de mettre en évidence l'utilisation concrète du Wide Color Gamut (WCG) sur cette édition (voir tutoriel ici), les pixels qui se situent dans la gamme standard/BT.709 (confinés à l'intérieur du petit triangle REC.709) vous sont présentés ici entièrement désaturés. A l'inverse, ceux faisant partie de la gamme élargie BT.2020, exclusive au disque 4K Ultra HD Blu-ray (qui s'étendent à l'extérieur du petit triangle REC.709) vous sont présentés en couleur :

 

🏜️🏴󠁧󠁢󠁥󠁮󠁧󠁿 « Les Anglais ont faim de grands espaces. Je crains qu'ils ne dévorent l'Arabie. »

Plongée dans l’immensité du désert, Lawrence d’Arabie (1962) est bien plus qu’un simple film : c’est une épopée qui a défié le temps et le cinéma lui-même. Réalisé par David Lean, ce chef-d’œuvre retrace l’histoire fascinante de T.E. Lawrence, officier britannique devenu figure mythique de la révolte arabe. À travers des paysages monumentaux, David Lean transforme le cadre naturel en un véritable langage cinématographique, où le paysage et l’homme se répondent et où chaque image porte une charge émotionnelle.

Tourné en 65 mm, Lawrence d’Arabie offre une profondeur et une clarté exceptionnelles, transformant chaque panorama en une véritable peinture vivante. Les vastes horizons, les silhouettes humaines perdues dans l’infini du désert et la lumière changeante du jour créent une expérience visuelle qui dépasse la simple narration historique. Porté par la musique lyrique de Maurice Jarre et la présence magnétique de Peter O’Toole, le film a toujours su imposer, dès ses premières images, une empreinte mythique, ancrée dans la mémoire des cinéphiles et admirée de génération en génération.

Qualité Vidéo

Chef d'œuvre de David Lean, porté par une somptueuse photographie signée Freddie Young, Lawrence d'Arabie (1962), a été tourné sur pellicule 65mm à l'aide de caméras Mitchell BFC et FC équipées d'optiques Super Panavision 70. Le tournant pour l'ère numérique a eu lieu en 2012, lorsque Sony a entrepris une restauration monumentale : un scan 8K du négatif original 65 mm qui a abouti à un intermédiaire numérique 4K. C'est cette source d'exception qui avait servi de base à l'édition Blu-ray parue en 2012. Et sans surprise, cette même source a été remobilisée pour cette édition 4K Ultra HD Blu-ray. Celle-ci est initialement parue en 2020 aux USA (dans le cadre du coffret Columbia Classics). Et elle est enfin disponible en France depuis septembre 2025. Précisons que le film est réparti sur deux disques 4K Ultra HD Blu-ray (BD-100 pour la première partie, et BD-66 pour la seconde). On y retrouve une présentation en 2160p, ratio 2.20 respecté avec les options HDR10 et Dolby Vision (DV-MEL, sous 10-bit).,

Les détenteurs de l’édition Blu-ray de 2012 se souviennent encore de sa qualité exceptionnelle, classée parmi les expériences les plus marquantes du format Blu-ray, aux côtés du bouleversant Baraka de Ron Fricke. Le potentiel de définition inégalé du 65mm, couplé au scan 8K et à un travail de restauration d'orfèvre pour l'époque, offrait des résultats déjà fabuleux à l'écran. Mais avec deux limitations notables. La première : une compression vidéo largement contrainte par la présence de l'intégralité du film (3h47) sur un seul et même disque BD-50, résultant en un bitrate vidéo moyen de seulement 22 Mbps en MPEG-4. La seconde : un étalonnage limité à une plage dynamique standard.

C'est sur ce premier registre que cette édition 4K établit d'évidentes différences. En mobilisant deux disques, le bitrate de compression, ici en HEVC, devient bien plus avantageux (mesuré par nos soins à 57.7 Mbps en moyenne agrégée). L’effet est pleinement perceptible à l’écran, malgré un apport en définition qui ne transforme pas radicalement l’expérience par rapport au Blu-ray précédent. La retranscription du grain 65 mm, plus perceptible que sur le Blu-ray, gagne en fermeté. Et la restitution des détails s’affirme quelque peu : fenêtres ouvertes sur le désert, textures minérales, vastes étendues et sable en mouvement… Ce qui affichait déjà une netteté redoutable par le passé bénéficie ici d’une assise encore supérieure. Les pores de la peau, le détail des costumes, les grains de sable collés à l'épiderme : tout est palpable. Chaque plan, composé avec l’instinct d’un chef opérateur inspiré, absorbe le spectateur jusqu’à lui faire ressentir l’ivresse des immensités et l’oppression ardente du désert.

Comme souvent, c’est l’étalonnage HDR qui signe la mise à niveau la plus spectaculaire. Sans jamais céder à la surenchère (avec une moyenne de pics lumineux mesurée à 406 nits), il n’impressionne pas par la force brute, mais par la justesse. L’image retrouve enfin la luminosité et l’éclat indispensables pour que les nombreuses scènes diurnes en extérieur puissent pleinement se révéler. Les reflets métalliques et les vastes étendues de sable gagnent en intensité et en crédibilité : le désert semble irradier une énergie solaire plus brute, tandis que les mirages et ondulations de chaleur se font presque tangibles. La lumière caresse également les costumes, leur conférant un éclat inédit. Les robes blanches de Lawrence, plus crémeuses sur le Blu-ray de 2012, s’affichent désormais d’un blanc plus pur et réaliste. Et grâce au gamut DCI-P3, la palette de couleurs s'offre d'incontestables nuances : parmi tant d'exemples possibles, les levers de soleil, les ciels d'un bleu d’une profondeur nouvelle, et les touches de rouges (drapeaux et étendards).

Cette présentation est-elle absolument parfaite ? Non. Elle n'est pas exempte de faiblesses, qui semblent surtout être héritées du master de 2012, de négatifs 65mm d'époque partiellement endommagés, et d'une compression HEVC encore perfectible par endroits. On note quelques zones de grain figé à l'horizon et une certaine instabilité compressive dans les ciels sur certains passages, y compris lors de la séquence iconique de l'apparition d'Omar Sharif. Face à de tels plans, difficile de ne pas s’interroger : des efforts de restauration plus récents, couplés à des débits de compression encore plus élevés, auraient-ils pu offrir un résultat supérieur ? A consulter en 2160p HDR sur vos systèmes, notre vidéo comparative vous apportera quelques illustrations concrètes de l'ensemble de nos impressions.

 

Test 4K Ultra HD Blu-ray : Lawrence d'Arabie (1962)

Test 4K Ultra HD Blu-ray : Lawrence d'Arabie (1962)

 

Qualité Audio

Lawrence d'Arabie (1962) s'offre une version originale remixée au format Dolby Atmos mais Sony Pictures propose également le précédent mixage en 5.1 canaux en DTS-HD Master Audio. Chacun trouvera satisfaction, en fonction de la nature de son installation. Toujours est-il que le remixage Atmos offre une touche de modernité à l'expérience. Le registre grave est généreux et apporte du poids aux scènes les plus animées à l'écran : la scène inaugurale de l'accident de moto, les scènes de combat aérien, et l'explosion du train en font partie. La dimension verticale est pleinement exploitée, qu’il s’agisse des ambiances subtiles (le vent parcourant les dunes) ou des effets marquants : premières apparitions de l’avion turc, attaque aérienne contre les troupes bédouines, tempête et sables mouvants, ou clameurs de la foule lors des scènes de grands rassemblements. Les résonances des tirs, s’étendant vers les canaux supérieurs, renforcent encore la perception de profondeur et d’ampleur. Et la musique inoubliable de Maurice Jarre se déploie elle-aussi avec une dimension aérienne supplémentaire. Quelques exemples marquants, principalement tirés de la première partie du film, sont à retrouver dans notre vidéo jointe en reproduction binaurale. La VF reste en Dolby Digital 5.1 (640 kbps) comme sur le précédent disque Blu-ray de 2012.

La VO est restituée en Dolby Atmos, core TrueHD 7.1 (3348 & 3376 kb/s, disques 1 & 2, sous 16-bit). L'indicateur de Loudness Range a été mesuré à 22.6 LU sur la version originale.

 

Test 4K Ultra HD Blu-ray : Lawrence d'Arabie (1962)

Test 4K Ultra HD Blu-ray : Lawrence d'Arabie (1962)

 
 

Bonus

- 2 disques UHD + Blu-ray + Blu-ray (bonus)
- Prologue international inutilisé (UHD)
- Tourner Lawrence d'Arabie
- Peter O'Toole revisite Lawrence d'Arabie
- L'attrait du désert, Martin Scorsese parle de Lawrence d'Arabie
- Steven Spielberg parle de Lawrence d'Arabie
- Sydney Pollack parle de Lawrence d'Arabie
- Maan, Jordanie : le casting des chameaux
- Le Roi Hussein visite le plateau de tournage
- Vent, sable et étoile : la création d'un classique
-  Avant-première du film à New-York
- Scènes additionnelles inédites présentées par Anne V. Coates
- Bande-annonce

Conclusion

En l’état, le verdict est sans appel : comparé au précédent Blu-ray, l’upgrade est bien présent, principalement grâce à l’amélioration de la compression et au grading HDR. Quel plaisir de redécouvrir cette photographie d’époque, toujours aussi saisissante en home-cinéma et aujourd’hui sublimée par la mobilisation d'une plage dynamique étendue. Dommage que l'édition soit en rupture de stock un peu partout : Sony Pictures devrait vraiment faire l’effort de la rendre à nouveau disponible, pour le bien et le respect de la communauté home-cinéphile.