Test 4K Ultra HD Blu-ray : Né un 4 Juillet (1989)

Publié le par la Rédaction



 

Synopsis

L'adolescent de la banlieue new-yorkaise Ron Kovic s'enrôle dans les Marines. Au cours de sa deuxième tournée au Vietnam, il tue accidentellement un camarade et devient plus tard paralysé au combat. De retour chez lui, dans une bureaucratie indifférente de l'administration des anciens combattants et auprès de personnes des deux côtés de la division politique qui ne comprennent pas ce qu'il a traversé, Kovic devient un critique passionné de la guerre.

 

NB : Les comparatifs image (compression .jpg, 8-bit) sont strictement à usage illustratif et sont non représentatifs de ce que l'Ultra HD Blu-ray diffusera sur votre écran UHD HDR calibré.

 
 

💺🥼 « Jamais vous ne remarcherez ! »

Né un 4 juillet (1989), c’est l’Amérique vue depuis un fauteuil roulant. Ce n’est pas un récit de guerre : c’est un cri. Un film-frontière, où la bannière étoilée vacille sous le vent d’une trahison intime. Oliver Stone ne raconte pas : il autopsie. Il filme avec rage, avec fièvre, avec une caméra qui vacille, une lumière qui bégaie, des ralentis qui figent l’innocence pour mieux la briser.

Tout commence pourtant dans l’imagerie d’un rêve : défilés sous le soleil de Massapequa, enfants en uniforme mimant la gloire “made in USA” et prières avant chaque repas. John Wayne en poster, la mère en madone, le baseball comme religion. Stone en fait une liturgie nationale, presque irréelle, portée par les nappes orchestrales de John Williams – héroïques mais déjà profondément endeuillées. Comme si la défaite, comme le tragique, planait dans chaque note.

Et puis vient la rupture. Le Vietnam. La boue, les cris, les ordres hurlés dans le vide. L’image se fait plus sèche, plus instable. La guerre n’a rien d’un rite de passage : elle est floue, chaotique, absurdement cruelle. Kovic tire, tue un frère d’armes dans la panique. Puis tombe. Fracture médullaire. Le rêve s’éteint dans le bruit sourd d’un corps brisé.

Stone enchaîne alors les tableaux d’un cauchemar éveillé : l’hôpital du Bronx comme purgatoire, les corps aliénés, les regards vides, les rats au sol, la colère dans les yeux. L’Amérique oublie ses enfants blessés. Kovic hurle, réclame qu’on le voie, qu’on l’écoute, qu’on le comprenne. Mais personne ne tend l’oreille. Alors il s’épuise, se détruit. Mexique, alcool, bordels, abandon. La caméra le suit dans cette errance, sans jugement, mais avec la ferveur d’un témoin hanté.

Et c’est là que le film bascule. Lentement, douloureusement, vers une autre forme de combat. La rage devient moteur. Kovic parle, écrit, manifeste. Il revient d’entre les morts pour dire ce que l’Amérique refuse d’entendre. Né un 4 juillet (1989) devient le manifeste d’un homme qui ne croit plus au mythe, mais qui refuse de se taire. Stone filme les meetings comme des champs de bataille, saturés de voix, d’ombres et d’éclats. La mise en scène explose, frontalement, viscéralement, jusqu’à l’épuisement.

Et au centre de ce tumulte : Tom Cruise. Plus qu’un rôle, une possession. Il passe de la candeur éclatante à la douleur sourde, puis à la colère incandescente, avec une intensité qui arrache l’écran. Il est Kovic. Pas seulement l’homme, mais le symbole : celui d’une foi trahie, d’un corps sacrifié et d’une voix reconquise. Oliver Stone signe ici un très grand film !

Qualité Vidéo

Œuvre brûlante de colère et de désillusion, Né un 4 Juillet (1989) retrouve aujourd’hui toute sa puissance visuelle grâce à une restauration 4K supervisée par Oliver Stone lui-même. Porté par la photographie fiévreuse de Robert Richardson, le film a été tourné principalement en 35 mm avec des caméras Panavision Panaflex et Panaflex Gold II, couplées à des optiques anamorphiques. Certains segments, notamment la Convention nationale démocrate, ont été captés en 16 mm — des séquences nerveuses, aux allures documentaires, mêlant images d’archives et captations militantes. Présentée en France par l’Atelier d’Images, cette édition 4K Ultra HD bénéficie d’un encodage HEVC, du ratio 2.35:1 respecté, et d’un étalonnage HDR ici présenté avec les métadonnées Dolby Vision (DV-FEL sous 12-bit).

Face à l’ancien Blu-ray de 2011, il n’y a pas photo : cette restauration 4K, approuvée par le réalisateur, fait figure de bénédiction. On profite ici d’une fenêtre de scan plus généreuse, d’une propreté enfin retrouvée (les poussières et artefacts ayant été nettoyés avec soin), et surtout, d’un bond en avant flagrant sur le plan de la définition. Hormis les toutes premières séquences — les jeunes années de Kovic, relativement vaporeuses —, la précision d’image s’impose à l'écran très rapidement. Le visage de Ron (Tom Cruise) ensanglanté au Vietnam, ses face-à-face tendus avec ses parents, ses discours en fauteuil roulant : autant de scènes qui retrouvent une intensité visuelle inédite. Il en va de même pour les grands plans d’ensemble — la parade patriotique, les champs de bataille, les rues désolées de la "ville des paralysés" au Mexique. La gestion du grain (35 mm comme 16 mm) se montre équilibrée, constante, sans trace de compression apparente. La présence confirmée d’un disque BD-100 est un plus !

L’étalonnage, profondément revu, marque un autre point fort de cette édition. Dès les premières minutes, les contrastes se révèlent plus dynamiques, les zones d'ombres débouchées et l'ancienne dérive magenta disparue. Le niveau de noir gagne en profondeur, en tenue, presque en solennité. La palette de couleurs, élargie grâce au Wide Color Gamut, rend justice aux choix de Richardson : les rouges vifs de certains costumes, les bleus du drapeau américain, les teintes cendrées des séquences de guerre au Vietnam... tout respire mieux, plus juste, plus fort. L’apport du HDR est ici sensible. Les pics lumineux ont été mesurés autour d'une moyenne de 287 nits. C'est une franche mise à niveau.

 

Test 4K Ultra HD Blu-ray : Né un 4 Juillet (1989)

Test 4K Ultra HD Blu-ray : Né un 4 Juillet (1989)

 

Qualité Audio

L'édition propose un remixage Dolby Atmos pour la version originale. Si Né un 4 Juillet (1989) n'est pas une production initialement pensée pour l'esbroufe sonore, l'apport de l'Atmos est indéniable. Il prend toute sa mesure lors des éprouvantes séquences vietnamiennes : l'immersion est intensifiée, plaçant l'auditeur au cœur d'un déluge de tirs, d'explosions et de survols d'hélicoptères dont les pales fendent l'air au-dessus de nos têtes. Dans les séquences post-traumatiques et les scènes de contestation, la scène surround prend le relais pour souligner la tension sociopolitique : slogans scandés, bruits de foule, sirènes de police et ambiances urbaines s’enchevêtrent dans un mixage ample et engagé, en phase avec la radicalisation progressive du vétéran. Quelques exemples concrets vous sont restitués en reproduction binaurale dans notre vidéo jointe. Cette spatialisation plus ample confère à la musique une place centrale dans l’architecture émotionnelle du mixage. La bande originale de John Williams, tour à tour solennelle, funèbre et lyrique, bénéficie d’une restitution particulièrement soignée.

La VO est proposée au choix en DTS-HD Master Audio 5.1 (3923 kbps, 24-bit) et Dolby Atmos (core TrueHD 7.1, 16-bit, 3754 kbps, DN -19dB). L'indicateur de Loudness Range (LRA) a été mesuré en VO à 20.2 (LU). La VF est restituée en DTS-HD Master Audio 5.1 (24-bit, 4933 kbps).

 

Test 4K Ultra HD Blu-ray : Né un 4 Juillet (1989)

Test 4K Ultra HD Blu-ray : Né un 4 Juillet (1989)

 
 

Bonus

- Commentaire audio d’Oliver Stone (VOST)
- Une dimension profondément autobiographique : Présentation du film par Samuel Blumenfeld (2024)
- Backstory : Documentaire avec Ron Kovic, Tom Cruise et Oliver Stone
- Bande-annonce

Conclusion

Cette édition 4K UHD Blu-ray de Né un 4 Juillet (1989) offre une redécouverte saisissante du film d’Oliver Stone, grâce à une définition remarquable et un étalonnage HDR bien pensé. Qu’il s’agisse des séquences brûlantes du Vietnam ou des scènes plus feutrées de l’Amérique désillusionnée, l’ensemble gagne en lisibilité, en contraste et en intensité dramatique. Une édition incontournable pour un très grand film !