Test 4K Ultra HD Blu-ray : The Crow (1994)

Publié le par la Rédaction



 

Synopsis

La veille de leur mariage, Eric Draven et Shelly Webster sont brutalement assassinés par les hommes de main de Top Dollar, un impitoyable chef de gang. Un an plus tard, le jour anniversaire de leur mort, un corbeau mystique se pose sur la tombe d'Eric, le ramenant à la vie pour accomplir sa vengeance. Guidé par l'oiseau, Eric parcourt la ville sombre et délabrée, traquant un à un les responsables de leur tragédie. Armé de ses nouvelles capacités surnaturelles et d'une rage implacable, il cherche à rendre justice pour l'amour perdu, tout en confrontant les forces obscures qui règnent sur la ville.

 

NB : Les comparatifs image (compression .jpg, 8-bit) sont strictement à usage illustratif et sont non représentatifs de ce que l'Ultra HD Blu-ray diffusera sur votre écran UHD HDR calibré.

 

Afin de mettre en évidence l'utilisation concrète du Wide Color Gamut (WCG) sur cette édition (voir tutoriel ici), les pixels qui se situent dans la gamme standard/BT.709 (confinés à l'intérieur du petit triangle REC.709) vous sont présentés ici entièrement désaturés. A l'inverse, ceux faisant partie de la gamme élargie BT.2020, exclusive au disque 4K Ultra HD Blu-ray (qui s'étendent à l'extérieur du petit triangle REC.709) vous sont présentés en couleur :

 

Qualité Vidéo

Inspiré par l'univers sombre et captivant du roman graphique de James O'Barr, le film The Crow (1994), réalisé par Alex Proyas, a marqué la culture populaire avec son esthétique gothique fort envoûtante. Ce film est devenu un emblème, non seulement grâce à son style visuel unique, mais également en raison de la tragédie qui a entaché sa production : la mort prématurée de l'acteur Brandon Lee durant le tournage. La performance exceptionnelle de Lee, qui demeure inoubliable, confère au film une profondeur émotionnelle particulièrement poignante, en résonance avec les thèmes de deuil et de résurrection qui traversent le récit.

Tournée en 35mm et avec un budget relativement restreint, l'oeuvre d'Alex Proyas fête en 2024 son 30ème anniversaire. L'occasion a été saisie par Paramount pour nous proposer une édition 4K Ultra HD Blu-ray de The Crow (1994), s'appuyant sur un nouveau master 4K et un étalonnage des couleurs supervisé en HDR. Dariusz Wolski, directeur de la photographie, renommé pour sa collaboration avec Alex Proyas, a confirmé son implication dans la création de cette version remasterisée. Le précédent Blu-ray, qui a servi de base à ce comparatif, fut commercialisé aux USA chez Lionsgate en 2011. Il est question d'une présentation 2160p, ratio 1.85:1 et bénéficiant de la présence des deux options HDR10 et Dolby Vision (12-bit FEL).

L'atmosphère ténébreuse qui caractérise The Crow (1994) est intrinsèquement liée à son environnement urbain, perpétuellement plongé dans une obscurité enveloppée de brume et de pluie. Cette photographie, marquée par un aspect usé et délabré, avec une météorologie morose, s'accorde efficacement avec les thèmes de perte et de deuil omniprésents dans le film. Le cadre, semblable à un abîme de ténèbres, est magnifié par la présence d'un grain 35mm plutôt épais, qui joue un rôle crucial dans l'esthétique du film. Ce grain enrichit visuellement les images, se marie harmonieusement avec les décors délabrés et contribue à la texture presque palpable du ton gothique de l'histoire. Cette dimension est essentielle à considérer dès le début du visionnage, car c'est notamment la restitution homogène et tangible du grain 35mm qui capte l'attention du spectateur, particulièrement en comparaison au précédent Blu-ray. On insiste : ce grain a été préservé et c'est selon nous une des forces majeures de cette version remasterisée.

En ce qui concerne le cadrage, il demeure globalement similaire à celui de l'édition USA de Lionsgate, avec quelques ajustements subtils. The Crow (1994) bénéficie évidemment d'une amélioration de la définition d'image, bien que la précédente édition Blu-ray n'apparaisse pas forcément déclassée. Les plans larges, particulièrement mémorables, qui dépeignent la ville fictive sombre et pluvieuse, ainsi que les scènes sur les toits et au cimetière, ressortent avec une précision accrue. Certains plans rapprochés, tels que ceux du visage maquillé d'Eric Draven, de Sarah sous la pluie, et de l'officier Albrecht au commissariat, se distinguent, offrant une amélioration notable, et qu'il sera bien difficile de contester. Il y a des aléas de mise au point auxquels il faut s'accommoder et les flous sont même utilisés de manière artistique pour renforcer l'atmosphère fantomatique de certains passages. En acceptant ces partis pris, et la nature fragile des effets optiques de l'époque, les fans trouveront grande satisfaction devant cette présentation. C'est d'autant plus le cas qu'une attention particulière a été accordée à l'encodage, qui s'en sort efficacement sur ce titre et malgré le fait que ce type de scènes pluvieuses et brumeuses, combinées à un grain 35mm prononcé, n'est jamais facile à encoder.

En matière d'étalonnage, le film s'est toujours distingué par une utilisation quasi expressionniste de la lumière et des ombres. Avec une palette évidemment désaturée qui n'est pas forcément favorable à une utilisation abondante de couleurs issues du Wide Color Gamut. Il y a tout de même quelques couleurs qui se détachent du gamut REC.709 à de nombreuses reprises, particulièrement les jaunes et rouges vifs qui animent les scènes de flashbacks et lors de la fameuse "Nuit du Diable". Les contrastes ont été remaniés, avec des noirs profonds et des détails d'ombres libérés. Quelques ajustements de teintes ont été réalisés, notamment sur le visage maquillé du protagoniste, avec des notes magentas un peu plus prononcées. Le montage du film s'illustre aussi par des coupes rapides et des éclairs de lumière intenses, particulièrement lors de l'attaque initiale. Ces effets quasi-épileptiques gagnent en intensité grâce à l'utilisation du HDR, bien qu'il soit important de noter que l'intensité lumineuse reste restreinte sur ce titre, avec des pics de luminosité dont la moyenne a été mesurée à un modeste 155 nits. A tout cela sont associés tout de même de jolis rendus et des gains en détails sur les explosions et jets d'étincelles. En tenant compte de la signature visuelle de The Crow (1994), et des conditions de très faible luminosité dont il est question aujourd'hui, c'est un solide transfert UHD.

 

Test 4K Ultra HD Blu-ray : The Crow (1994)

Test 4K Ultra HD Blu-ray : The Crow (1994)

 

Qualité Audio

La section sonore de The Crow (1994) offre une expérience classique mais néanmoins engageante. Le film n'a pas bénéficié d'un remixage Atmos. Une dimension verticale additionnelle aurait pu être apportée aux scènes se déroulant sur les toits, et sous la pluie. Le mixage 5.1 original reste donc restitué en DTS-HD Master Audio 5.1 (24-bit, 3812 kbps). Il conserve un rendu musclé et une scène sonore suffisamment enveloppante. Les canaux surround sont mobilisés de manière régulière, élargissant l'espace et apportant une dimension immersive aux différents éléments sonores. Les souffles des explosions (comme à 31mn14), des coups de feu (40mn35), ainsi que les fusillades plus intenses (à 1h13.30), manifestent une utilisation judicieuse de tous les canaux. De même, les sonorités d'hélicoptère (à 1h17) et les notes de la bande originale sont étendues jusqu'en surround, offrant une expérience sonore convaincante. La réponse des basses est solide, apportant du poids supplémentaire aux scènes d'action et aux explosions plus ou moins massives qui sont dépeintes à l'écran. Une mention spéciale doit être faite à la bande originale composée d'hymnes hard rock de groupes emblématiques tels que The Cure, Stone Temple Pilots, Violent Femmes, et Pantera. Les versions doublées en allemand, italien, espagnol et français sont toutes restituées en Dolby Digital 5.1 (640 kbps) sur cette édition.

 

Test 4K Ultra HD Blu-ray : The Crow (1994)

 
 

Bonus

- Commentaire audio avec le réalisateur Alex Proyas
- Commentaire audio du producteur Jeff Most et du scénariste John Shirley
- Ombres et douleur : la conception de The Crow (Nouveau)
- Objets de collection Sideshow : entretien avec Edward R. Pressman (Nouveau)
- Les coulisses du tournage
- Portrait de James O’barr
- Scènes complètes
- Scènes coupées au montage
- Bande-annonce

Conclusion

Très attendue par une large communauté de fans, cette édition 4K Ultra HD Blu-ray de The Crow (1994) est une réussite. Il s'agit d'une version restaurée qui respecte le grain 35mm original du film, tout en offrant un apport non négligeable en termes de définition par rapport au précédent Blu-ray américain. Les contrastes sont superbes. Et, bien que l'atmosphère sombre et quasi monochrome du film soit prédominante, l'utilisation des couleurs issues du Wide Color Gamut n'est pas totalement négligeable et apporte une touche supplémentaire sur les quelques scènes de flashback. Cette édition est d'autant plus indispensable pour les fans français qu'aucun disque Blu-ray 1080p n'était disponible jusqu'à présent dans l'Hexagone. Donc hautement recommandé !