Test 4K Ultra HD Blu-ray : Mad Max : Fury Road (2015)

Publié le par la Rédaction



 

Synopsis

Hanté par un lourd passé, Mad Max estime que le meilleur moyen de survivre est de rester seul. Cependant, il se retrouve embarqué par une bande qui parcourt la Désolation à bord d'un véhicule militaire piloté par l'Imperator Furiosa. Ils fuient la Citadelle où sévit le terrible Immortan Joe qui s'est fait voler un objet irremplaçable. Enragé, ce Seigneur de guerre envoie ses hommes pour traquer les rebelles impitoyablement.

 

 

NB : Les comparatifs image (compression .jpg, 8-bit) sont strictement à usage illustratif et sont non représentatifs de ce que l'Ultra HD Blu-ray diffusera sur votre écran UHD HDR calibré.

 

Afin de mettre en évidence l'utilisation concrète du Wide Color Gamut (WCG) sur cette édition (voir tutoriel ici), les pixels qui se situent dans la gamme standard/BT.709 (confinés à l'intérieur du petit triangle REC.709) vous sont présentés ici entièrement désaturés. A l'inverse, ceux faisant partie de la gamme élargie BT.2020, exclusive au disque 4K Ultra HD Blu-ray (qui s'étendent à l'extérieur du petit triangle REC.709) vous sont présentés en couleur :

 

Retour en 2015. Dans un paysage cinématographique ravagé par les suites et reboots, Mad Max: Fury Road (2015) surgit comme un phénix des cendres, réinventant la saga Mad Max avec une fureur créatrice qui laisse pantois. Le retour de George Miller aux commandes de cette franchise légendaire est un coup de maître, transcendant l'absence de Mel Gibson et marquant durablement les esprits par une expérience visuelle frôlant l'hypnose. Les personnages, certes réduits à l'essentiel, se révèlent être de purs archétypes, dont la simplicité apparente cache une complexité qui fascine. Mad Max: Fury Road (2015) est au final bien plus qu'un simple exercice d'adrénaline : c'est une symphonie de mouvements, de couleurs et de sons qui s'est élevée au rang d'œuvre culte, où la maîtrise technique et la profondeur thématique se sont unies pour créer un divertissement bien singulier. Une réussite !

Qualité Vidéo

De la trilogie originale tournée en 35mm, Mad Max: Fury Road (2015) impose une rupture. Celle du digital avec l'adoption assumée de trucages CGI et de caméras numériques. Principalement l'Arri Alexa M et Arri Alexa Plus (2.8K) mais aussi différents modèles montés sur des véhicules en mouvement ayant servi à obtenir des prises de vue audacieuses, telles que la Blackmagic Cinema Camera et divers reflex (Canon EOS 5D Mark II, Nikon D800). Cette grande variété de sources a servi de base à la conception de l'oeuvre, dont le master intermédiaire a été supervisé en 2K. Le film de George Miller est disponible au format 4K Ultra HD Blu-ray depuis 2016 chez Warner Home Vidéo, avec une présentation exclusivement disponible en HDR10. Pour l'édition française, le disque UHD mobilise 54.05 GB d'espace réellement utilisé.

On vous épargne un discours élogieux supplémentaire portant sur la cinématographie de l'œuvre. L'intensité et la vitesse des scènes de poursuite ont déjà été longuement discutées, tout comme la composition des plans (l'action principale souvent concentrée au centre même du cadre) ou encore le montage, à forte identité et au rythme frénétique. Démo 4K ou pas, il s'agit d'une version issue d'un master 2K mise à l'échelle en 2160p. Et elle fait, c'est vrai, compte tenu des qualités esthétiques de l'œuvre de George Miller, toujours forte impression.

Si on se concentre sur des observations objectives, on note un cadrage qui a été légèrement resserré face au disque simple Blu-ray, un infime zoom-avant, certainement anecdotique, mais qui nous fait perdre une légère portion d'images sur les flancs latéraux. Malgré la nature numérique des prises de vue, du grain a été ajouté vraisemblablement en post-production, texturant les images d'un habit filmique fort appréciable. Il apparaît incontestablement mieux retranscrit sur la version UHD. Mais il manque d'homogénéïté et respire de façon encore délicate. En cause, une compression vidéo HEVC qui certainement mériterait d'être revisitée depuis 2016. Les débits moyen de compression restent modestes pour une œuvre au montage aussi effréné : 44 Mbps de moyenne. Pour sa défense, Mad Max: Fury Road (2015) reste un des premiers disques 4K UHD mis sur le marché en 2016... L'œuvre ne manque pas de piqué mais l'apport en définition pure reste assez anecdotique. Le Blu-ray s'en sort très bien sur ce segment. L'édition 1080p reste plus fragile dans la reproduction du grain. Les plans serrés sont souvent magnifiques : Furiosa (Charlize Theron), Max (Tom Hardy), les volants des véhicules, le masque d'Immortan Joe. Les plans larges de la Citadelle, la forteresse iconique, qui montrent l'ampleur de la désolation environnante, sortent aussi du lot. Au même titre que les plans larges du convoi War Rigs et de la Vallée des Mères. Cela reste une oeuvre visuellement étourdissante.

Il y a surtout beaucoup de choses à dire sur le traitement HDR, qui s'empare certainement de la notion de frénésie propre au concept d'une route chaotique. Car oui nous sommes confrontés à un animal très singulier aujourd'hui, avec un film dont les hautes lumières atteignent fréquemment des sommets dantesques, allant bien au-delà des 4000 nits. "Fury Road" porte bien son titre... C'est d'autant plus vrai que le MaxCLL (Maximum Content Light Level) établit un record potentiel : 10.000 nits sur la version HDR10 de 2016. Certes ces valeurs maximales ne reflètent pas la moyenne des pics lumineux qui est un peu plus conventionnelle (1654 nits). Mais elles interrogent la manière dont a été réalisé cet étalonnage. Pousser des valeurs de luminance à de tels extrêmes, sans même être mesure de visualiser le rendu sur un moniteur de référence - car incapable de couvrir de telles valeurs (surtout en 2015) - pose fondamentalement question.

Cela se manifeste par des éclats de lumière intensifiés dans ce morceau : les éclairs fulgurants de la tempête de sable, les détonations spectaculaires, les torrents de flammes du Coma-Doof et son instrument cracheur de feu à chaque riff de guitare, jusqu'aux innombrables pixels scintillants issus des éléments métalliques des véhicules. Evidemment, l'étape de mappage de tons s'imposera de force sur l'intégralité des téléviseurs grand public. Rappelons que ce processus de tone-mapping est crucial lorsque le contenu source excède les capacités lumineuses de l'écran de l'utilisateur, ce qui est fondamentalement le cas ici. Certains home-cinéphiles se sont plaints d'un rendu trop terne voire trop sombre. On peut émettre l'hypothèse de variations marquées sur le rendu final à domicile, dépendantes des spécificités de chaque écran, et de leur manière de gérer le tone-mapping depuis une source aussi singulière. Et c'est évidemment dans ce contexte que la présence de meta-données dynamiques, propres au format Dolby Vision, aurait été d'un très grand secours. Malheureusement, c'est rarement le cas sur les films de catalogue Warner disponibles en UHD Blu-ray.

Fermons cette parenthèse pour aborder l'usage du Wide Color Gamut qui se voit clairement confirmé sur ce titre. Une palette de couleurs vives et contrastées pour accentuer l'aridité et la brutalité du paysage a été exploitée. Les teintes brunes-orangées dominent les scènes de jour, évoquant la chaleur écrasante du désert, tandis que les scènes de nuit sont baignées dans des tons bleus froids, créant un contraste souvent saisissant, particulièrement en HDR. Dans leurs opposés, ces scènes diurnes et nocturnes sont marquées par une mobilisation régulière de couleurs sortant du gamut REC.709. Il y a aussi les couleurs vertes de la végétation des jardins hydroponiques du Biodôme (la zone la plus protégée et la plus viable au sein de la Citadelle) qui mobilisent ce large gamut. Souvent citées, les flammes et explosions, qui récupèrent d'importantes informations sur la version HDR10, dégagent une saturation qui pourrait paraître plus excessive que la version officielle SDR. Cela reste une solide expérience.

 

Test 4K Ultra HD Blu-ray : Mad Max : Fury Road (2015)

Test 4K Ultra HD Blu-ray : Mad Max : Fury Road (2015)

 

Qualité Audio

On ne va pas vous surprendre avec la mention d'un Oscar remporté pour le meilleur montage son en 2016. Mad Max: Fury Road (2015) peut encore servir de disque de démontration, y compris en 2024, grâce à son mixage sonore tonitruant supervisé en Dolby Atmos. VO et VF sont disponibles dans ce format, avec un core lossless Dolby TrueHD 7.1 aux débits moyens respectifs de 6077 et 6240 kbps. Des débits bien supérieurs à la moyenne et qui reflètent une activité tonitruante, s'accaparant sur les 2h de durée, tous les canaux à votre disposition. Le travail de sound design est prodigieux. Les sons ambiants du désert, comme le vent sifflant et le sable crissant sous les pieds, ajoutent une couche de réalisme qui fait sentir au spectateur la dureté de l'environnement. Les bruits de fond subtils, tels que les murmures des personnages et les cliquetis des armes, contribuent à la construction d'un monde sonore riche et détaillé. Les qualités dynamiques de ce mixage sont exemplaires. Les bruits des moteurs rugissants, des explosions tonitruantes, et des armes à feu créent une cacophonie bien musclée. Chargées d'une authenticité brute, les scènes de poursuite et de combat développées dans ce film font toujours partie des plus intenses du segment home-cinéphile. On se doit de mentionner l'activité des canaux verticaux, qui à l'opposé de nombreux titres récents supervisés en Dolby Atmos, est chargée en informations. La voix off de Tom Hardy dès les premiers instants du film, s'appropriant assez largement les canaux supérieurs, peut servir seule d'illustration. Il y a aussi les interventions cultes d'Immortan Joe, fabuleux orateur, prononçant ses discours en haut de la citadelle tout en s'emparant de la fidélité de ses sujets. Et une quantité non mesurable d'effets en tout genre, mobilisant l'axe vertical, sur les différentes scènes d'accidents et de collisions. Quelques exemples concrets vous sont présentés dans notre vidéo jointe, en reproduction binaurale.

 

Test 4K Ultra HD Blu-ray : Mad Max, Fury Road (2015)

 
 

Bonus

- Furie maximum : Le tournage de Fury Road
- Scènes coupées
- Mad Max : La furie sur quatre roues
- Les guerriers de la route : Max et Furiosa
- Les outils du désert
- Les cinq épouses : Belles comme le jour
- Fury Road : Accident et collision

Conclusion

Tout simplement un indispensable 4K Ultra HD Blu-ray, rien que pour sa section Atmos virulente. Mad Max: Fury Road (2015) reste aussi un titre visuellement extrême et la plage dynamique exploitée en HDR l'est tout autant. L'avenir nous dira si une édition supérieure, en termes de compression vidéo et avec l'apport hypothétique de métadonnées dynamiques Dolby Vision, viendra dépasser cette édition 4K déjà incontournable. Vivement octobre pour découvrir à la maison les prestations HDR et Atmos du prequel Furiosa (2024)...