Test Blu-Ray : Invasion

Publié le par la Rédaction



Film de 2007 réalisé par Oliver Hirschbiegel, Invasion nous arrive le 14 mai en Blu-Ray Disc. Quatrième adaptation cinématographique du roman culte de science fiction « L'invasion des Profanateurs », Invasion est le premier film du réalisateur allemand tourné en anglais.

Il nous retrace, à l'image des derniers 28 semaines plus tard et autres Je Suis une Légende, l'idée d'une peur intimement liée à une contamination tout en mêlant habilement le genre de la science fiction et ses qualités métaphoriques.

Invasion met une nouvelle fois en images une peur des plus contemporaines : un virus détruisant l'humanité, tout du moins ce qui constitue une part pour le moins conséquente de notre humanité à savoir nos émotions.

Qu'en est-il de cette édition Blu-Ray Disc signée Warner Home Video ? Voici notre test d'Invasion en Blu-Ray Disc…

Caractéristiques

Vidéo : Transfert 1080p VC-1
Audio : Anglais en Dolby TrueHD, Français, Anglais, Allemand, Italien, Espagnol en Dolby Digital 5.1
Sous-titres : Français, Anglais, Allemand, Italien, Chinois, Coréen Espagnol, Portugais, Danois, Finnois, Norvégien, Suédois et Néerlandais
Bonus : Les Invasions dans l'histoire des Medias, Invasion : une nouvelle histoire, Sur le Plateau, Attrapé

Résumé


La navette spatiale Patriot s'écrase après embrasement sur le sol nord-américain. L'évènement suscite l'intérêt des médias qui n'hésitent pas à relayer les peurs des citoyens pour former finalement une rumeur grandissante : une chose étrange entoure cette mise à terre. Lorsque le gouvernement s'en mêle : il est déjà trop tard. Un virus d'origine extra-extraterrestre a déjà contaminé de nombreuses personnes, qui après leur premier sommeil post-infection se transforment littéralement en personnalités dénuées d'émotion mais aux apparences inchangées. Les rues des villes deviennent vite dépersonnalisées. Tous les piétons et citoyens de Washington ont perdu leurs émotions.

Carol Bennel est une psychiatre ayant échappé à l'infection. Son fils manifeste pourtant des traits qui semblent confirmer un évènement qui poussera Carol à chercher à tout prix à échapper à cette contamination : il est porteur de traits lui conférant l'immunisation. Les infectés auront donc un but : tuer cet enfant qui n'a pas sa place dans la nouvelle société.

Une fois infectée, Carol parviendra-t-elle à retrouver et sauver son enfant ? Aura-t-elle suffisamment de force pour ne pas s'endormir et ainsi éviter que le virus n'agisse en son corps ?

Des intentions évidentes...


Il apparaît relativement clair que cette histoire ne suscite véritablement pas chez nous l'idée d'une exclusivité, d'un concept jamais vu ni apprécié. Rappelons à ce titre que l'Invasion of Body Snatchers avait jusque là fait l'objet de trois adaptations cinématographiques, comme s'il existait un besoin de revisiter tous les 15 ans cette œuvre de science fiction au combien inédite. Certes, il s'agit là d'une qualité propre à la science fiction qui, malgré qu'elle s'attarde à des sujets futuristes, témoigne toujours d'une portée métaphorique mettant en relief les grands traits de nos sociétés contemporaines pour mieux en exposer les limites et les dysfonctionnements.

Invasion aurait donc pu en revisitant anciens thèmes aux peurs d'aujourd'hui (virus, influence des médias) créer une œuvre porteuse de sens et reflétant une critique faite à l'égard de nos sociétés (ce qui est en soi le fond commun du genre de la science fiction (George Orwell, Aldous Huxley…))Mais ici il est clair que le message inhérent à ce film de science fiction apparaît très flou et a des difficultés à retranscrire les grands sujets de notre époque qui malgré tout devaient faire l'objet de cet Invasion d'Oliver Hirschbiegel : le rôle de la peur et des menaces dans les médias, l'utilisation de cette peur faite par les gens au pouvoir, les frontières de la non-humanité et de l'humanité dans une société transformée.

Beaucoup d'éléments viennent nous exposer l'idée que le réalisateur Oliver Hirschbiegel avait avec Invasion un joli projet en tête : porter une critique à l'égard de la société américaine actuelle, de son fonctionnement et de ses limites. « Dans toute civilisation, les gens au pouvoir ont utilisé la peur pour manipuler les gens » affirmera le réalisateur pour promouvoir son film. La ville choisie, Washington, ne relevait vraisemblablement pas d'un choix anecdotique. Le sujet, une contamination s'étendant rapidement, s'appuyait sur le contexte actuel de mondialisation et l'arrivée de nouvelles menaces (grippe aviaire). La présence en tout début de film (à l'image de ce qu'avait effectué Verhoeven dans Robocop ou encore Starship Troopers) des médias, semblait également un élément porteur de sens : ils jouent un rôle certain au sein d'Invasion en annonçant et véhiculant tels des hauts parleurs la menace.

...une réalité décevante


La présence de ces éléments suggérait l'idée qu'Oliver Hirschbiegel avait visiblement un projet critique en tête avec ce remake. Seulement voilà : le résultat sur le plan analytique est plutôt décevant. Là où le réalisateur pouvait insister sur le rôle des médias, la désinformation tenue à l'égard de l'infection et l'incitation au vaccin (qui dans le film n'est autre qu'un moyen d'étendre l'infection étant réalisée par des personnes déjà contaminées), le film ne leur accorde finalement qu'une présence anecdotique, un rôle de figuration. Les médias rapportent la présence de guerres, de conflits. Une fois la société contaminée, c'est la fin des conflits : tout semble réellement se passer. Aucun écart entre ce qu'affirment les médias et la réalité n'est évoqué.

Seconde limite : la définition de l'humanité. L'invasion débarque sur terre et annihile les émotions des hommes. En tant que spectateur, on y voit ici une véritable cruauté : la contamination enlève la part de notre humanité représentée par nos émotions. Mais c'est cette société finalement déshumanisée qui permet aux conflits de disparaître et de faire place à la paix. (on notera ici la réconciliation évoquée par les médias dans Invasion entre Chavez et Bush on ne peut plus symbolique ou encore le retrait des troupes en Irak). Ce film nous laisse ainsi penser l'idée que les conflits qu'ils soient personnels ou internationaux reposent sur l'état de nos émotions. Supprimer nos émotions reviendrait à mettre fin aux conflits.

Cette lecture est bien évidemment critiquable. Elle oublie dans un premier temps que nos émotions naissent dans des contextes spécifiques, des situations qui nous sont parfois imposées. Elle impose également l'idée que les grandes manœuvres et conflits historiques reposent sur des divergences émotionnelles là où on aurait tendance à penser que certains conflits effectués naissent d'intérêts rationnels (économiques, politiques ou stratégiques) soutenus par les belligérants. Pire, les médias dans Invasion ne font par ailleurs que relayer ce qui semble être naturel. Les mauvaises nouvelles, moteur principal des médias actuels, ont avec cette définition de l'homme un rôle angélisé : ils reflètent l'état de la nature humaine finalement corrompue par ses émotions : les nouvelles apportées par les journaux sont donc mauvaises car l'homme serait capable par ses émotions du pire. Les constructions médiatiques et le travail journalistique correspondraient à la véritable réalité.

Là où le réalisateur aurait pu ficeler une intrigue forte et porteuse d'une réelle vision critique tenue à l'égard de la société, Invasion aborde les sujets classiques de la science fiction en y atténuant tous les principaux traits caractéristiques. On sait que la première version du film qu'a présenté Hirschbiegel au studio n'a pas plu, Warner ayant embauché un nouveau réalisateur pour tourner de nouvelles scènes du film et en modifier la forme et le déroulement. Est-ce là un signe d'un film dont la vision originale du réalisateur a été détournée ? Rien n'est sûr. Dans tous les cas la morale dépeinte dans Invasion est plutôt intrigante, et la vision faite du pouvoir et de l'utilisation des médias très institutionnelle et finalement peu critique. Une vision qui étonne du fait du passif assez controversé du réalisateur de La Chute ou encore de l'Expérience au sein duquel il montrait bien que la situation particulière d'une expérience carcérale pouvait être à l'origine des pires comportements chez l'homme. Une vision forte que l'on ne retrouve malheureusement pas ici. Invasion restera donc surtout un bon divertissement.

Qualité Technique


Vidéo

La qualité visuelle sur cette édition Blu-Ray est au rendez-vous. Le transfert 1080p VC-1 effectué est tout simplement efficace. Le seul petit défaut est relatif à la source quelque peu granuleuse, un aspect qui reste toutefois naturel. On progresse tout au long du film en terme colorimétrique. Les couleurs vives du début du film deviennent désaturées au fil de l'invasion. Les contours sont soignés et bénéficient d'une réelle précision. Les niveaux de noirs sont également plutôt bons. Les scènes informatisées venant suggérer l'idée de l'infection au sein des cellules des corps des infectés bénéficient quant à elles d'un réel rendu 3D et d'une absence totale de grain qui peu contraster avec les autres scènes du film. Invasion bénéficie finalement d'un excellent transfert mise à part cet aspect granulation.

Audio

Warner nous délivre une piste en version originale déclinée en Dolby TrueHD. Il s'agit bien évidement de la piste à privilégier. Les premières scènes du film nous immergent directement dans le demi-sommeil de Carol Bennel. On y notera donc dès les premiers instants une utilisation efficace des effets surround que l'on apprécie particulièrement ici. Les dialogues sont diffusés sans défaut. De nombreuses scènes dynamisent la lecture de ce film : chasse en voiture face aux infectés ou encore scènes d'hélicoptère. L'infiltration du virus au sein des cellules de Carol exploite des effets sonores conférant l'idée d'une plongée aquatique parfaitement restituée en 5.1. Côté VF, on notera la présence d'une piste classique en Dolby Digital 5.1 bénéficiant d'une vraie dimension.

Bonus et Conclusion


Bonus

Invasion : Une Nouvelle Histoire, Sur le Plateau, Attrapé

En guise de suppléments interactifs, Warner nous offre tout d'abord un ensemble de trois featurettes. Malheureusement, celles-ci sont trop courtes pour être véritablement intéressantes. Aucun sujet n'est abordé avec réel profondeur et on a des difficultés à saisir parfois ce qu'entendait le réalisateur lorsqu'il précisait certaines indications. Ces featurettes font plus office de bandes annonces que de réels documents making-off.

On s'est déjà fait avoir : Les Invasions dans l'histoire des Medias

Heureusement, Warner propose un document qui lui s'avère véritablement pertinent. S'intitulant, Les Invasions dans l'histoire des Medias, il est tout d'abord présenté en haute définition. Il revient sur les éléments entourant le film : le scénario, le roman original « L'invasion des Profanateurs » et sur les raisons ayant conduit à la réalisation de ce nouveau projet. On y retrouve également un abord plus analytique avec l'aspect métaphorique des grands romans de science-fiction. D'autres sujets sont ensuite abordés tels que l'importance des médias lors de la profusion des menaces et surtout la peur. Le document aborde enfin les probabilités pour qu'une menace virale apparaisse dans les prochaines années.

Conclusion

Au final, Invasion en Blu-Ray est une édition de qualité. On regrette peut-être l'absence de bonus plus interactifs, et surtout l'idée que ce film ne s'imposera pas aux côtés des grandes oeuvres de science-fiction ou encore des jolis remakes. Il s'agit d'une version des profanateurs qu'on oubliera certainement assez rapidement. Quoiqu'il en soit cette édition reste soignée sur le plan qualitatif.