Test 4K Ultra HD Blu-ray : The Creator (2023)

Publié le par la Rédaction



 

Synopsis

Alors qu'une future guerre entre la race humaine et l'intelligence artificielle fait rage, l'ancien agent des forces spéciales Joshua est recruté pour traquer et tuer le Créateur, l'insaisissable architecte de l'IA avancée. Le Créateur a développé une arme mystérieuse qui a le pouvoir de mettre fin à la guerre et à l'humanité entière.

Test effectué depuis l'édition import (USA) bénéficiant d'une VFF Dolby Digital Plus 7.1 et dont le contenu sera similaire à l'édition française du 7 février 2024.

 

NB : Les comparatifs image (compression .jpg, 8-bit) sont strictement à usage illustratif et sont non représentatifs de ce que l'Ultra HD Blu-ray diffusera sur votre écran UHD HDR calibré.

 

Afin de mettre en évidence l'utilisation concrète du Wide Color Gamut (WCG) sur cette édition (voir tutoriel ici), les pixels qui se situent dans la gamme standard/BT.709 (confinés à l'intérieur du petit triangle REC.709) vous sont présentés ici entièrement désaturés. A l'inverse, ceux faisant partie de la gamme élargie BT.2020, exclusive au disque 4K Ultra HD Blu-ray (qui s'étendent à l'extérieur du petit triangle REC.709) vous sont présentés en couleur :

 

Qualité Vidéo

Tournage atypique avec des Sony FX3

Dans le cadre de la production cinématographique de The Creator (2023), réalisé par Gareth Edwards, une décision remarquable fut prise concernant l'équipement de capture visuelle : l'adoption de la caméra Sony FX3 pour la photographie principale. Cette sélection ne fut pas motivée par des considérations financières, mais plutôt par un désir délibéré de forger une esthétique singulière et surtout d'optimiser la flexibilité opérationnelle durant le tournage principalement réalisé en Thaïlande. La caractéristique compacte de la Sony FX3 a permis une approche de prise de vue dite "guérilla", alignée avec la vision créative et spontanée du réalisateur. Elle conserve une qualité d'image rivalisant avec des caméras de cinéma haut de gamme, avec une capacité à filmer à des sensibilités élevées tout en conservant une plage dynamique étendue. Ceci dit, le buzz suscité par l'utilisation d'une caméra dont le prix de vente est inférieur à 4000 dollars souligne surtout un principe fondamental : c'est que la seule caméra ne fait pas tout. Et elle n'est même pas l'élément le plus essentiel pour créer des images originales. The Creator (2023) illustre cette réalité en mettant en lumière l'importance de la maîtrise de l'éclairage, des effets visuels (VFX), de l'étalonnage des couleurs méticuleux, ainsi que des différents hommages cinématographiques. Ces composantes, alliées à une vision artistique profonde, concourent à l'élaboration d'une œuvre à la fois authentique et visuellement saisissante. Et c'est là l'occasion de rappeler qu'au-delà de l'empreinte technique, l'essence de la cinématographie réside davantage dans l'inspiration, le savoir-faire et l'innovation de ceux qui œuvrent derrière l'objectif, bien plus que dans les seules caractéristiques techniques de la caméra exploitée. Dans tous les cas, ce film, au master intermédiaire 4K, très original visuellement, nous est présenté aujourd'hui dans une version 2160p, ratio 2.76:1 avec l'unique option HDR10.

Une signature très vintage

The Creator (2023) établit un jalon distinctif dans l'univers cinématographique en récusant l'esthétique typique des blockbusters modernes qui tendent à privilégier une finition ultra-définie et une texture numérique épurée. En contraste flagrant avec cette tendance, The Creator embrasse une esthétique visuelle délibérément imparfaite, imprégnée d'une forte identité et d'une signature vintage. L'œuvre s'inspire d'emblématiques films du passé, tels "Apocalypse Now" avec ses séquences évocatrices de jungle et de conflit, "Alien" pour son ambiance de science-fiction avant-gardiste, et "Blade Runner" pour ses paysages urbains nocturnes. Ces influences cinématographiques majeures ont été méticuleusement intégrées pour façonner l'esthétique et l'atmosphère particulière du film, tout en lui conférant une identité visuelle qui lui est propre. La production a majoritairement utilisé un objectif anamorphique Kowa (Cine Prominar 75 mm), conçu au Japon dans les années 1970, mobilisé pour 95% des plans du film. Cet objectif, caractérisé par ses attributs vintage tels qu'une distorsion prononcée, un bokeh allongé et des lens-flares attrayants, contribue à la signature visuelle unique de l'œuvre. Les caractères organiques de l'image ont été encore renforcés en post-production par l'ajout d'un grain numérique - plus ou moins épais selon les séquences - simulant l'aspect du 35mm, sur la base des outils d'émulation de film exclusifs de FotoKem. Et le choix d'un format d'image ultra-large atypique de 2.76:1 - à la "Ben-Hur" - vient certainement enfoncer le clou de cette approche.

Définition, Wide Color Gamut et étalonnage HDR

L'édition 4K Ultra HD Blu-ray s'avère être une option privilégiée pour une expérience de visionnage optimale. Bien que l'amélioration de la définition par rapport à la version standard Blu-ray puisse paraître nuancée de prime abord, la version UHD excelle à restituer la texture 35mm ajoutée numériquement lors de la post-production. Les spectateurs peuvent ainsi bénéficier d'une image au grain plus précis et plus dense. Il convient également de noter que la qualité de compression joue un rôle crucial dans la présentation. Ceci dit, le fait que Disney ait choisi de limiter le stockage à un disque UHD de 66 Go se traduit par des débits de compression qui peuvent être considérés comme modestes dans le contexte actuel, avec un bitrate moyen de 45 278 kbps.

The Creator (2023) se distingue par un étalonnage des couleurs méticuleux, qui puise son inspiration dans des pellicules emblématiques d'époque, aboutissant à une image visuellement riche et aux contrastes prononcés. La conception de l'étalonnage a démarré avec l'utilisation expérimentale d'une "LUT à 5 dollars" acquise sur internet, qui imitait l'esthétique des films des années 1970. Bien que cette première ébauche ait eu son charme auprès de l'équipe créative, elle s'est avérée inadaptée pour le niveau de sophistication requis dans ce projet mais a servi de tremplin pour développer un style résolument rétro et plus abouti. Les nuances les plus saisissantes du film, mélant des touches d'orange et de bleu, sont déployées pour générer un contraste visuel qui amplifie l'impact émotionnel des séquences. Les couleurs s'harmonisent ensuite avec les environnements naturels de Thaïlande, tels que les scènes nocturnes ou les paysages verdoyants, laissant la nature dicter quelque peu la palette colorimétrique, pour plus de crédibilité. L'apport du Wide Color Gamut (ici P3) peut sembler relativement modeste. Néanmoins, bien que l'essentiel des couleurs demeure dans l'espace colorimétrique REC.709, le film contient des éléments ponctuels qui s'étendent au-delà de ce gamut, particulièrement pour intensifier la dynamique des couleurs complémentaires, avec des touches d'orange et de bleu.

Là où les différences se veulent plus radicales : l'exploitation de la plage dynamique étendue. Puisant son inspiration dans les travaux de Jordan Cronenweth dans "Blade Runner", le film capitalise sur l'utilisation d'ombres prononcées, éléments clés pour instaurer une atmosphère de tension et de mystère qui s'étend à travers le récit. Les noirs sont quelque peu grisonnants, mais le High Dynamic Range intensifie l'ampleur des contrastes, en élargissant le spectre entre les noirs et les pics de luminosité. On gagne en détails significatifs dans les hautes lumières, comme en témoignent les plans des mégalopoles où les néons vifs s'expriment et où des éléments graphiques se détachent avec plus de lisibilité et sans phénomène de brûlure dans les hautes lumières. La luminosité des rayons lasers et des hologrammes est également exacerbée, tout comme l'éclat des rayons bleus du NOMAD, qui prennent ici une intensité accrue dès les premiers instants du film. Cette version HDR renforce l'impact visuel des éléments lumineux comme les écrans, les tableaux de bord et autres dispositifs électroniques, accentuant ainsi l'impression de sophistication technologique de ce monde futuriste. De plus, les véhicules, qu'ils soient destinés à la circulation terrestre ou spatiale, sont pourvus de phares et d'éléments de propulsion qui transcendent leur fonction première pour devenir de véritables éléments de mise en scène. Les mesures techniques du HDR sur cette production, avec un maxCLL atteignant 912 nits et une moyenne de pics de luminosité mesurée à 315 nits, témoignent d'une utilisation moderne de la plage dynamique, offrant une plus-value certaine à cette édition 4K UHD Blu-ray.

 

Test 4K Ultra HD Blu-ray : 
The Creator

Test 4K Ultra HD Blu-ray : The Creator

 

Qualité Audio

The Creator (2023) bénéficie d'un mixage Dolby Atmos (core Dolby TrueHD 7.1, 5200 kbps de moyenne, sous 24-bit) particulièrement créatif et engageant. La signature sonore des robots IA et des véhicules futuristes mérite d'emblée une mention spéciale. Le mélange astucieux de sons mécaniques et d'éléments synthétiques forge une identité rapidement remarquable. L'espace sonore, manipulé avec une minutie quasi chirurgicale, plonge le spectateur au cœur de nombreuses scènes d'action, et la violence des séquences les plus percutantes reste à souligner. Les moments de bravoure sont ponctués par des déplacements de vaisseaux spatiaux qui traversent la scène sonore avec une présence qui confère une dimension spectaculaire au mixage. La vastitude de l'espace acoustique concoctée par Edwards offre un terrain de jeu infini pour les salves de lasers et les incursions stratégiques des escouades tactiques. L'impact sonore du NOMAD, cette station orbitale avancée, frappe l'auditeur avec précision et puissance, notamment lorsqu'elle déverse ses charges explosives, comme en témoigne la scène saisissante à 33 minutes et 30 secondes. Les canaux verticaux ne sont pas en reste et sont utilisés avec une générosité qui approfondit l'expérience. La musique d'Hans Zimmer prend de la hauteur, enveloppant le spectateur dans une sphère mélodique élargie, tandis que des effets Atmos localisés, tels que les alarmes de l'usine de broyage à 13mn02 ou les souvenirs perçus par le protagoniste à 1h06.26, ajoutent une dimension verticale non anodine. Un moment d'anthologie survient à 1 heure et 49 minutes, lorsque Taylor repousse des assaillants du NOMAD hors de la navette lunaire. Les effets de pressurisation et les bourrasques violentes mettent en œuvre les canaux supérieurs de façon remarquable, créant une sensation de tension tangible pour le spectateur. Comme de coutume, pour vous illustrer ce qu'on avance par écrit, nous vous présentons quelques exemples en reproduction binaurale dans notre vidéo jointe. Sur cette édition USA, la VFF est proposée au format Dolby Digital Plus 7.1 (1024 kbps) et il en sera de même pour l'édition française du 7 février prochain.

 

Test 4K Ultra HD Blu-ray : The Creator

 
 

Bonus

- True Love: Making of (55mn47)

Conclusion

Ce n'est pas fondamentalement un chef d'oeuvre mais The Creator (2023), le dernier opus de science-fiction de Gareth Edwards, s'est rapidement établi comme un tour de force visuel, repoussant les limites de ce que l'on est en droit d'attendre de la cinématographie moderne en matière d'audace et d'innovation technique. Le film s'inspire des canons cinématographiques classiques tout en intégrant des effets visuels de pointe, attestant de la force de la vision créative du réalisateur, de son dévouement à une esthétique visuelle unique et d'une approche spontanée et minimaliste lors des prises de vue en extérieur. La valeur ajoutée de cette œuvre se manifeste pleinement dans son édition 4K Ultra HD Blu-ray, particulièrement en raison de l'apport remarquable du High Dynamic Range (HDR) et d'un mixage sonore immersif Dolby Atmos en version lossless, cette dernière étant exclusivement disponible sur ce support vidéo disque. Hautement recommandée !