Test 4K Ultra HD Blu-ray : Jurassic Park (1993)

Publié le par la Rédaction



 

Synopsis

Ne pas réveiller le chat qui dort -- c'est ce que le milliardaire John Hammond aurait dû se rappeler avant de se lancer dans le clonage de dinosaures. C'est à partir d'une goutte de sang absorbée par un moustique fossilisé que John Hammond et son équipe ont réussi à faire renaître une dizaine d'espèces de dinosaures.

Ce test-comparatif évalue les éditions Blu-ray (2011), 4K Ultra HD Blu-ray (HDR10, 2018) et 4K Ultra HD Blu-ray (Dolby Vision, 2025). Les captures d'écran illustrées sur cette page portent exclusivement sur l'édition Blu-ray (2011) et l'édition 4K Ultra HD Blu-ray (2025). Cependant, notre analyse vidéo, optimisée pour un visionnage en HDR sur un écran calibré, détaille les différences perceptibles entre les trois éditions.

 

NB : Les comparatifs image (compression .jpg, 8-bit) sont strictement à usage illustratif et sont non représentatifs de ce que l'Ultra HD Blu-ray diffusera sur votre écran UHD HDR calibré.

 

Afin de mettre en évidence l'utilisation concrète du Wide Color Gamut (WCG) sur cette édition (voir tutoriel ici), les pixels qui se situent dans la gamme standard/BT.709 (confinés à l'intérieur du petit triangle REC.709) vous sont présentés ici entièrement désaturés. A l'inverse, ceux faisant partie de la gamme élargie BT.2020, exclusive au disque 4K Ultra HD Blu-ray (qui s'étendent à l'extérieur du petit triangle REC.709) vous sont présentés en couleur :

 

🍴🦖 “L'idée, c'est que tu es encore vivant quand ils commencent à te manger.”

Il y a un avant et un après Jurassic Park. Sorti en 1993, le film de Steven Spielberg n’a pas simplement redonné chair aux dinosaures : il a ravivé l’émerveillement archaïque du cinéma, tel un ADN miraculeusement préservé dans l’ambre des souvenirs d’enfance. Sur Isla Nublar, au large du Costa Rica, un parc à thème peuplé de créatures préhistoriques clonées s’apprête à ouvrir ses portes. Un rêve mégalomane porté par John Hammond, figure paternaliste à l’écran, mais double fictionnel d’un capitalisme masqué sous les traits d’un grand-père bienveillant. Spielberg en fait un alter ego troublant : un illusionniste qui ressuscite la vie – ou l’image – pour mieux interroger notre soif de contrôle.

Car Jurassic Park n’est pas une ode à la toute-puissance scientifique, mais une fable d’hubris. Le miracle technologique – ce clonage à partir de moustiques fossilisés – contient en germe son propre effondrement. L’utopie se fissure dès lors que l’homme croit pouvoir régner sur l’imprévisible. "La vie trouve toujours son chemin". Et quand la nature se rebelle, ce n’est plus une expérience : c’est une fuite.

Le génie de Spielberg tient dans sa mise en scène progressive du danger. Le film ne livre pas ses monstres tout de suite. Il construit une tension organique, presque musicale. Le premier dinosaure, un Brachiosaure, surgit comme une révélation : la caméra épouse le regard médusé des personnages, et l’émotion de la découverte devient contagieuse. Mais ce moment de grâce, baigné de lumière, n’est finalement qu’un doux mirage. Car très vite, la stupeur se mue en terreur. L’attaque nocturne du T-Rex est un chef-d'œuvre de grammaire cinématographique : un verre d’eau qui vibre, une chaîne qui se tend, une pluie battante qui dilue toute visibilité. Spielberg convoque Hitchcock, transforme l’invisible en menace palpable. À ce moment-là, le parc n'est plus fonctionnel. Et on peut se demander s'il l'a jamais été...

Jurassic Park, c’est aussi une révolution technique. En 1993, Spielberg orchestre une alliance inédite entre les animatroniques de Stan Winston – tangibles, pesants, mécaniques – et les images de synthèse pionnières d’Industrial Light & Magic. À peine quelques minutes de CGI suffisent pour changer l’histoire du cinéma fantastique. Les créatures ne sont pas simplement vues : elles existent. Elles respirent, interagissent, terrorisent. Par cette fusion inédite, le film redéfinit les contours du blockbuster moderne. Sans Jurassic Park, pas de Matrix, pas de Gollum, pas de nouvelle trilogie Star Wars. Le numérique devient un acteur à part entière, au service d’une narration où la technologie ouvre les portes de l’émerveillement. Et que serait cet émerveillement sans la partition de John Williams ? Son thème principal, à la fois grandiose et fragile, sublime la promesse et le vertige du parc. À chaque note, la majesté du vivant s’impose. À chaque crescendo, le danger s’annonce. La musique fait du parc une cathédrale de science, de rêve et de cauchemar.

Plus de trente ans après sa sortie, Jurassic Park (1993) reste une œuvre-monde, un film matrice. Un divertissement total, certes, mais aussi un miroir tendu à notre époque. Il parle de contrôle, d’avidité, de fascination pour l’artifice. Il interroge le pouvoir de l’image, le désir de création, la peur de perdre la maîtrise. Le film met surtout en scène la confrontation de l’homme avec ses propres illusions, et souligne combien la technologie peut devenir dangereuse lorsqu’elle se libère de toute éthique.

Qualité Vidéo

Jurassic Park (1993) repose sur une chaîne de production hybride et complexe, reflet d’une époque charnière entre techniques photochimiques traditionnelles et effets numériques balbutiants. Tourné en 35 mm à l’aide de caméras Panavision, le film combine une captation argentique avec des effets visuels numériques de première génération, conçus en résolution inférieure au 2K. Ces plans CGI d’un autre temps, transférés sur pellicule via des éléments intermédiaires, ont toujours affiché une définition nettement inférieure à celle des prises de vues réelles — un écart perceptible aussi bien sur la première édition Blu-ray (2011), le Blu-ray 3D (2013) qu’en UHD Blu-ray (2018 et 2025). Gardez à l’esprit qu’il s’agit d’un élément indissociable de l'identité esthétique de ce premier volet Jurassic.

Universal proposait en 2011 la première édition Blu-ray de Jurassic Park avec des images compressées en VC-1. Une conversion 3D fut opérée pour le 20ème anniversaire du film en 2013. La première édition 4K Ultra HD Blu-ray date quant à elle de 2018. Selon des mots officiels, elle fut fondée sur une restauration supervisée par Universal Pictures, sur une base hybride composée d’éléments 35mm originaux scannés en 4K et de passages (dont ceux ayant mobilisé des CGI) simplement remis à l’échelle. Le processus avait été supervisé dans un workflow 4K avec un étalonnage HDR.

En 2025 :

L’édition UHD Blu-ray de Jurassic Park sortie en 2018 était limitée à la technologie HDR10. L’absence du label Dolby Vision constituait, qu’on le veuille ou non, une opportunité marketing pour une ressortie future. Universal a saisi cette occasion en 2025, surfant sur la vague de Jurassic World : Renaissance (2025), en rééditant la trilogie originale en 4K Ultra HD Blu-ray, vantant une remasterisation et l’intégration du Dolby Vision. Cependant, ces annonces méritent d’être confrontées à des observations concrètes et quelques nuances. Aucun nouveau scan n’a été effectué pour cette version 2025 : la base mobilisée reste inchangée. Et mis à part une stabilisation subtile de quelques rares plans, cette édition se distingue essentiellement par un nouvel étalonnage HDR, l’ajout de métadonnées Dolby Vision (version DV FEL-12-bit) et une compression vidéo HEVC légèrement renforcée. Dans quelle mesure ces différences sont-elles significatives à l’écran ? On y vient.

Face au disque UHD de 2018 que beaucoup possèdent déjà, cette nouvelle édition 2025 ne constitue en rien une révolution. On parlera plutôt d’un raffinement. Le niveau de définition reste globalement similaire, même si un œil exercé percevra par moments une sophistication supplémentaire, avec des micro-détails apparaissant ici et là un peu plus finement ciselés. L’un des gains techniques objectifs se situe du côté de la compression vidéo. Le débit moyen passe de 50,8 Mbps à 63,9 Mbps (avec la surcouche FEL Dolby Vision), renforçant la sensation de solidité et de stabilité de l’image. Le grain 35 mm, toujours présent, conserve un rendu fin et relativement discret, bien éloigné de celui, plus grossier, du Blu-ray de 2011. Mais il y a encore du DNR perceptible. C’était évidemment le cas sur le disque de 2018.

La correction la plus visible concerne l’étalonnage. La dominante magenta — qui affectait notamment la scène d’ouverture de fouille dans les Badlands — a été corrigée, apportant davantage de cohérence visuelle à l'ensemble de la scène. Globalement, les tons rosés du film ont été réduits, favorisant un rendu plus neutre et équilibré. La plage dynamique s’élargit aussi légèrement, avec des valeurs d’intensité lumineuse supérieures à la version HDR10 de 2018. En atteste : cette moyenne de pics lumineux passant de 424 nits à 464 nits. Le recours au Wide Color Gamut (gamut P3) reste formel sur ce titre : les verts de la jungle du parc ou encore les bleus des scènes nocturnes lors de l'attaque du T-Rex se distinguant sur ce terrain.

Visuellement, cette nouvelle édition (2025) s’impose comme la version la plus aboutie de Jurassic Park. Pas de bouleversement majeur, mais une série d’améliorations ciblées : une compression plus solide, un étalonnage revu par endroits, et une restitution globalement plus cohérente. Chacun évaluera, selon sa sensibilité, si ces écarts justifient une nouvelle acquisition. Nous vous invitons à consulter en HDR notre vidéo comparative revenant - effort supplémentaire de notre part - sur les trois éditions.

 

Test 4K Ultra HD Blu-ray : Jurassic Park (1993)

Test 4K Ultra HD Blu-ray : Jurassic Park (1993)

 

Qualité Audio

Commençons par le commencement : l'héritage. Le mixage original de Jurassic Park (1993) est l'œuvre magistrale de Gary Rydstrom, un nom vénéré dans le domaine. Sa virtuosité est légendaire. Jurassic Park fut d'ailleurs l’un des premiers films à exploiter le DTS en salles, marquant les esprits par son potentiel multicanal démonstratif. C'est cette fondation solide qui est revisitée dans ces formats contemporains encore plus immersifs : hier en DTS:X (version UHD 2018) et aujourd’hui, en 2025, en Dolby Atmos.

Contrairement à ce que l’on pouvait redouter, il ne s’agit pas d’un simple portage de la version précédente. Cette nouvelle déclinaison, supervisée en Dolby Atmos, apporte des nuances tangibles, en particulier dans la gestion des canaux de hauteur. Il ne nous a pas été possible de les illustrer par une analyse fine du waveform multicanal — nos outils ne le permettent pas à ce jour avec du DTS:X—, mais l’écoute attentive suffit à en révéler la portée. Les effets verticaux semblent plus affirmés, et manifestement pensés pour enrichir l’expérience, avec de nombreuses occurrences où l’immersion verticale gagne en force de conviction.

Et c’est précisément sur ce terrain que Jurassic Park, plus de trente ans après sa sortie, continue de surprendre les home-cinéphiles les plus aguerris. Cette VO impressionne par sa capacité à déployer des effets singulièrement isolés, y compris sur le champ vertical. Dès l’ouverture sur Isla Nublar, en pleine nuit, alors qu’une équipe tente de contenir un dinosaure dans un enclos sécurisé, les canaux verticaux s’activent avec une clarté impressionnante. Chaque son — feuillage, grincement, souffle — semble précisément ancré dans l’espace, sans jamais saturer l’écoute. Quelques minutes plus tard, le survol de l’océan en hélicoptère démontre ce nouveau potentiel : le vent marin et les pales de l'appareil s’élèvent au-dessus de l’auditeur, l’enveloppant littéralement dans un cocon aérien. Mais c’est lors de l’attaque du mythique T-Rex sous la pluie battante que cette version atteint des sommets. La pluie dépasse la simple ambiance ; elle se fait présence nerveuse, enveloppante, palpable. Ses impacts résonnent sur les pare-brises, elle ondule autour de nous et sature l'espace d'une façon étrangement naturelle. Le résultat est frappant... jusqu'à l'irruption du rugissement fatidique de la bête, qui investit les canaux de hauteur d'une manière sans précédent. Quelques scènes emblématiques vous sont proposées en reproduction binaurale dans notre vidéo dédiée. Profitez-en !

En VO Atmos (core TrueHD 7.1, 3435 kbps, sous 16-bit), l'indicateur de Loudness Range (LRA) a été mesuré à un solide 23.0 LU. La VF reste inchangée et présentée au format DTS 5.1 (768 kbps).

 

Test 4K Ultra HD Blu-ray : Jurassic Park (1993)

Test 4K Ultra HD Blu-ray : Jurassic Park (1993)

 
 

Bonus

- Retour à Jurassic Park (3 parties)
- La création de Jurassic Park
- Reportage original sur la création du film
- Steven Spielberg réalise Jurassic Park
- Reportage sur l'ouragan à Kauai
- Premières réunions de pré-production
- Repérage des lieux
- Phil Tippett Animatics : Raptors dans la cuisine
- Animatics : Attaque du T-Rex
- ILM et Jurassic Park : Avant et après les effets visuels
- Archives de production, Artistes Foley et Storyboards

Conclusion

Jurassic Park (1993), c’est toujours quelque chose quand il s’agit d’expérience home-cinéphile : une œuvre de référence, un repère générationnel, et un terrain de jeu rêvé pour les systèmes multicanaux les plus ambitieux. Bien sûr, les limites structurelles du film sont toujours là, et les effets CGI accusent le coup en UHD. Mais cette édition 4K Ultra HD Blu-ray n’en reste pas moins recommandable pour qui cherche la meilleure version disponible à ce jour. Avec quelques ajustements en matière d’étalonnage, l’apport des métadonnées Dolby Vision et une version originale en Dolby Atmos qui vaut d’être vécue.