Test Blu-Ray : Black Swan

Publié le par la Rédaction



Synopsis

Rivalité dans la troupe du New York City Ballet. Nina est prête à tout pour obtenir le rôle principal du Lac des Cygnes que dirige l'ambigu Thomas. Mais elle se trouve bientôt confrontée à la belle et sensuelle nouvelle recrue, Lily, qui désire le rôle autant qu'elle...

Lecture du film

Les films de Mel Gibson et aujourd'hui de Darren Arownosky, de Requiem for a Dream à The Wrestler en passant par Black Swan, ont une qualité commune : ils forment chacun dans leur style une représentation du mécanisme de la victime émissaire, au fondement de la théorie du désir mimétique développée par le célèbre anthropologue français René Girard. Comme on l’évoquait l’an dernier dans The Wrestler, Mickey Rourke se donnait littéralement en spectacle non simplement pour divertir la société américaine (et le cinéphile), mais pour s’offrir, en bon « bélier-missaire » (pour reprendre l'expression présente dans le titre), en sacrifice. Le ring de catch pouvait ainsi s’assimiler à l’espace sacrificiel d’un bouc émissaire, Randy The Ram, qui en bon «Bélier» souffrait des oppositions qui l’animaient. Le catcheur était présenté à la fois comme le héros et la victime d’un rituel, endossant les rêves de la foule mais devant également se sacrifier pour elle, une foule qui s’était déchargée symboliquement de toute sa violence sur lui. A l’image en quelque sorte de la Passion de Mel Gibson, les héros des films d’Arownosky portent en eux les péchés d’une société en crise et se sacrifient pour elle, au cours d'un geste d’auto-purification collective.

Si l’on retrouve particulièrement cette dimension rituelle dans Requiem for a Dream, Black Swan développe également ce schéma du sacrifice individuel dont les enjeux sont collectifs et sociaux. Black Swan a été décrit par son réalisateur comme un conte de fées inspiré du ballet de Tchaïkovski, Le Lac des Cygnes. Mais un conte de fées spécifique, étrange, dans lequel l'horreur s’est mêlée à la féérie.

On y suit Nina, une jeune danseuse de ballet qui a obtenu le rôle du cygne noir et du cygne blanc du Lac des cygnes et qui est amenée à succéder à une danseuse émérite : Beth, interprétée par Winona Ryder. Tout le monde semble la traiter durement, lui mettre la pression. Elle-même se met la pression. Elle tombe rapidement dans une forme de névrose qui va dégénérer en psychose, comme si l’enfermement solipsiste de cette apprenti-artiste représentait le prélude à sa perte de Soi puis à sa chute dans la psychose. Darren Arownosky, qui signe dans Black Swan un vrai chef-d’œuvre, évoque dans ce film l’idée principale que la quête de perfection, tant recherchée dans ce milieu élitiste, est le fruit d’une construction mensongère, un rêve collectif, un mythe dont tout le monde est victime mais que tout le monde entretient. La mère, le professeur, l’ensemble de l'entourage ainsi que la danseuse elle-même entretiennent cette représentation. Cette quête vers l'idéal permettra de magnifier le plaisir esthétique et faire croire à la foule, le public, que la danseuse une fois mature, dispose d’un pouvoir d'abord inaccessible aux profanes, mais un pouvoir que chacun pourra partager par l’appréciation esthétique. Le film se clôture d’ailleurs sur un suicide artistique qui est le sacrifice d’une artiste sacralisée parvenant à ses fins : la communion avec son public.

Paradoxalement et c’est l’une des forces des films du metteur en scène, la quête de l'héroïne, nourrie par un désir d’achèvement, de perfection, n’a finalement pas beaucoup de sens sur le plan humain, si ce n’est, outre de détruire la vie de l'héroïne, d’entretenir l’éternel et même rêve dénoncé dans les films d'Arownosky; une construction mensongère : l’American Dream.

Le sacrifice de Nina, dont il est question à différents degrés dans le film, n'est-il pas paradoxalement beau et absurde à la fois ?

Darren Aronofsky développe finalement un film subtil, ténébreux, et doté d'une très rare et forte symbolique. Sa mise en scène est excellente, tout aussi bouleversante que l'interprétation de Nathalie Portman. On a trouvé également Vincent Cassel particulièrement juste dans le rôle du professeur de ballet poussant dans ses derniers retranchements la danseuse, en faisant preuve  d'une intransigeance à la fois  justifiée et délicieusement malsaine.

Le film sortira dès le 29 juin en Blu-ray. En voici en avant-première le test complet.

Caractéristiques
Vidéo : Transfert 1080p MPEG-4 AVC (Débit moyen d'environ 28466 Kbps) / Format 2.35
Audio : Anglais en DTS-HD Master Audio 5.1 (Débit moyen de 3622 kbps / Encodage 24-bit / Core 1509 kbps), Français, Japonais, Russe en DTS 5.1 (768 kbps / 24-bit), Tchèque, Hongrois, Polonais, Thai, Turc en Dolby Digital 5.1 (448 kbps)h
Sous-titres : Arabe, Bulgare, Chinois, Croate, Tchèque, Néerlandais, Estonien, Français, Hébreux, Hongrois, Islandais, Indonésien, Japonais, Coréen, Polonais, Russe, Serbe, Slovénien, Thai, Turc, Ukrainien, Vietnamien

Qualité Vidéo

Nous sommes tombés sous le charme de Black Swan qui s’offre avec ce Blu-ray un transfert de toute beauté, et on insiste : vraiment de toute beauté. Mais attention : à l’image du précédent film du réalisateur, The Wrestler, les propositions visuelles et l’atmosphère de ce long métrage restent très particulières, rugueuses, ténébreuses.

Il nous semble important de rappeler que Darren Aronofsky et son équipe ont effectué le choix de tourner ce film en 16mm. Ce choix permet d’offrir au réalisateur plus de flexibilité au moment du tournage, les caméras 16mm étant notamment plus légères. Deux inconvénients néanmoins : le potentiel de définition offert par le 16mm reste inférieur au 35mm et le grain image est doté d’une plus forte identité et se doit d’être pleinement maîtrisé. Autre point important : le tournage a été effectué en caméra à l’épaule. Cela génère à l’écran des plans souvent très agités, instables (trop parfois ?) mais en même temps des plans capables de refléter l’univers intérieur bouleversé du personnage principal. Précisons enfin – plus pour l’anecdote – que Darren Aronofsky n’a pas hésité à employer des reflex Canon (Canon EOS 7D, 1D Mark IV précisément) notamment sur la scène dans le métro. L’anecdote est intéressante à plus d’un titre. Elle montre par exemple à quel point les plans tournés en numérique, une fois retravaillés en post-production (couleurs étalonnées, application d’une jolie couche de grain) parviennent à s’intégrer et se marient parfaitement sur le plan visuel au reste du long métrage au rendu pourtant terriblement argentique.

Que nous offre Fox avec ce transfert ? Tout simplement des prestations fidèles envers le matériel de départ et la signature artistique, une signature qui certes déstabilise, mais qui fait à nos yeux toute la beauté et originalité de ce film. Les images délivrées sont d’une rare densité. Le grain image se veut souvent exacerbé, imposant ; fluctuant aussi. Il offre ainsi une succulente épaisseur au rendu vidéo ainsi qu’une dimension déstabilisante (ce qui est très à propos avec le chemin entrepris par l’héroïne). Le niveau de définition reste positif. Il révèle surtout la densité presqu’artisanale du grain image, même si de fins détails parviennent à nous être aussi communiqués à l’écran (griffures, poils, vêtements...).Le piqué en lui-même n’est pas forcément déplaisant pour un tournage 16mm même s’il est loin de revendiquer, soyons clair, le côté minutieux d’un film réalisé en 35mm ou en numérique 4K. Les tons chair très prononcés, associés à une palette de couleurs presque dichromatique (marquant en filigrane la dualité formée par les deux cygnes) reflètent également, non sans un pouvoir symbolique, les forces contradictoires qui bouleversent et finissent par pousser à bout la jeune Nina. L’ensemble repose surtout sur un parfait encodage (MPEG-4 AVC – Débit moyen de 28466 Kbps). Donc une grande réussite mais aussi des images à forte signature visuelle, très nerveuses, déstabilisantes, qui participent néanmoins pleinement à la narration. Joli transfert !

Qualité Audio

Fox délivre également une remarquable piste DTS-HD Master Audio 5.1 pour la version originale du film. Elle est encodée sous 24-bit de profondeur et délivre un débit moyen de 3622 kbps. D’abord, l’emploi du codec DTS-HD restitue une superbe dynamique. Les multiples envolées lyriques, sous fond de musique classique, bénéficient d’un superbe rendu. A plusieurs moments, le spectateur se sentira entouré, absorbé par les données musicales sur lesquelles survolent Nathalie Portman. Sur les prestations musicales, on notera ainsi une grande réserve d’énergie déployée. Beaucoup de montées en régime aussi sont remarquées. Elles sont parfois foudroyantes avec des effets proches du jump-scare (dont l'enjeu est de faire sursauter le spectateur). Elles sont parfois progressives aussi comme avec la séquence finale au cours de laquelle Nina s’abandonne à cette forme de puissance imprévisible que représente le cygne noir, une puissance suggérée par une hausse enivrante du volume sonore.

Très belle dynamique certes, mais le reste y est aussi. L’exploitation de la scène 5.1 a été vraiment maximisée. Les effets arrières sont subtils et la perspective sonore assez remarquable sur ce film notamment au travers des sonorités (voix des personnages, ambiances, subtiles réverbérations) qui suivent le regard ainsi que le positionnement dans l'environnement de Nina, en créant par là-même sur de nombreuses séquences une jolie impression d'espace. La réponse en fréquence est très belle avec un usage du caisson robuste. Les descentes, nombreuses, dans le bas registre, épaississent régulièrement d'un voile presque maléfique de nombreux passages. Les voix des personnages, comme par exemple les directives du professeur de ballet, s’accompagnent d’un traitement très réaliste des sons. Le design sonore reste néanmoins sophistiqué. Dès l’entame du film, au réveil de Nina et lorsqu’elle exécute ses premiers étirements, on perçoit de superbes sonorités (notamment ces craquements d’articulations qui d’emblée font frémir le spectateur et qui le placent directement dans la dureté du film). Très sincèrement, c’est une excellente bande son, enivrante dans son rendu musical et subtile au travers la précision de ses effets déployés.

Un mot sur la VF : elle est proposée en DTS (768 kbps / mi-débit / 24-bit). Et elle ne démérite pas. Certes, on préfère le rendu de la version originale, plus épais, plus subtil et plus authentique grâce aux vraies voix des acteurs. Mais la version française dispose d’une dynamique assez cossue également et d’une exploitation de la scène sonore qui reste pertinente, malgré le choix toujours impardonnable du DTS mi-débit, présent sur toutes les VF des éditions Blu-ray Fox.

Bonus


La Métamorphose de Black Swan (HD - 48.53 minutes)
Ah ! Voilà un making-of comme on les aime. D'abord, il semble bel et bien avoir été filmé à l'aide de reflex vidéo (Canon ?). Il aborde vraiment l'essentiel de cette production avec des commentaires du réalisateur et de nombreuses plongées dans les coulisses du tournage. On y aperçoit les acteurs principaux, le directeur photo qui travaille toujours avec ses appareils photos. Le making-of aborde également les nombreux effets spéciaux visibles et invisibles à l'écran (les jeux de Miroir avec Nina, sa transformation en cygne, et d'autres trucages plus subtils (lissage de plancher, suppression d'éléments sous After Effect...)). Un excellent document !

Bande-Annonce Cinéma

Ballet (HD - 2.33 minutes)
Une featurette promo.

Les coulisses de la production (HD - 4.00 minutes)
Un document qui vient compléter le making-of mais qui n'apporte pas grand chose de plus.

Les costumes (HD - 3.55 minutes)
Une featurette sur les jolis costumes du film mais à nouveau tout cela est déjà abordé dans le making-of cité plus haut.

Portrait Nathalie Portman (HD - 3.16 minutes)
Une interview de l'actrice entrecoupée de scènes du film et d'extraits des coulisses du tournage.

Portrait de Darren Aronofsky (HD - 2.48 minutes)
Un portrait ? Plus une présentation du film par le metteur en scène.

Préparation au rôle (HD - 3.53 minutes)
Une discussion entre Darren Aronowfsky et Nathalie Portman portant sur la manière dont elle a préparé son rôle. On apprend par exemple que Nathalie a fait beaucoup de danse quant elle était jeune.

Danser face à la caméra (HD - 1.35 minutes)
Suite de la discussion précédente.

Fox Movie Channel présente :

- Nathalie Portman dans la peau de Nina (SD - 5.56 minutes)
- Winona Ryder dans la peau de Beth (SD - 2.17 minutes)
- Barbara Hershey dans la peau d'Erica (SD - 3.37 minutes)
- Vincent Cassel dans la peau de Thomas (SD - 4.43 minutes)
- Darren Aronofsky  (SD - 6.23 minutes)

Conclusion et Screenshots HD


Conclusion

C'est tout simplement une édition proche de la perfection. D'abord parce que le transfert restitue le film avec ses partis-pris artistiques et son grain soutenu. Ensuite parce que la version originale, présentée en DTS-HD Master Audio 5.1 (24-bit) est succulente. Enfin, parce que les bonus (notamment le making-of) de cette édition, réalisé en reflex, est très riche en information. Seul point noir : la VF toujours limitée à du DTS mi-débit mais on est maintenant habitué avec la Fox...

Black Swan s'impose comme une édition Blu-ray très hautement recommandée par la rédaction. D'autant plus que ce film est chef d'oeuvre, du pur régal !

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Screenshots HD (Extraits redimensionnés en 1280 x 720 pixels et encodés au format .jpg)

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