Et si l'avenir n'était pas à la 3D mais à la très haute définition 4K ?

Publié le par la Rédaction



L'avenir audiovisuel pourrait-il reposer sur une autre innovation que la 3D ? De ce point de vue, peut-on envisager un avenir décent pour le 4K, c’est-à-dire pour les produits et contenus offrant une résolution d'image de 4096 x 2160 pixels (2160p) ? C'est la question posée aujourd'hui.


Si la 3D est actuellement sur toutes les bouches et est considérée comme « la » révolution audiovisuelle de ces dernières années, elle est accueillie à demi-teinte à la fois par le grand public et les professionnels du secteur. Nombreux sont les consommateurs avides de découvrir les prouesses des téléviseurs 3D relief et qui se retrouvent considérablement déçus par la qualité du rendu stéréoscopique une fois les nouveautés découvertes en magasin. Profondeur des effets certes mais dans le même temps une perte de luminosité, des couleurs détériorées et un port de lunettes imposé. A cela s'ajoutent le manque sévère de contenu, les multiples opérations d’exclusivité entourant les disques Blu-ray 3D et surtout, des conversions effectuées rapidement en post-production, n’ayant bien souvent pour seul objectif que d’élever le prix des billets en salles et de tromper le consommateur. Si la 3D peut être considérée à certains égards comme une révolution soutenue par de nombreux géants de l’industrie et autres créateurs d’images (James Cameron en tête de liste), elle suscite, par les voies qu’elle adopte actuellement, de sérieux débats opposant afficionados et détracteurs, avec dans les deux cas des arguments sérieux respectivement défendables. Et oui, la 3D a quand même ce mérite : celui de nourrir de jolis débats.


Christopher Nolan, metteur en scène de The Dark Knight et d’Inception, a été clair à ce sujet lors de précédentes déclarations. La 3D, telle qu’elle est proposée actuellement, induit quelque part un retour en arrière notamment en ce qui concerne les pertes de luminosité associées aux projections 3D au cinéma. John Carpenter est allé encore plus loin en déclarant « J’étais présent lors de la première vague 3D relief au cours des années 50. Je pense que c’est de la connerie. C’est juste un procédé pour vous faire dépenser davantage votre argent ». Roger Ebert, célébre critique cinéma, exposait en mai dernier 9 raisons de détester la 3D. En somme, on peut aimer la 3D mais force est de constater qu’actuellement, elle divise et est loin de faire l’unanimité.


Certains attendent l’arrivée des téléviseurs 3D sans lunettes pour envisager le renouvellement de leur équipement. Et ils peuvent attendre… Si Toshiba a présenté récemment deux premiers produits, il faut savoir que ces derniers n’offrent pas un rendu relief équivalent aux modèles stéréoscopiques avec lunettes, sont limités à de très petites diagonales, et à une résolution amoindrie. En somme, la technologie autostéréoscopique n’est pas au point actuellement et lorsque disponible, ne sera proposée à prix raisonnable pour les consommateurs que d’ici quelques années, si ce n’est une dizaine.


Ce manque d’unanimité, chez les consommateurs et professionnels, pourrait-il freiner à termes la démocratisation de la 3D, du format Blu-Ray 3D et du succès des projections relief en salles ? Et bien, c’est une question qui peut se poser car qui dit non unanimité dit demande potentiellement fragile côté spectateurs et productions 3D natives limitées en nombre côté créateurs de contenus.


Ceci dit, peut-on envisager que l’avenir de l’audiovisuel puisse reposer sur une autre innovation que la 3D, notamment sur la HD 4K, c’est-à-dire sur les produits et contenus offrant une résolution d’image de 4096 x 2160 pixels (soit 4 fois plus que notre Full-HD actuelle) ? C’est une question importante. Bien sûr, la TV 4K n’est pas pour demain. Mais elle se voit tout de même associée à un bel avenir et certains arguments allant dans ce sens méritent pleinement réflexion.


Et si l'avenir n'était pas à la 3D mais à la très haute définition 4K ?

Dans un premier temps, on reconnaît généralement que le scan des pellicules 35mm, qui représentent plusieurs milliers de films, atteint ses limites en 4K. Le 4K représente donc et contrairement à la 3D, des décennies de divertissement et sans doute la seule opportunité d’imposer un ultime renouvellement de nos équipements 2D Home-Cinéma et celui des salles de cinéma numérique (cela commence déjà et le 4K était inclus à la base dans les spécifications de la DCI). N'oublions pas non plus les sorties en vidéo disque 2D. Car une fois déclinés en 4K, les films tournés en 35mm n’auront en 2D plus aucune raison d’être acquis en vidéo disque par le consommateur, ayant atteint tout leur potentiel, leur limite technologique. De plus en plus nombreux sont également les films tournés à l’aide de la Red One camera, qui autorise, à relatif moindre coût, un tournage natif en numérique 4K. Dernier en date : le dernier David Fincher « The Social Network » qui sortira dès le 13 octobre prochain en France. Les réalisations tournées en Red One continuent à se montrer visuellement étonnantes et promettent générallement de superbes éditions Blu-Ray. Car même ramenée en 1920 x 1080 pixels via le Blu-ray, une image ayant respecté une chaîne de production 4K se montrera plus dense, plus franche dans les détails et offrira bien souvent un bien meilleur rendu des textures.


Autre révolution actuelle qui pourrait un jour flirter avec la très haute définition : la révolution DSLR à l'issue de laquelle de multiples vidéastes, amateurs confirmés, professionnels, indépendants, réalisent actuellement de somptueuses vidéos haute définition (Full-HD), dotée d'une texture cinéma, à l’aide de simples reflex. Certaines techniques même, dont celle du timelapse, s’appuyant sur de simples photographies numériques mises en cadence, permet déjà en théorie de réaliser des vidéos supérieures au 4K à l’aide d’un simple APN. Aussi des épisodes de séries, reportages télévisés, films entiers tels que Fantastic Mr Fox, ont bien été réalisés en Reflex, et valent très franchement le détour d'un point de vue strictement visuel. Même des grosses productions hollywoodiennes ont employé pour certaines scènes particulières des reflex Canon. Le dernier en date : Iron Man 2. Une révolution est donc clairement en marche de ce point de vue.


Le rêve pour beaucoup de vidéastes Reflex repose bien entendu sur la sortie d'un modèle permettant de réaliser des vidéos non compressées en 4K, une révolution ultime, symbole sans doute d’une démocratisation absolue. Car tout un chacun pourrait alors être en mesure d’acquérir un produit, abordable sur le plan financier, et surtout capable d’être légitimement et massivement employé par Hollywood. Un tel reflex serait au combien symbolique ! Les technologies évoluant très rapidement, tout porte à croire que ce rêve technologique pourrait devenir dans un avenir plus ou moins proche une réalité et si tel était le cas de multiples contenus 4K pourraient rapidement fleurir à l'échelle du monde entier. Productions hollywoodiennes certes, mais aussi productions télévisées, indépendantes et pourquoi pas amateurs. Tout cela pendant que les productions 3D natives se veulent plutôt limitées en nombre et imposent, pour offrir une immersion pertinente, que les créateurs disposent de connaissances technologiques pointues et réservées pour le moment à quelques élites et réalisateurs confirmés. Rappelons qu’Hollywood reste avant tout une industrie qui cherche à conserver sa légitimité et son savoir. La 3D, que les grands studios tentent désormais d’imposer de façon systématique sur toutes les grosses productions récentes, englobe donc des enjeux économiques mais surtout démocratiques.


Et si l'avenir n'était pas à la 3D mais à la très haute définition 4K ? 

Autre élément d’importance : la norme HDMI 1.4, qui intégrée sur les derniers modèles de lecteurs Blu-ray 3D, téléviseurs et autres amplificateurs, est bel et bien compatible avec la transmission des contenus 4K. Le groupe Marseille Network a également annoncé au mois d’août dernier avoir développé de nouvelles plateformes, destinées à être intégrées sur une nouvelle génération de lecteurs Blu-ray et d’amplificateurs, autorisant le décodage de flux vidéo 4K et l'upscaling 1080p vers 2160p. Certains groupes semblent donc d'ores et déjà se préparer pour la très haute définition à la maison...YouTube, lui aussi, est déjà prêt et propose quelques vidéos en streaming 4K qu'il vous est possible de consulter (de façon fluide seulement si vous détenez une puissante machine...).


Restent deux éléments : a-t-on les moyens de proposer de tels contenus pour les offrir aux grand public sur des galettes ? Il faudra effectivement envisager l’utilisation de disques de plus haute capacité. De ce point de vue, les Blu-Ray BDXL autorisent jusqu’à 128 go et pourraient pourquoi pas être employés pour stocker de futurs contenus 4K. Tout cela est à confirmer. Le dernier élément sans doute le plus important : les diffuseurs. Pour le moment, c’est le calme plat, même si Panasonic a déjà développé un téléviseur Plasma 4K de 152 pouces Neo PDP, une des belles surprises d'ailleurs des derniers salons d'électronique grand public.


Le 4K n’est donc clairement pas pour demain dans nos salons. Mais il se voit promettre en tout cas un bel avenir, peut-être davantage porteur que celui de la 3D tout en sachant que les notions pourront coexister avec de potentiels tournages en numérique 4K 3D voire en IMAX 3D. De quoi nous faire rêver encore quelques années et nous imposer de façon massive un renouvellement de nos équipements... Et c'est bien là l'essentiel.