Test Blu-Ray : L'assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

Publié le par la Rédaction



L'Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford, film réalisé par Andrew Dominik en 2007, est disponible depuis le mois d'avril 2008 en édition Blu-Ray Disc. Bien que la figure de Jesse James soit associée au sein de nos représentations collectives à l'image du bandit héroïque, c'est un film à la lenteur romanesque que nous réalise ici Dominik.

Il s'agit finalement d'un nouveau genre de western à la fois psychologique et envoutant qui s'attache particulièrement à l'évocation et à la représentation de l'état d'âme de Jesse James et de son Robert Ford. Un véritable combat en soi psychologique.

Qu'en est-il de cette édition Blu-Ray Disc que nous propose Warner Home Video ?

Voici notre test…

Caractéristiques

Vidéo : 1080p VC-1
Audio : Anglais, Français, Espagnol, Allemand et Italien en Dolby Digital 5.1
Sous-Titres : Espagnol, Danois, Néerlandais, Anglais, Finois, Français, Allemand, Italien, Norvégien, Portugais et Suédois
Bonus : Aucun

Résumé


« Jesse James est un bandit dont la tête est mise à prix. Du Kansas au Missouri, ses attaques à main armée de Danville à Santa fée font la gloire au Far West à jamais. »

Jesse James est effectivement devenu une légende. Véritable mythe du bandit héroïque, Jesse fait déjà l'objet à la fin du 19ème siècle de nombreux livres et de récits mythiques. Robert Ford est un jeune homme âgé d'à peine 19 ans. Il est l'un des admirateurs inconditionnels de Jesse, un homme dont il cherchera à imiter pour ne pas dire « devenir ». Robert parvient à s'infiltrer au sein des proches de Jesse.

Lorsque la tête de cette légende est mise à prix, Robert doit faire face à un vrai conflit existentiel : celui de tuer ce héros qu'il admire et dont il tire son identification depuis ses plus jeunes années. S'en suit un véritable duel psychologique confrontant Jesse et Robert, qui mènera le jeune homme à parvenir à sa quête.

Malgré ses multiples représentations théâtrales qui mèneront Robert sur le devant de la scène, seul Jesse, un homme finalement sombre et partagé, deviendra pourtant une légende…

Jesse James : un héros ?


Il est clair qu'Andrew Dominik, réalisateur de ce film bénéficiant de l'interprétation de Brad Pitt, a su créer une véritable surprise. Il est parvenu à générer une œuvre dotée d'un style qui lui est unique et qui surfe certes sur des dimensions populaires (Brad Pitt, Western, Récits mythiques) mais tout en conférant l'idée d'une œuvre lyrique. Car L'assassinat de Jesse James ne retrace pas un duel propre au genre classique du Western, mais une vraie confrontation psychologique. Ce sont tour à tour les différents états d'âmes des protagonistes qui sont mis en images et représentations. Et Dominik nous les présente en s'appuyant sur une mise en scène plutôt somptueuse.

Ce film est doté d'une dimension contemplative certaine. Se succèdent non des scènes d'action, mais des visages, des paysages, des sentiments, le tout sous un rythme profitant d'une lenteur obsédante et envoutante. L'attaque du train à main armée est présentée de façon littéralement somptueuse. Une lumière venue de loin vient perforer l'obscurité. Les paysages sont eux même présentés de façon presque photographique. L'ambiance sépia et les tons les plus ocres permettent de restituer un Ouest américain dont on pourrait devenir effectivement nostalgique. L'esthétisme du film dispose finalement d'un parfum très poétique.

C'est aussi le versant héroïque que Dominik cherche non à explorer mais à limiter la portée. Le Jesse James présenté est un homme avant tout et non une légende. Ses actes ne font pas sa fierté. Les nombreux récits sont pour Jesse des foutaises. Le héros n'est pas idéalisé !

A la prestance naturelle de l'acteur s'oppose ainsi le déchirement intérieur du personnage. Jesse James est finalement au-delà du mythe, présenté en tant que personnage très nuancé, difficile à cerner. Et le réalisateur s'appuie sur de nombreux outils cinématographiques pour exposer ce portrait d'un être humain avant tout (plus qu'un héros). De nombreux plans flous jalonnent ainsi le récit et permettent de susciter l'idée suivante : le héros est une figure construite, déconstruite, et reconstruite au fil du temps… Et c'est là où ce film excelle : L'assassinat de Jesse James par le Lâche Robert Ford nous offre un nouveau regard poétique, flou, et nuancé de cette figure héroïque qu'est (devenu) Jesse.

Qualité Technique


Vidéo :

Sur le plan technique, cette édition Blu-Ray est plutôt une œuvre que l'on pourrait qualifier d'à demi teinte frôlant le bon et le moins bon. Il s'agit tout d'abord d'un disque simple couche (BD-25). Le film est proposé en 1080p (encodage VC-1). On s'interroge donc sur l'espace disque (suffisant ?) pour stocker cette œuvre lyrique, d'autant plus qu'un ensemble de cinq pistes audio sont disponibles au sein de cette édition et que le film dure pas moins de 160 minutes. Quoiqu'il en soit, le film bénéficie d'un transfert satisfaisant mais peu extraordinaire. Le grain est présent, les noirs peu suffisamment profonds malgré le fait que les contours restent assez bien définis.

Mais le style du réalisateur trahit peut être notre besoin de haute définition. Le film profite d'un style qui lui est propre, avec de nombreux plans flous volontaires, des tons ocres et obscurs, ainsi qu'une ambiance sépia digne des anciennes photographies. On a ainsi le sentiment de profiter d'un film qui sur le plan graphique est ancien et qui n'est peut être pas valorisé par l'aspect HD conférant un sentiment et une impression de netteté. Le style visuel est tout comme les personnages du film très nuancé et parfois flou ; les états d'âmes des personnages changent et évoluent au fil de l'histoire.

C'est sans doute une des raisons expliquant que cette édition Blu-Ray nous confère le sentiment d'un film HD visuellement perfectible et moyennement défini. Reste que de nombreuses scènes sont visuellement somptueuses à l'image de cette arrivée fantasmagorique et lumineuse du train venant des ténèbres jusqu'au pied du héros Jesse James, une arrivée qui figure la dualité certaine de ce personnage mythique.

Audio :

L'aspect audio n'est lui-même pas associé à l'idée d'une vraie haute définition. Pour preuve l'éditeur ne nous propose que des pistes en Dolby Digital 5.1. On aurait ainsi apprécié l'idée d'une piste en Dolby TrueHD, ou en PCM 5.1 non compressée. Mais le DD 5.1 suffit amplement à satisfaire nos exigences, tant ce film est calme à la fois sur le plan visuel et sonore. Seules l'arrivée fantasmagorique du train et l'attaque à main armée qui s'en suit profitent réellement d'effets surround immergeant. Ce film est surtout sur l'aspect audio très poétique, avec une musique certes envoutante mais peu dynamique produite par Nick Cave.

A nouveau, c'est peut être le style de James Jesse qui trahit notre besoin de pistes HD dynamiques profitant de nombreux effets sonores immergeant. L'ensemble reste toutefois de très bonne facture avec une priorité donnée aux dialogues et aux légers éléments environnants.

Bonus et Conclusion


Comble du comble qui ne mérite pas de longs commentaires : aucun bonus n'est présent au sein de cette édition Blu-Ray Disc. L'édition double DVD est sans doute plus riche en contenus interactifs !

Au final, L'assassinat de James Jesse par le lâche Robert Ford est une œuvre cinématographique obsédante. Malheureusement, l'absence d'éléments interactifs (commentaire audio, making-off…) déçoit. La qualité technique de ce Blu-Ray disc est présente mais sans doute trahie par le style visuel mélancolique et poétique du réalisateur.