
Perspective historique de la télévision haute définition !
Publié le par la Rédaction
Introduction :
Produit aux milles et un adjectifs, la télévision constitue certainement à elle seule l'un des objets ayant suscité le plus d'attrait dans le secteur de la consommation grand public depuis plusieurs décennies. Elément clé des plus larges marchés internationaux, support inéluctable du monde économique contemporain, la télévision n'en constitue pas moins et pour chacun un objet de fascination, une boîte à images animée et pleine de vie qui a su s'introduire au sein d'un grand nombre de foyers.
Objet décrié par certains pour ses méfais en terme d'éducation, vecteur de propagande moderne et de manipulation pour d'autres, la télévision n'en constitue pas moins une possibilité d'élargissement du monde cinématographique au sein de l'espace domestique, un élargissement qui paradoxalement pourrait être assimilé également à une restriction de notre expérience audiovisuelle, le cinéma tendant à s'associer de plus en plus à un « home-cinema ».
C'est d'ailleurs dans cette perspective qu'il s'agit de saisir l'arrivée contemporaine de la télévision haute définition sur les marchés internationaux. La TV connaît effectivement, avec la haute définition, une nouvelle révolution qualitative, que certains n'hésitent d'ailleurs pas à comparer avec l'arrivée, il y a quelques décennies, de la couleur sur nos petits écrans.
Pourtant, la TVHD ne date pas d'hier. Elle se veut en effet le fruit d'une évolution à la fois historique et construite qu'il s'agit ici de saisir en vue peut-être de mieux comprendre les différents enjeux et significations de notre HD d'aujourd'hui. Celle-ci, avec l'arrivée des systèmes de productions cinématographiques modernes, des nouveaux moyens de communication et de l'émergence de l'informatique à l'échelle grand public, sera associée de plus en plus à la dénomination « numérique ».
Du mécanique au cathodique : une émergence progressive issue de l'entre deux guerres :
L'arrivée de la télévision, n'est contrairement à un grand nombre d'innovations, pas véritablement associée au nom d'un seul et unique brillant savant. Bien que l'idée de transmission d'images remonte très vraisemblablement au milieu du 19ème siècle, la grande avancée pourrait être relative aux essais effectués par l'écossais John Logie Baird. Cet ingénieur anglais publie en effet le Televisor, la première télévision mécanique au cours du milieu des années 1920.
La première image télévisée fut présentée le 26 janvier 1926. Mais il s'agit ici de rappeler que cette dernière n'était composée en fait que de deux couleurs (rouge et noir), et de 30 lignes balayées verticalement. Certes loin des définissions actuelles, il s'agissait pourtant d'un véritable système de télévision et les années 1930 permettaient déjà aux européens et résidents d'Angleterre de profiter de premières émissions. Le Televisor de Baird connaît une sensible amélioration avec l'introduction des procédés du tube cathodique immiscée par Holweck. La dernière évolution du Televisor se limitera malgré tout à l'obtention d'images de 1000 points sur une trentaine de lignes.
C'est en Angleterre pourtant qu'apparaît un premier système proposant 405 lignes. Véritable haute définition pour l'époque, la BBC lancera la télévision électronique en Grande Bretagne et s'orientera vers ce système avant l'arrivée de la seconde guerre mondiale, période durant laquelle elle se verra interrompre sa programmation habituelle, le dernier d'entre eux n'étant autre que Mickey Mouse de Dysney. Dans le même temps, les USA après avoir adopté en 1940 un système à 525 lignes, n'hésiteront pas à apporter du matériel de guerre empruntant cette définition.
Des années d'après guerre marquées par des divergences !
C'est à partir de la fin des années 1940 que les prémices de la HD commencent à faire une première apparition. En France, les années 40 sont marquées par des recherches d'ingénieurs pour un système de télévision offrant jusqu'à 1029 lignes. C'est à ce propos que l'année 1948 représente une année de transition : il s'agit de l'adoption en France d'un système finalement à 819 lignes, une période concomitante par ailleurs à l'invention du célèbre Transistor.
Les années 50 sont marquées toutefois par l'apparition de divergences conséquentes. L'Europe retient finalement en 1952 un système à 625 lignes comme norme standard de la télévision. Les Etats-Unis quant à elles adopteront la norme NTSC (abréviation de National Television Standard Committee) en 1953, un système affichant 525 lignes avec 60 demi-images par seconde, que le Japon adoptera également malgré la présence de certaines nuances techniques toutefois minimes. Notons que la télévision européenne se présentera sous deux déclinaisons : le PAL et le SECAM, les deux systèmes affichant toutefois un même ensemble de 625 lignes.
A la quête de la haute définition ...
C'est au Japon que les premiers concepts modernes de télévision haute définition commencent véritablement à voir le jour. L'enjeu était relatif à la volonté de faire de la télévision une équivalence à petite échelle du monde cinématographique. Dès la fin des années 70, les laboratoires japonais sont au coeur des préoccupations audiovisuelles du secteur, et la NHK développe le premier véritable système HD de l'histoire moderne : MUSE. Présenté en tant que prototype en 1981, le système se veut véritablement prometteur. MUSE présente toutefois un sérieux handicap : il se veut incompatible avec le matériel déjà commercialisé dans le monde entier. Il comportait toutefois un ensemble de 1125 lignes, chacune dotée de 1920 pixels : de la véritable haute définition (prononcée Hi-Vision au Japon). Notons que les Etats-Unis furent pendant un temps très intéressés par le système MUSE.
L'Europe de son côté s'est voulu très réticente vis-à-vis de cette avancée japonaise. En 1986, a lieu la réunion du Comité Consultatif International des Radiocommunications, C.C.I.R, à Dubrovnik en Yougoslavie, une réunion qui devient vite synonyme du lancement de la recherche européenne en TVHD. Cette dernière se voit vite associer au projet MAC, issu de recherches antérieures britanniques. Notons que l'image se veut ici traitée par voie analogique. Deux programmes par la suite vont poser les grande directives de la télévision haute définition en ce qui concerne l'Europe. Le principal se prénomme Euréka 95, dont l'enjeu est de définir un véritable système de télévision haute définition capable de s'imposer sur le plan international. Naît ainsi principalement le HD-MAC, comportant un ensemble de 1250 lignes à balayage entrelacé, qui bien que soutenu par la recherche et par de nombreuses campagnes de promotions (citons ici le groupe Vision 1250 créé en juillet 1990) ne parviendra finalement pas à s'imposer.
...au basculement vers le tout numérique !
Ce sont pourtant les Etats-Unis qui seront à l'origine de la HD moderne, c'est-à-dire essentiellement numérique. Intéressés par la HD depuis le début des années 80, les USA poursuivent leurs propres recherches. C'est dans cette perspective que s'exerce l'Advanced Television System Comittee (ATSC), un groupe de travail destiné à la coordination des avancées en matière de TVHD. La FCC, Federal Communication Commission, à l'origine du traitement des fréquences aux Etats-Unis, sera à l'initiative d'une importante décision : celle d'axer les recherches vers une télévision haute définition entièrement numérique. Soutenue notamment par l'industrie hollywoodienne, produisant depuis quelques décennies en 35mm, les USA sont en effet capables d'offrir relativement rapidement des contenus pour une telle TVHD. L'avantage du numérique devient d'ailleurs très vite indéniable, compte tenu de la puissance cinématographique américaine. L'Europe le reconnaît à ce propos et abandonnera en l'année 1993 le HD-MAC, solution rappelons-le essentiellement analogique.
Direct TV, premier bouquet de télévision numérique et fonctionnant par satellites, devient à partir du milieu des années 90 un véritable succès aux USA. De son côté l'Europe travaille sur les normes DVB alors que depuis 1993, l'objectif reste de promouvoir le passage au numérique. Un accord, baptisé CIF, pose les bases d'une résolution HD de 1920 x 1080 pixels, ce qui aujourd'hui est assimilée à une résolution Full-HD. Aux Etats-Unis, la HD s'associe très vite à l'ATSC, et la domination du numérique à la fois sur le câble et le satellite est incontestable. Accompagnés par le Japon, les USA sont les premiers à diffuser de façon relativement massive des programmes en HD. L'Europe quant à elle, en retard vis-à-vis de ces deux pays, ne met toutefois pas la HD aux oubliettes. A cet effet, Euro1080 devient la première chaîne à diffuser en Haute Définition des programmes à destination de plusieurs pays d'Europe.
Conclusion :
Le lancement en France des premières offres commerciales en HD se veut elle beaucoup plus récente. TPS se voit vite suivi par le groupe Canal + et diffuse des programmes HD présentés au format MPEG-4, plus performant mais encore difficile à maîtriser. En cette année 2006, la HD devient un des principaux mots d'ordres du marché de l'audiovisuel.
Avec l'arrivée des nouveaux formats disques HD-DVD et Blu-Ray, des premières offres de Video on Demand en haute définition, des premières chaînes HD disponibles via offres par satellite et ADSL, des expérimentations en TNT HD effectuées sous l'initiative du CSA, nul doute que la HD a bel et bien pour objectif de révolutionner tout un marché.
Et cette Haute Définition, dans un contexte où le Digital Cinema pointe également le bout de son nez, à la fois dans le domaine de la production et de la projection, sera sans nul doute toujours associée à un second mot d'ordre de notre paysage contemporain, qui n'est autre que le « numérique ».