Test 4K Ultra HD Blu-ray : Tu ne Tueras Point (2016)

Publié le par la Rédaction



 

Synopsis

1945. Alors que la guerre dans le Pacifique faisait rage et que les forces américaines menaient l'une des batailles les plus acharnées du conflit sur l'île d'Okinawa, un soldat s'est distingué. Desmond T. Doss, un objecteur de conscience, qui bien qu'ayant fait le serment de ne jamais tuer ni toucher à une arme, voulut servir son pays et s'engagea dans l'infanterie. Fidèle à ses convictions et armé de son seul courage, il a sauvé la vie de dizaines de soldats blessés en les ramenant un par un.

 

 

NB : Les comparatifs image (compression .jpg, 8-bit) sont strictement à usage illustratif et sont non représentatifs de ce que l'Ultra HD Blu-ray diffusera sur votre écran UHD HDR calibré.

 

Afin de mettre en évidence l'utilisation concrète du Wide Color Gamut (WCG) sur cette édition (voir tutoriel ici), les pixels qui se situent dans la gamme standard/BT.709 (confinés à l'intérieur du petit triangle REC.709) vous sont présentés ici entièrement désaturés. A l'inverse, ceux faisant partie de la gamme élargie BT.2020, exclusive au disque 4K Ultra HD Blu-ray (qui s'étendent à l'extérieur du petit triangle REC.709) vous sont présentés en couleur :

 

🪖 🙏“Par pitié, Seigneur, aide-moi à en sauver un de plus.”

Pour saisir la puissance de Tu ne tueras point (2016), il faut revenir sur sa fracture fondamentale, sa structure bi-polaire qui vous empoigne pour mieux vous briser. Le film est une lame à double tranchant. D’un côté, la Virginie pastorale, baignée d’une lumière presque sacrée. C’est le temps de la cour timide, des promesses murmurées au sommet d’une colline, de la foi forgée entre les murs d’une église adventiste et la violence d'un foyer hanté par les fantômes d'une autre guerre. De l'autre, la rupture. Une coupe franche, et nous voilà projetés dans le fracas assourdissant et le carnage industrialisé d'Okinawa. Mel Gibson orchestre cette dichotomie avec une maîtrise foudroyante. Le premier acte n'est pas une simple introduction ; c'est le creuset où se trempe le caractère de Desmond Doss. Chaque principe, chaque prière, chaque blessure intime de cette première heure donne un poids de chair et d'esprit à l'enfer qui va suivre. Sans cette lumière, les ténèbres ne seraient qu'un spectacle d'horreur. Et c'est de ce contraste brutal que jaillit le vrai miracle.

L’histoire vraie de cet objecteur de conscience, projeté dans l’enfer du Pacifique, est une fresque peinte avec le sang des martyrs et la boue du champ d’honneur. Face aux humiliations du camp d'entraînement et à la menace de la cour martiale, Andrew Garfield incarne avec une grâce incandescente ce héros improbable, dont la douceur est un bouclier et la foi, une armure. Lorsque la crête de Maeda, ce "Hacksaw Ridge", se dresse tel un autel profané, le film opère sa déchirure définitive. C’est une terre mutilée, un tombeau à ciel ouvert sous un ciel d'apocalypse, où la fumée, les obus et le sang s'entremêlent dans une incroyable chorégraphie. La caméra de Simon Duggan capte cette boucherie avec un réalisme si tangible qu'il en devient suffocant, rendant chaque explosion, chaque hurlement, chaque souffle d'agonie insupportables de vérité.

Au cœur de cet enfer, alors que les hommes tombent comme des mouches, Desmond Doss incarne la prière en action. Pour seules armes, des bandages, une seringue de morphine et une foi capable de soulever les montagnes. Il rampe sous la mitraille, brave les lance-flammes et les explosions pour arracher un à un ses frères d'armes aux mâchoires de la mort. Son mantra, murmuré aux cieux dans le vacarme assourdissant : « Seigneur, aide-moi à en sauver un de plus. » Chaque corps hissé, chaque vie ramenée du gouffre est une victoire sur la fatalité, un acte de grâce pur dans un monde livré à la sauvagerie.

Tu ne tueras point (2016) n’est pas qu’un simple film de guerre ; c’est un manifeste incandescent sur la puissance de la non-violence, érigée en acte de bravoure ultime. Gibson oppose au gospel de la vengeance, si souvent glorifié au cinéma, l’évangile de la compassion. Il filme Doss comme une silhouette sacrificielle, presque christique, portant les corps de ses frères, lavant par son courage les péchés d'un monde en guerre. Un récit qui vous empoigne, vous laisse sans voix, et dont l’écho – celui des explosions et d’une prière chuchotée – résonne bien après que le silence est retombé. Une oeuvre forte. Absolument.

Qualité Vidéo

L’édition française 4K Ultra HD Blu-ray de Tu ne Tueras Point (Hacksaw Ridge, 2016) fait honneur à l’œuvre de Mel Gibson en proposant un transfert 2160p encodé en HEVC, respectant le ratio 2.40:1. Bien que capté en numérique via les caméras Arri Alexa XT Plus et Red Epic Dragon, le film a fait l’objet d’un master intermédiaire 2K, justifié par la complexité des effets visuels — un compromis technique classique mais maîtrisé. Pas de Dolby Vision sur cette édition Metropolitan. Uniquement du HDR10 avec la mobilisation d’un disque BD-100.

Le passage à l’UHD, même depuis un DI 2K, se traduit par un renforcement tangible de la définition et de la lisibilité des détails. La définition gagne en précision, avec une clarté accrue jusque dans les moindres recoins du cadre. Les visages – burinés par l’effort, noircis par la suie et la terre – dévoilent pores, cicatrices et traces d’épuisement avec une acuité troublante. Les uniformes, lacérés et couverts de poussière lors de la seconde partie, révèlent leur texture avec un réalisme bien plus tactile : chaque fil, chaque couture semble avoir vécu les combats. Quant aux arrière-plans – qu’ils s’ouvrent sur les collines paisibles de Virginie ou sur le chaos furieux des crêtes d’Okinawa – ils conservent une profondeur et une densité qui servent puissamment la mise en scène. Aucune fausse note compressive. Le bitrate moyen a été mesuré à un solide 70 Mbps.

Mais c’est surtout dans le domaine de la lumière que cette édition 4K UHD déploie ses ailes. L’étalonnage HDR confère à l’image une aura inédite. Les couleurs gagnent en richesse sans jamais trahir la gravité du récit — elles la prolongent, la densifient. Les verts paisibles de la Virginie s’ancrent dans un réalisme feutré, presque pastoral, comme un dernier souffle avant l’enfer. Les hautes lumières, elles, prennent corps. Les reflets sur l’acier, les fulgurances des détonations, les gerbes de lumière déchirant l’obscurité résonnent au souffle brûlant de la survie. La moyenne des pics lumineux a été mesurée à 332 nits avec un maxCLL de 1623 nits.

 

Test 4K Ultra HD Blu-ray : Tu ne tueras point (2016)

Test 4K Ultra HD Blu-ray : Tu ne tueras point (2016)

 

Qualité Audio

Le film de Mel Gibson, Tu ne tueras point (2016), est une œuvre bouleversante. Son édition 4K Ultra HD Blu-ray offre une expérience audio remarquable, en version originale comme en version française. La scène frontale, ample et aérée, garantit une reproduction limpide des dialogues, y compris lors des échanges les plus feutrés entre Desmond Doss et les autres personnages. L’intelligibilité est exemplaire. Les effets d’ambiance – chants d’oiseaux, bruissements de la vie rurale, agitation d’une petite ville ou sons des camps militaires – sont finement spatialisés, animant les enceintes latérales et arrière avec un naturel impressionnant. Cette finesse dans la spatialisation, même lors des passages plus calmes, contribue grandement à l’authenticité de l’univers dépeint.

Mais c’est bien dans les séquences de combat, et plus encore une fois l’enfer d’Okinawa déclenché, que cette piste libère toute sa fureur. Le mixage gagne en densité et propulse littéralement l’auditeur au cœur du champ de bataille. La précision du placement des éléments sonores est saisissante : les balles sifflent avec une vélocité palpable, traçant leur trajectoire dans l’espace avec une exactitude presque chirurgicale. Les éclats d’obus, les débris projetés, les cris déchirants des soldats et les souffles incendiaires des lance-flammes : tout est rendu avec une dynamique remarquable. Seul regret : l’absence de la piste originale en Dolby Atmos, pourtant disponible depuis 2017 sur l’édition américaine, qui aurait sans doute apporté un surcroît de verticalité à cette solide expérience.

VO & VF sont restituées en DTS-HD Master Audio 7.1 (24-bit, 5152 & 5239 kbps). En VO, l'indicateur de Loudness Range (LRA) a été mesuré à un impressionnant 25.2 LU.

 

Test 4K Ultra HD Blu-ray : Tu ne tueras point (2016)

Test 4K Ultra HD Blu-ray : Tu ne tueras point (2016)

 
 

Bonus

- Message de Mel Gibson (1mn)
- Scènes coupées (4mn18)
- Making of (1h09)

Conclusion

Immense réalisateur, Mel Gibson offrait avec Tu ne tueras point (2016) une œuvre qui méritait pleinement les honneurs d'une édition 4K Ultra HD Blu-ray sur le marché français. Metropolitan comble enfin cette lacune avec une édition techniquement très solide, à laquelle ne manquerait finalement qu’une version originale en Dolby Atmos pour atteindre la perfection. Hautement recommandé !