Test 4K Ultra HD Blu-ray : Dar l'Invincible (1982)

Publié le par la Rédaction



 

Synopsis

Les aventures et les exploits de Dar, surnommé "l'Invincible", parce qu'il possède le pouvoir de commander les bêtes et qu'il est accompagné dans sa quête par une panthère noire et un aigle qui le protège tous deux.

 

 

NB : Les comparatifs image (compression .jpg, 8-bit) sont strictement à usage illustratif et sont non représentatifs de ce que l'Ultra HD Blu-ray diffusera sur votre écran UHD HDR calibré.

 

Afin de mettre en évidence l'utilisation concrète du Wide Color Gamut (WCG) sur cette édition (voir tutoriel ici), les pixels qui se situent dans la gamme standard/BT.709 (confinés à l'intérieur du petit triangle REC.709) vous sont présentés ici entièrement désaturés. A l'inverse, ceux faisant partie de la gamme élargie BT.2020, exclusive au disque 4K Ultra HD Blu-ray (qui s'étendent à l'extérieur du petit triangle REC.709) vous sont présentés en couleur :

 

🦅⚔️ « Tu mourras des mains du futur fils de Zed »

Il fut longtemps l’outsider d’un genre en pleine effervescence. À sa sortie en 1982, Dar l’Invincible (The Beastmaster) de Don Coscarelli a souffert de l’ombre titanesque projetée par Conan le Barbare. Mais, telle une épée forgée dans le feu des années 80, le film a résisté au temps. Et au fil des décennies, il s’est imposé comme une relique sacrée pour les amateurs d'Heroic Fantasy.

L’histoire suit Dar, guerrier au destin brisé, marqué dès sa naissance par un rituel occulte, et doté d’un don chamanique : parler aux animaux et partager leur regard. Aux côtés d’un faucon qui veille depuis les cieux, de deux furets chapardeurs et d’un tigre aussi redoutable que fidèle, il arpente un monde de ruines, de sortilèges et de trahisons, brandissant son glaive contre le maléfique Maax, sorcier assoiffé de pouvoir et prêtre d’un culte macabre.

Quarante ans plus tard, le film n’est plus une curiosité oubliée. Il est devenu une relique de l’heroic fantasy, un récit aux parfums d’encens et de poussière, célébré pour sa force animiste et sa manière d’ériger la nature en oracle, grande guide et alliée du héros.

Qualité Vidéo

Derrière la caméra 35mm de Dar l'Invincible, on retrouve une véritable légende : le directeur de la photographie John Alcott. Son nom seul suffit à faire frémir tout cinéphile qui se respecte, tant son travail sur les films de Stanley Kubrick (Barry Lyndon) a marqué durablement les esprits. Le défi de cette restauration 4K était considérable : restituer l’éclat de cette photographie unique tout en surmontant un obstacle majeur : la perte du négatif original 35 mm. Superviseur du projet en 2020, Vinegar Syndrome a dû s’appuyer sur le meilleur élément disponible : un interpositif 35 mm. ESC Éditions réhabilite ce master 4K issu du scan de cet interpositif, à la fois pour les versions Blu-ray et 4K Ultra HD Blu-ray. Sur ce dernier, le film est restitué en 2160p, ratio 1.85:1, avec l'unique option HDR10.

Il convient de le souligner d’emblée : ce transfert n’est pas exempt d’imperfections, parmi lesquelles figurent quelques défauts résiduels, tels que des rayures notables et des marques d’usure du négatif. Autant d’artefacts qui, avec un travail de restauration plus poussé, auraient pu être atténués, voire supprimés. Plus acceptables, en revanche, sont les fluctuations du niveau de définition : elles relèvent davantage des caractéristiques de l’élément source et des contraintes optiques inhérentes aux procédés de l’époque.

Malgré les réserves évoquées, l’évaluation d’ensemble reste très favorable. Comparée au précédent DVD anglo-saxon — longtemps considéré comme l’édition de référence — la différence qualitative est nette et se passerait même de tout commentaire. Le gain en définition s’apprécie aussi bien sur les gros plans que sur les plans d’ensemble, offrant une lisibilité accrue de l’image à tous les niveaux. Issu du même master, le disque 4K Ultra HD Blu-ray se distingue aussi par une restitution du grain argentique encore plus exigeante que sur le disque Blu-ray qui accompagne cette édition. Si la structure du grain reste variable, elle apparaît globalement plus dense et s’approprie les atouts d’une compression HEVC plus rigoureuse encore. Loin de toute forme de lissage numérique, l’image conserve ses textures brutes. Cela sert pleinement le propos du film.

L'étalonnage a été entièrement revu et corrigé, certes. Mais il faut insister aujourd'hui sur la présence de deux propositions radicalement différentes entre la version étalonnée en SDR et celle en HDR. L'étalonnage HDR, pour le dire sans détour, est aussi musclé et affirmé que la carrure de son protagoniste. Nous sommes face à une approche bien plus solaire et qui ne fait pas dans la demi-mesure. Une version qui exploite avec une énergie considérable les capacités de la plage dynamique étendue et du gamut élargi. Les pics lumineux sont poussés avec une intensité remarquable et une moyenne mesurée à 628 nits. Concrètement, les flammes des torches percent davantage l'obscurité, les éclats spéculaires sur les lames et les armures acquièrent un brillant métallique saisissant, et les ciels diurnes s'affichent eux-mêmes dans une clarté bien plus éclatante. Cette approche est couplée à une exploitation relativement généreuse du Wide Gamut. La palette s'en trouve transfigurée, offrant une version de l'œuvre beaucoup plus dynamique, et incontestablement plus richement saturée. Les rouges étouffants, les bleus transcendants (les yeux de Tanya Roberts) et les ocres de la terre s’en trouvent enrichis. Le revers de cette approche se manifeste par des dérives magentas et un rendu des teintes chair qui, à plusieurs reprises, apparaissent saturées de manière excessive, trahissant un parti pris bien trop appuyé à notre goût.

 

Test 4K Ultra HD Blu-ray : Dar l'Invincible (1982)

Test 4K Ultra HD Blu-ray : Dar l'Invincible (1982)

 

Qualité Audio

La version originale est présentée en DTS-HD Master Audio 5.1 et 2.0. Traditionnellement, l'approche puriste privilégierait la piste stéréo afin de préserver l'expérience sonore originale du film. Cependant, l'intégration du mix 5.1 s’avère une addition particulièrement bienvenue et mérite toute votre attention. Loin d’être surtraité ou d’ajouter artificiellement de nouveaux effets pour forcer l’immersion, ce mixage vient améliorer subtilement la spatialisation des éléments existants. Le résultat est une présentation plus immersive, où l’élargissement de la scène sonore se fait sentir sans jamais dénaturer l’expérience. Dès l'entame du film, la représentation sonore des sorcières est particulièrement glaçante et efficace : leurs ricanements étranges et leurs voix distordues sont magnifiés par ce mixage 5.1. Plus tard, la première grande scène d’action — l’attaque du village — illustre à son tour cette approche : cris et hurlements des assaillants et des villageois se mêlent dans un chaos sonore contrôlé. On est évidemment loin de rivaliser avec les productions les plus récentes en termes de complexité ou de spectaculaire, mais l'expérience reste acceptable et gratifiante. Mention évidemment spéciale à la véritable star de cette présentation audio : l’inoubliable partition orchestrale de Lee Holdridge, qui retiendra votre attention.

Sur ce titre, la VF reste proposée en DTS-HD Master Audio 2.0 (2043 kbps, 24-bit). En VO 5.1 (3659 kbps, sous 24-bit), l'indicateur de Loudness Range (LRA) a été mesuré à 16.5 LU.

 

Test 4K Ultra HD Blu-ray : Dar l'Invincible (1982)

Test 4K Ultra HD Blu-ray : Dar l'Invincible (1982)

 
 

Bonus

- Commentaire audio du réalisateur, Don Coscarelli, et du co-scénariste et producteur Paul Pepperman/Introduction du film par Antoine Desrues
- « Les Chroniques de Dar L’Invincible » : documentaire rétrospectif inédit (84 min)
- Bande-annonce d’époque

Conclusion

Jusqu’alors inédit en vidéo disque en France, Dar l’Invincible (1985) retrouve enfin ses lettres de noblesse grâce à une édition 4K Ultra HD Blu-ray longtemps espérée. L’attente aura été longue, mais ce retour en force s’accompagne d’une véritable redécouverte, tant sur le plan visuel que sonore. Certes, la perfection n’est pas de ce monde : le transfert, issu d’un interpositif 35 mm, conserve par endroits quelques fragilités et cicatrices d’époque. Et la vision sur-vitaminée de la version HDR peut soulever quelques débats. Mais ces imperfections, loin de nuire à l’expérience, participent presque à son charme, rappelant la matière organique et le caractère artisanal du cinéma des années 1980.