Test 4K Ultra HD Blu-ray : Une place à prendre (1991)

Publié le par la Rédaction



 

Synopsis

Josie, la fille du plus grand homme d'affaires de la ville, décide de fuguer. Un peu perdue, elle s'endort dans un grand magasin. Au réveil, toutes les portes sont fermées. C'est alors qu'elle fait la connaissance de l'homme d'entretien, Jim. Cependant, le duo va devoir faire face à deux cambrioleurs qui se sont introduits dans le magasin.

 

 

NB : Les comparatifs image (compression .jpg, 8-bit) sont strictement à usage illustratif et sont non représentatifs de ce que l'Ultra HD Blu-ray diffusera sur votre écran UHD HDR calibré.

 

Afin de mettre en évidence l'utilisation concrète du Wide Color Gamut (WCG) sur cette édition (voir tutoriel ici), les pixels qui se situent dans la gamme standard/BT.709 (confinés à l'intérieur du petit triangle REC.709) vous sont présentés ici entièrement désaturés. A l'inverse, ceux faisant partie de la gamme élargie BT.2020, exclusive au disque 4K Ultra HD Blu-ray (qui s'étendent à l'extérieur du petit triangle REC.709) vous sont présentés en couleur :

 

💋 🐴 « Passons la nuit d'abord. »

Certains films discrets, presque anonymes, laissent derrière eux une empreinte tenace. Une place à prendre (Career Opportunities), réalisé par Bryan Gordon sur un scénario de John Hughes, fait partie de ces récits en demi-teinte mais dont l’éclat oblique persiste bien après le générique. Une comédie en apesanteur, comme figée hors du temps, dissimulée derrière les néons anonymes d’un hypermarché — un lieu d’errance où perce une étrange mélancolie.

Dans cette Amérique périphérique — banlieues sans visage, parkings démesurés, enseignes criardes —, Jim Dodge erre à la dérive. Il a une vingtaine d’années, beaucoup de bagout et aucune direction. Archétype du rêveur inadapté, il est incarné avec une désinvolture irrésistible par Frank Whaley. Un ultimatum paternel le pousse à accepter un emploi de veilleur de nuit dans un grand magasin. Là, miraculeusement, entre les allées silencieuses, quelque chose s’ouvre : un théâtre inexploré.

C’est entre ces allées silencieuses que surgit Josie McClellan. Fille d’un homme d’affaires, elle a tourné le dos aux apparences pour trouver, entre deux têtes de gondole, un improbable refuge. La magnifique Jennifer Connelly lui prête une grâce distante, une tristesse contenue, une mélancolie souveraine. Le film se recentre alors sur cette rencontre improbable : deux jeunes gens, tous deux en rupture, s’observent, se provoquent, se rapprochent dans un huis clos éclairé aux tubes fluorescents.

Bien au-delà des contours d’une romance adolescente, Une place à prendre (1991) esquisse avec pudeur ce moment suspendu où les conventions s’effacent. Sa mise en scène, d’une sobriété assumée, épouse le tempo improbable des lieux : chaque allée se mue en territoire intime, chaque recoin résonne comme l’écho d’un état d’âme. Gordon filme ce supermarché désert comme un paysage intérieur, théâtre discret de confessions muettes. Le verbe se retire, laissant place aux silences et aux regards, seuls véritables vecteurs d’émotion. Sous des allures de comédie légère, le film prolonge les motifs chers à John Hughes — la fuite, le rejet des figures d’autorité, la quête d’identité — en y insufflant une mélancolie sourde, presque résignée.

Échec commercial lors de sa sortie, Une place à prendre (1991) demeure aujourd’hui comme un objet flottant, indocile aux classifications. Ni véritable teen movie, ni pleinement comédie romantique, le film respire ailleurs : dans l’éphémère, l’inattendu, et peut-être dans ce territoire toujours un peu trouble qu'est le fantasme adolescent.

Qualité Vidéo

Une place à prendre (1991) est le fruit d'un tournage opéré en 35mm à l'aide de caméras Panavision Panaflex Platinum munies d'optiques anamorphiques. Cette édition 4K Ultra HD Blu-ray a le mérite de s'appuyer sur un tout nouveau master 4K du film, lui-même basé sur un récent scan des négatifs 35mm originaux. Kino Lorber restitue l'oeuvre sur un disque BD-66, avec une compression HEVC, et les deux options HDR10 et Dolby Vision (12-bit, FEL).

Une impression d’authenticité profonde émane de cette présentation UHD, dont la définition améliorée se révèle tout au long des séquences. Les plans larges, montrant la façade du magasin baignée dans une ambiance nocturne, ou les interminables rayonnages éclairés par des néons froids, gagnent immédiatement en netteté et en finesse. Les plans serrés, centrés sur le visage et les formes lumineuses de Josie McClellan, s’affinent également... pour une proximité encore plus intime avec le personnage. Cette redécouverte visuelle s’accompagne d’un grain argentique plus dense, plus fin, et infiniment mieux restitué que sur le précédent Blu-ray. La compression HEVC soutient la cadence avec une supériorité accordée à la version DV-FEL qui bénéficie d'un apport non superflu dans son bitrate moyen (surcouche de compression mesurée à 17931 kbps).

En HDR, Une place à prendre (1991) tire pleinement parti de l’élargissement du spectre offert par le Wide Color Gamut. La palette, dominée par des couleurs primaires franches, y trouve un éclat inédit. Les rouges en particulier — ceux de l’enseigne Target, des vêtements, des étiquettes ou des produits alignés dans les rayons — gagnent en intensité et en saturation. Ces rouges n'auront aucun mal à capter votre regard. Une candeur colorée, presque enfantine, traverse ainsi l’image et redonne au film une énergie visuelle singulière, entre onirisme pop et réalisme stylisé. Le HDR magnifie également l'intensité des hautes lumières : néons, reflets, enseignes… C'est une honorable mise à niveau.

 

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Qualité Audio

En version originale, Une place à prendre (1991) bénéficie d’un remixage 5.1 inédit, absent de la précédente édition Blu-ray. Si l’on ne parle pas ici de révolution, un soin manifeste a été porté à la spatialisation, avec une utilisation subtile mais enveloppante des canaux surround. La musique — essentielle dans ce film suspendu entre rêverie adolescente et mélancolie diffuse — s’étire davantage dans l’espace, accompagnant les silences et les élans naissants entre les deux protagonistes. Les ambiances du magasin déserté, les résonances de pas sur le carrelage ou les échos lointains de conversations se dévoilent dans une expérience plus aérée et immersive. Le mixage stéréo 2.0 reste également proposé pour les puristes attachés à l’expérience sonore originelle.

Pas de VF ni STFR malheureusement pour cette édition (import USA). La VO est restituée en DTS-HD Master Audio 2.0 (24-bit, 1564 kbps) et DTS-HD Master Audio 5.1 (24-bit, 2488 kbps). L'indicateur de Loudness Range (LRA) a été mesuré à 18.1 LU.

 

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Bonus

- Commentaires audio du réalisateur Bryan Gordon
- Commentaire audio (Chicago Critics Film Festival Producer Erik Childress)
- Interview des acteurs Dermot et Kieran Mulroney (15:52)
- Interior, Night : le DP Donald McAlpine au sujet de Career Opportunities
- La hotte de deadpool hohoho 3
- Bêtisier
- 3 Scènes coupées

Conclusion

Une véritable mise à niveau, couvrant plusieurs aspects techniques — définition, étalonnage, compression vidéo — et qui se révèle globalement très satisfaisante. On regrettera cependant que cette édition s’adresse avant tout aux home-cinéphiles anglophones, la version française comme les sous-titres en français faisant cruellement défaut. Avis aux amateurs...