Test Blu-Ray : The Wrestler

Publié le par la Rédaction



Test Blu-Ray : The WrestlerSpectacle étonnant, le catch n’est pas le sport qui s’illustre le plus par son esthétique, ses règles et ses valeurs. En tant que pures fictions, les combats ont une issue définie à l’avance. Le cinéma ne s’est jamais vraiment approprié ce spectacle, étant qui plus est souvent associé à une culture populaire (entendons par : plus proche du corps que de l’esprit) et délivrant souvent des images chocs. Mais dans ces principes exposés, le catch s'apparente-t-il vraiment à une chose si différente du cinéma ? Pas vraiment...

C’est un peu à contre-courant que Darren Aronofsky a tenté un pari périlleux : introduire le catch dans une œuvre cinématographique. Il a surtout tenté par ce biais d’assurer une association folle mais tellement judicieuse (à laquelle on n’avait plus assistée depuis les œuvres du réalisateur Mel Gibson) : jumeler à l'écran la martyrisation du corps d'un héros avec l’élévation de son esprit. Il ne s’agit donc aucunement avec 'The Wrestler' de nous réconcilier avec ce sport scénarisé, mais de nous raconter finalement le parcours d’un personnage mythologique piégé dans un décor macabre d’une très sombre modernité.

Le ring devient ici l’espace sacrificiel d’un bouc émissaire, Randy The Ram, ancienne star du catch et qui en bon «Bélier» souffre des oppositions qui l’animent. La puissance quasi animale qui caractérise son corps s’oppose à la générosité de son âme. Randy est dans ce film un personnage tiraillé entre sa passion aveuglante pour ce sport qui le détruit, à la fois physiquement et socialement parlant, et les sentiments humains qu’il n’a jamais vraiment pu exprimer. L’enjeu du récit est défini très rapidement : comment Randy, ancienne star du catch, va-t-il parvenir à trouver une issue au sein d'une situation sociale qui semble ne présenter aucun échappatoire pour lui ?

On l’a compris 'The Wrestler' fonctionne à l’image de 'La Passion du Christ' de l’excellent Mel Gibson, tout comme à l’image de la descente aux enfers vécue par l'acteur Mickey Rourke. Le héros est ici fait prisonnier : dans le "ring" (Randy) et dans une certaine mesure dans l'image (Mickey Rourke). Mais Randy et Mickey Rourke peuvent être assimilés à un seul et même personnage. Une fois déchu de leur rang de star, ils sont vite étiquetés en tant véritables boucs-émissaires. En tant que stars déchues, ils sont tenus responsables, symboliquement, du dysfonctionnement d’une société américaine qui connaît une crise populaire très profonde.

Fort heureusement, le catch, comme le cinéma, agira ici en parfait rituel. Le ring permet à la foule affamée de refouler un sentiment de violence collective ambiant et contagieux. Une fois le combat accompli et donc le film terminé, le rite mettant en offrande le "Bélier Randy" permet de générer un apaisement collectif c'est à dire le retour à un équilibre nécessaire pour que cette société en crise puisse se maintenir.

Comme son personnage Randy, Mickey Rourke se donne littéralement en spectacle non simplement pour divertir une nouvelle fois le peuple/spectateur affamé, mais pour s’offrir, en bon « bélier-missaire » (pour reprendre l'expression présente dans le film), en sacrifice. Ayant reçu sur sa tête toutes les iniquités possibles, cette dernière étape s'imposera à Randy comme la seule et l'unique issue à son emprisonnement. La souffrance tout comme l’offrande christique est le prix à payer pour rétablir plusieurs réconciliations : celle associant Randy / Mickey Rourke et ses fans, mais aussi celle du peuple (nous, spectateurs ?) avec cette société américaine de plus en plus décomposée, qui s'appuie sur la violente magie du cinéma et du catch pour atténuer ses tensions intérieures évidentes.

En temps de crise, le cinéma conserve véritablement une dimension rituelle apaisante. On peut parler plus exactement ici d’un cinéma reconstituant la magie d’un rituel incarné par un combat de catch à l'issue connue de longue date.

La force tout comme la cohérence symbolique des images sont de premier choix, la sobriété dans la réalisation est de rigueur, et les prises de vue subjectives nous font souvent froid dans le dos. C’est la magie du septième art comme très peu ont réussi à la transmettre à l’écran. 'The Wrestler' est à nos yeux l’une des plus belles réussites de l’année 2009.

'The Wrestler' sera disponible dès le 23 septembre en Blu-Ray chez Warner Home Vidéo. A suivre en page suivante, le test technique de ce disque, en avant première.

Caractéristiques

Vidéo : Transfert 1080p MPEG-4 AVC / Format 2.35
Audio : Anglais et Français en DTS-HD Master Audio 5.1 (16 bits)
Sous-Titres : Français
Bonus : Making-of, Table ronde, Bande Annonce

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Qualité vidéo


'The Wrestler' est un film très austère. Il nous plonge non pas dans la composante essentielle du catch c'est-à-dire dans le spectacle, un univers abondamment coloré, vif sur le plan colorimétrique et qui en met plein les yeux (jugez les émissions de la fameuse WWE !), mais dans les coulisses d’un monde qui au final se montre dur, cruel, sale et poussiéreux : l’enfer ! C’est dans ce sens que l’on appréciera vraiment ce transfert 1080p proposé par Warner. Alors certes l’image est granuleuse, voir très granuleuse, mais cette présence respecte la photographie d’une œuvre que l’on qualifiera d’indépendante.

Le grain de l’image est peut-être la première composante de ce transfert qui saute aux yeux. Elle déplaira sans doute à certains, mais ici elle se charge d’accompagner assez justement l’univers poisseux du protagoniste-catcheur Randy. Les zones d’image les plus abondamment éclairées ne sont pas épargnées. Il faudra donc s’accommoder au grain argentique qui n’est pas toujours apprécié en ces temps modernes. Les couleurs choisies sont par contre astucieuses et s’accordent très bien à la symbolique du personnage, le Bélier, figure évocatrice de l’instinct, de la générosité, et de la puissance génésique. Les tons chairs, ocres et dorés sont abondants. Ces tons nous ramènent clairement aux dimensions corporelles, passionnelles voir sacrées du héros christique Randy (le « Bélier-missaire » ) et de son parcours qui le mènera finalement jusqu’au rituel ultime : le sacrifice, seule voie par laquelle Randy parviendra à purifier son âme innocente.

Pour le reste, les aspects d’un bon transfert HD sont présents. Sans être extraordinaire, le niveau de définition reste dans les normes d’un Blu-Ray conventionnel. Les noirs affichent une solidité éprouvée malgré en substance un peu de bruit vidéo, mais dont la présence peut se justifier par un tournage authentique effectué caméra à l’épaule.

'The Wrestler' est un film particulier : le transfert l’est aussi. Mais il nous a convaincu.

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Qualité audio et Bonus


Qualité Audio

Sur le papier, il faut reconnaître que Warner a fait un bel effort. Non seulement l’éditeur a intégré une piste DTS-HD Master Audio 5.1 pour la version originale de 'The Wrestler', mais en plus une piste adoptant le même format est disponible pour la version française. Ce choix éditorial est à respecter car Warner nous a souvent accoutumé à des petites pistes Dolby Digital 5.1 classiques sur toutes les VF de ses éditions Blu-Ray, et à l’heure de l’apogée de la « Haute Définition », on ne pouvait pas s’en contenter. Mais cela suffit-il vraiment pour nous convaincre ?

La presse spécialisée américaine a visiblement été subjuguée par les performances de la prestation 5.1 de 'The Wrestler', un film édité chez Fox aux USA. On était donc en droit d’attendre une prestation de même niveau, qui plus est lorsque du DTS-HD est aussi employé chez Warner. Malheureusement, nous n’avons pas totalement été ébahis par le résultat qui nous est offert ici, très loin d’atteindre les sommets acoustiques de certaines éditions. A l’encodage 16 Bits (contre 24 bits aux USA), affichant un débit nettement amoindri face à l’édition américaine (une moyenne affichée à 3604Kbps sur l'édition fox qui n’est jamais atteinte dans cette version de Warner, même durant les secondes les plus gourmandes en débit)), les deux pistes DTS-HD à notre disposition présentent une certaine retenue dans leur expression et un vrai manque de subtilité qui au final nous déçoivent quelque peu.

Attention, pas de grosse déception compte tenu de la sobriété de l’œuvre…

Même après avoir augmenté le volume manquant ici de sept bons décibels, force est de constater que le spectacle sonore qui pouvait nous être du est retenu en réserve. Alors le film est naturellement parlant austère mais tout de même : l’activité multicanale est assez mitigée. Il faut surtout attendre les moments les plus spectaculaires du récit pour bénéficier d’une dynamique attirante et d’une activité surround relativement charnue. Malgré un générique de début de film rock’n’roll, quelques scènes de catch où les ambiances (bruit de foule) se font largement perceptibles, ou ces passages aux basses abondantes durant lesquels Randy se rend dans les boîtes de striptease, le sentiment ambiophonique n’est jamais extraordinaire. D’ailleurs même durant les moments précités qui sont les plus immersifs, la scène arrière présente un certain flou. Cela est du peut-être aux conditions de la scène (on est dans une salle de catch pas dans un studio d’enregistrement après tout !). Mais on a tout de même un rendu arrière plus « Surround » que véritablement « 5.1 » en termes de séparation des effets et des comparaisons avec d’autres films récents suffisent à confirmer rapidement ce potentiel jamais atteint. En fait, les canaux arrières agissent de manière assez symétrique et peinent à dégager un vrai sentiment de subtilité dans la localisation des effets. En deux mots : la foule crie mais on nous offre jamais bien plus.

Tout n’est bien sûr pas négatif. La dynamique montre une certaine agressivité dans les moments nécessaires (on peut l’accorder) et les voix affichent une clarté qui ne déçoit pas forcément compte tenu de la sobriété de l’histoire. Au final, on s’attendait, avec un aussi joli film, un choix technologique dans l’ère du temps, et des critiques positives américaines, à de hautes performances. Et nous sommes obligés de tempérer notre appréciation sur cette édition signée Warner au rendu sonore assez mitigé.

Bonus

Making-Of (SD – 42.13 minutes)

Malgré une présentation en standard définition, ce document est très plaisant. Il nous plonge, sans perspective marketing ni auto-promotion démesurée, dans l’explication du projet. Choix intelligent de l’univers du catch, sélection ultra-probante de Mickey Rourke, conception musicale sans « chichi » et démesure : The Wrestler est un film vraiment authentique. Après avoir abordé la définition du projet, le document se divise en plusieurs chapitres qui vont cibler le tournage de différentes scènes clés du film : caravane, première compétition, supermarché, Stéphanie (fille de Randy)…jusqu’à la scène anthologique finale.

Table Ronde (SD – 25.23 minutes)

Autre document très intéressant. Réunis autour d’une simple table, d’anciens catcheurs viennent ici délivrer leur perception du film et surtout de l’interprétation de Mickey Rourke. On comprend en regardant ce document combien ce film s’appuie sur un univers bien réel et un vécu humain partagé.

Bande Annonce

Malheureusement, la bande annonce est présentée en 2.0 et en SD…

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Conclusion et Screenshots HD


Conclusion

'The Wrestler' est l’une des révélations de l’année 2009. Warner a assuré, sur le papier, un travail irréprochable en offrant du DTS-HD sur la VF et la VO et un transfert respectueux de la photographie originale. En pratique, le DTS-HD de cette édition déçoit quelque peu et ne semble pas fournir les prestations attendues. Les bonus sont relativement peu nombreux mais suffisants et dénués de composants marketing déplaisants. 'The Wrestler' s’impose donc à nos yeux comme une bonne édition mais un Blu-Ray qui très franchement n’est pas parfait.

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ScreenShots HD (Extraits redimensionnés en 1280 x 720 pixels et encodés au format .jpg)

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