Test 4K Ultra HD Blu-ray : Carol (2015)

Publié le par la Rédaction



 

Synopsis

Dans le New York des années 1950, Therese, jeune employée d'un grand magasin de Manhattan, fait la connaissance d'une cliente distinguée, Carol, une femme séduisante, prisonnière d'un mariage peu heureux. À l'étincelle de la première rencontre succède rapidement un sentiment plus profond. Les deux femmes se retrouvent bientôt prises au piège entre les conventions et leur attirance mutuelle.

 

 

NB : Les comparatifs image (compression .jpg, 8-bit) sont strictement à usage illustratif et sont non représentatifs de ce que l'Ultra HD Blu-ray diffusera sur votre écran UHD HDR calibré.

 

Afin de mettre en évidence l'utilisation concrète du Wide Color Gamut (WCG) sur cette édition (voir tutoriel ici), les pixels qui se situent dans la gamme standard/BT.709 (confinés à l'intérieur du petit triangle REC.709) vous sont présentés ici entièrement désaturés. A l'inverse, ceux faisant partie de la gamme élargie BT.2020, exclusive au disque 4K Ultra HD Blu-ray (qui s'étendent à l'extérieur du petit triangle REC.709) vous sont présentés en couleur :

 

Qualité Vidéo

Véritable réflexion sur le regard et le désir, Carol (2015) de Todd Haynes s’impose comme une œuvre où la forme se met au service de l’essence même de l’expérience amoureuse. Afin de restituer la texture analogique des années 1950 et de traduire l’élan amoureux transgressif qui irrigue le récit — à travers une perception volontairement subjective, faite d’incertitudes et d’obstructions — le directeur photo Edward Lachman a délibérément écarté l’idée d’une captation numérique au profit du Super 16 mm. Un choix esthétique fort, presque militant, destiné à insuffler à l’image une distance et une douceur formelle, le tout porté par une structure de grain très visible.

Le film a ainsi été capté à l’aide de caméras Arriflex 416 associées à des optiques vintage, puis finalisé à partir d’un master intermédiaire 2K en 2015. Autant dire que Carol ne s’imposait pas forcément comme un candidat évident à une exploitation en 4K Ultra HD Blu-ray. Dix ans plus tard, l’éditeur BubbelPop propose pourtant une redécouverte du film dans une édition UHD présentée en 2160p, encodée en HEVC, et bénéficiant d’un nouvel étalonnage HDR. Les métadonnées Dolby Vision sont de la partie (profil DV-MEL sous 10-bit).

Il convient d’emblée de préciser qu’aucun nouveau scan n’a été réalisé pour cette sortie. La fenêtre de scan demeure strictement identique à celle des précédentes éditions Blu-ray, toutes issues du master 2K de 2015. Pour autant, cette version UHD modifie sensiblement la perception de l'oeuvre. La structure du grain gagne en stabilité et en densité, offrant une restitution plus ferme et plus cohérente des textures filmiques épaisses. Ici, le grain n’est en rien un défaut : il « danse » à l’écran, à contre-courant des tendances de l'industrie cinématographique de 2015. Sur ce disque UHD, l’encodage HEVC reste joliment maîtrisé.

Le gain en définition pure reste très limité, mais cette remarque s'inscrit en cohérence avec une captation d'époque en 16 mm. La photographie conserve toute sa singularité, mêlant obstructions visuelles — personnages filmés à travers des vitres, pare-brise, cadres de porte ou reflets —, et atmosphères vaporeuses, héritage assumé de l’esthétique des années 1950. Ceci dit, grâce à l'apport de compression, les matières gagnent subtilement en présence, qu’il s’agisse des manteaux de fourrure, des étoffes ou des objets intégrés aux décors de Noël. 

L’apport le plus perceptible reste le nouvel étalonnage HDR. Là où le Blu-ray (SDR) proposait un rendu terne et contenu, cette version UHD ose une relecture plus aérée. Les teintes volontairement sobres et souillées, les verts mousses et les dominantes froides en extérieur gagnent en nuances et en oxygène. Les teintes chair apparaissent plus naturelles, moins délavées, et les contrastes, retravaillés plan par plan, confèrent le sentiment que l’image respire davantage. Cette montée en gamme n’est cependant pas exempte de petites limites. Les éclairages pratiques — lampes de table, luminaires et appliques murales —, rehaussés en luminance, soulignent davantage les limites de surexposition déjà observables sur le disque Blu-ray SDR, créant de ponctuelles zones brûlées qui tranchent avec la douceur ambiante de la photographie. Cela reste une mise à jour très appréciable.

 

Test 4K Ultra HD Blu-ray : Carol (2015)

Test 4K Ultra HD Blu-ray : Carol (2015)

 

Qualité Audio

Carol (2015) est disponible, en VO comme en VF, en pistes Dolby TrueHD 5.1. Le mixage, subtilement conçu, enferme les personnages dans un univers de codes sociaux étouffés et de barrières — verre, pluie, statique radio — tout en permettant à leur passion de circuler à travers des éléments conducteurs tels que la musique et des effets tactiles. Solidement ancré sur l’axe central, les dialogues restent prioritaires, traduisant avec justesse la concentration, la tension émotionnelle et l’intimité qui lient les protagonistes. Cette approche mesurée n’empêche pas une richesse musicale immédiate : la partition, incarnant l’engagement et la passion, bénéficie d’une ouverture généreuse sur la scène frontale, complétée par un soutien surround à la fois subtil et efficace. Le mixage excelle particulièrement à immerger l'auditeur dans l'époque grâce à un large éventail d'effets ambiants. Qu'il s'agisse de l'agitation des rues, du brouhaha feutré des restaurants, ou des annonces publiques, chaque détail contribue à impliquer richement l'auditeur dans l’acoustique des lieux traversés. Le canal LFE est lui totalement en retrait. Une exception notable s’impose toutefois lors de la scène du tunnel, où le caisson de basses introduit une lourdeur quelque peu hypnotique, venant souligner l’état de rêverie et de désorientation qui envahit Thérèse dans cette scène magnifique.

VO et VF sont restituées en Dolby TrueHD 5.1 (24-bit, 3554 kbps & 16-bit, 2260 kbps) avec la présence confirmée de sous-titres anglais et français. En VO, la valeur de Loudness Range a été mesurée à 20.0 LU.

 

Test 4K Ultra HD Blu-ray : Carol (2015)

Test 4K Ultra HD Blu-ray : Carol (2015)

 
 

Bonus

- Carol par Stephen Woolley (23min30)
- Carol par Elizabeth Karlsen (21min)
- Carol par Christine Vachon (7min30)
- Carol par Sandy Powell (20min30)
- Carol par Morag Ross (20min45)
- Le financement (9min36)
- Le roman (6min40)
- Le commencement (13min52)
- La rencontre d’Elizabeth et Christine (2min30)
- Happy Birthday (3min36)
- Making of (17min)
- Interview de Todd Haynes (45min)
- Interview de Cate Blanchett (14min)
- Interview de Rooney Mara (8min)
- Interview du chef opérateur Edward Lachman (7min)
- Interview de la productrice Christine Vachon (6min)
- Livre illustré rédigé par Rania Griffete, Christian Viviani et Jacques Demange
- 5 cartes postales
- 1 affiche du film

Conclusion

Captée en 16 mm, Carol (2015) dévoile toute sa finesse esthétique et sa délicatesse formelle sur cette édition 4K UHD. Pas de nouveau scan mais l’intérêt principal réside dans une compression optimisée et un étalonnage HDR qui apportent à la fois aération et modernité, tout en respectant des partis pris esthétiques forts. La généreuse section de bonus enrichit sensiblement l’expérience. Une édition à recommander !