Test 4K Ultra HD Blu-ray : Jarhead (2005)

Publié le par la Rédaction



 

Synopsis

Été 1990, Anthony Swofford, fils et petit-fils de militaires, est envoyé dans le désert saoudien alors qu'il vient de fêter ses 20 ans. Alors que la guerre du Golfe vient d'éclater, son bataillon de Marines est l'un des premiers à se déployer dans cet immense désert. Mais commence alors une attente longue et interminable pour ces jeunes déracinés, qui ne cessent de se gaver d'images et d'idéologie guerrières et de bière. Face à un « ennemi fantôme », des tensions extrêmes apparaissent entre les Marines malgré l'inaltérable amitié qui les lie.

 

 

NB : Les comparatifs image (compression .jpg, 8-bit) sont strictement à usage illustratif et sont non représentatifs de ce que l'Ultra HD Blu-ray diffusera sur votre écran UHD HDR calibré.

 

Afin de mettre en évidence l'utilisation concrète du Wide Color Gamut (WCG) sur cette édition (voir tutoriel ici), les pixels qui se situent dans la gamme standard/BT.709 (confinés à l'intérieur du petit triangle REC.709) vous sont présentés ici entièrement désaturés. A l'inverse, ceux faisant partie de la gamme élargie BT.2020, exclusive au disque 4K Ultra HD Blu-ray (qui s'étendent à l'extérieur du petit triangle REC.709) vous sont présentés en couleur :

 

Qualité Vidéo

Œuvre singulière explorant l’attente et la vacuité du conflit, Jarhead (2005) scelle une collaboration visuelle marquante entre Sam Mendes et le chef opérateur Roger Deakins. À rebours du réalisme caméra à l’épaule ou d’un héroïsme démonstratif, le film privilégie une mise en scène introspective et subjective, captée sur pellicule 35mm à l’aide de caméras Arricam Lite et Arri 3-C, et sublimée par l’emploi d’optiques sphériques Cooke S4. Lors de sa sortie initiale, le film avait bénéficié d’un master intermédiaire supervisé à partir d’éléments 35mm scannés en 4K. Ce travail était assorti d’un traitement partiel de type Bleach Bypass réalisé en laboratoire et d'un étalonnage numérique. À l’occasion de ce 20ᵉ anniversaire, aucun nouveau scan n’a donc été entrepris à proprement parler. Universal s’appuie sur la même base scannée que celle du précédent Blu-ray, à partir de laquelle a été appliqué un nouvel étalonnage HDR. Le film est proposé en 2160p, dans le respect du ratio 2.35:1, avec une compression HEVC et une double compatibilité HDR10 et Dolby Vision (DV-FEL, 12-bit).

Le cadrage demeure strictement identique à celui du Blu-ray antérieur et, en matière de définition pure, l’écart n’apparaît pas forcément radical. L’évolution se révèle plus significative dans la restitution de la structure granuleuse. Face à l’encodage VC-1 du Blu-ray, plus imprécis dans sa gestion des textures, l’apport de la compression HEVC reste palpable. Là où le VC-1 avait tendance à figer le grain 35mm ou à l'agglomérer de façon disgracieuse, cette édition 4K lui redonne toute sa latitude. Le grain retrouve une finesse et une volatilité plus naturelles. Les gros plans sur le visage de Swofford (Jake Gyllenhaal), où la sueur mêlée au sable, les pores marqués et la texture fibreuse des uniformes sont restitués avec une grande précision. L’utilisation d’un disque BD-100 constitue, à cet égard, un atout non négligeable.

Dans Jarhead, Roger Deakins avait fait le choix — via un traitement partiel de type Bleach Bypass — d’associer la rudesse du désert et la désolation morale des soldats à des phénomènes récurrents de surexposition, combinés à une désaturation des couleurs. Il avait volontairement surexposé certaines prises de vue pour "écraser" les détails dans les hautes lumières et poussé le contraste pour renforcer la dureté minérale du désert. L'environnement désertique, comme les militaires, étaient présentés sous un jour peu commun, dominé par des blancs sablonneux, rudes et abrasifs. Cette édition HDR respecte scrupuleusement ces intentions esthétiques d’origine tout en adoptant une approche encore très contenue dans les intensités lumineuses. En plein jour, les contrastes ont été ré-ajustés mais sans qu’aucun éclat spéculaire n’apparaisse excessif ; seules les flammes, explosions et phares de véhicules bénéficient ici et là d’un gain d’intensité qui attire l'attention. Les ciels et le sols conservent leur caractère blafard, presque crayeux. La moyenne des pics lumineux a été mesurée à un très modeste 117 nits. La plage dynamique étendue est ici principalement exploitée pour améliorer la lisibilité des zones d’ombre et affiner les dégradés de beige et de gris des uniformes. On peut penser que Roger Deakins n'a pas souhaité en faire plus et que cette approche colle parfaitement à sa vision.

L’expérience évolue tout de même lors du troisième acte, avec l’arrivée dans les champs pétrolifères koweïtiens. Le gamut étendu est alors pleinement sollicité afin de densifier les teintes incandescentes : rouges profonds, oranges ardents et jaunes soufrés des brasiers gagnent en subtilité et en présence. La célèbre séquence du cheval couvert de pétrole, surgissant du néant, s’impose toujours comme une vision hypnotique, suspendue entre abstraction et cauchemar. Notre comparatif vidéo HDR vous permettra de jauger toute la subtilité des nuances dont il est question avec cette édition.

 

Test 4K Ultra HD Blu-ray : Jarhead (2005)

Test 4K Ultra HD Blu-ray : Jarhead (2005)

 

Qualité Audio

Pour sa sortie en 4K Ultra HD, Jarhead (2005) bénéficie d'une remise à niveau avec un remixage en version originale Dolby Atmos. Soyons d’emblée transparents : si vous espérez une démo technique de guerre continue à la manière du Soldat Ryan, ce mixage risque de vous décevoir. Fidèle à l'ADN de l'œuvre de Sam Mendes, il ne s'agit pas ici de saturer l'espace de tirs incessants, mais d'accompagner un récit sur l'attente, l'ennui et l'anxiété. Le film reste avant tout une expérience cérébrale et verbale, et la piste sonore respecte scrupuleusement cette intention.

Dès lors, le canal central devient la clé de voûte de l'installation. Il abat un travail crucial pour restituer le jargon militaire, souvent débité à une cadence effrénée, avec une intelligibilité exemplaire. Il offre surtout une proximité et une texture saisissantes aux monologues intérieurs de Swofford, renforçant la connexion intime avec le protagoniste. Pour autant, la spatialisation horizontale ne démérite pas. Elle se montre précise et enveloppante, permettant de suivre à la trace les mouvements des véhicules de transport ou les déplacements des acteurs, tout en installant cette ambiance si particulière de vide et de tension.

L’apport des canaux de hauteur, propre au format Dolby Atmos, se révèle en revanche plus contextuel. L'activité verticale reste très mesurée, le mixage ne cherchant pas à créer une bulle artificielle là où la scène ne l'exige pas. On relève tout de même un sentiment d'occasions manquées, tant les sollicitations franches de l'espace vertical se font rares. Mais quand la zone du plafond se réveille, elle le fait avec pertinence. On pense immédiatement à la séquence méta où les soldats, survoltés, regardent Apocalypse Now : l'ambiance de la salle de projection et les échos du film sollicitent pleinement les canaux de hauteur. Mention également à la chute de pluie (vers 43mn20) et aux différentes séquences de déploiement des troupes dans le désert. Lorsque les hélicoptères et les avions de chasse fendent le ciel du désert, ils traversent distinctement la zone du plafond, apportant une dimension oppressive à la menace venue des airs. Ces quelques exemples concrets vous sont restitués en reproduction binaurale dans notre traditionnelle vidéo.

La VO est restituée en Dolby Atmos, core TrueHD 7.1 (3132 kbps, sous 16-bit) avec une valeur de Loudness Range mesurée à 19.2 LU. Les versions doublées, dont celle en français, restent présentées en DTS 5.1 (768 kbps).

 

Test 4K Ultra HD Blu-ray : Jarhead (2005)

Test 4K Ultra HD Blu-ray : Jarhead (2005)

 
 

Bonus

- 2 pistes de commentaires audio
- Les rêves de Swoff
- Interviews inédites intégrales
- Le journal de Jarhead, avec une présentation du réalisateur Sam Mendes
- Contexte avec interviews des figurants
- Semper Fi, la vie après les marines
- Scènes supprimées

Conclusion

Sans prétendre constituer une démonstration technique absolue du format Ultra HD, cette édition Steelbook s’impose néanmoins comme la présentation domestique la plus aboutie de Jarhead (2005) à ce jour. Elle tire parti d’une compression vidéo sensiblement améliorée et d’un remixage de la version originale en Dolby Atmos, fidèle à l’esprit du film.