HDR10+ Advanced : L'offensive open-source face au Dolby Vision 2

Publié le par la Rédaction



Alors que Dolby Laboratories a levé le voile il y a plusieurs semaines sur le Dolby Vision 2, la réponse du camp open-source, mené par Samsung, ne s'est pas fait attendre. Dans une bataille technologique où chaque camp tente d'imposer son standard pour l'avenir du HDR, Samsung dégaine le HDR10+ Advanced. Loin d'être une simple mise à jour, ce nouveau format est présenté comme une refonte sophistiquée, prête à redéfinir la précision et l'adaptabilité de l'image HDR. 

Le contexte : La guerre de l'adaptabilité

Depuis des années, le duel oppose le Dolby Vision, format propriétaire, au HDR10+, son alternative open-source. Les deux technologies reposent sur l'utilisation de métadonnées dynamiques pour optimiser le tone mapping (mappage des tons), scène par scène.

Cependant, à l'instar de son rival, le HDR10+ doit aujourd'hui relever un nouveau défi : celui d'un parc de téléviseurs aux capacités radicalement hétérogènes. Comment un même contenu peut-il être restitué fidèlement sur un écran OLED standard et, simultanément, exploiter le potentiel d'un téléviseur microLED capable d'atteindre plusieurs milliers de nits ? C'est un terrain sur lequel le HDR10+ Advanced entend, comme le Dolby Vision 2, faire la différence.

Clarification essentielle : Il est crucial de ne pas confondre ce nouveau standard avec l'ancien paramètre « HDR10+ Advanced » présent dans les menus de jeu des téléviseurs Samsung, qui se contentait d'altérer la luminosité et la saturation des couleurs. La nouvelle norme est une architecture complète, pensée pour la fidélité.

HDR10+ Bright : Le mappage tonal bidirectionnel en version open-source

Au cœur du HDR10+ Advanced se trouve une technologie qui fait écho aux promesses du Dolby Vision 2 : le HDR10+ Bright.

Au coeur de cette avancée, un procédé de tone mapping plus intelligent et adaptatif. Grâce à des métadonnées enrichies et des algorithmes basés sur l'IA, cette fonction promet d'ajuster dynamiquement la luminosité et les couleurs pour exploiter de façon plus pertinente les capacités spécifiques des écrans les plus performants. Le HDR10+ Advanced semble ainsi conçu pour adapter intelligemment le signal de façon ascendante, offrant aux écrans les plus modernes la possibilité d'exprimer tout leur potentiel, tout en étant guidés en amont par des métadonnées et en respectant ainsi des intentions artistiques. 

La gestion du mouvement

Le HDR10+ Advanced s'attaque également à un sujet sensible pour les home-cinéphiles : la compensation de mouvement.

La fonction HDR10+ Intelligent FRC (Frame Rate Control) introduit une approche sélective. L'idée est d'appliquer une interpolation d'image uniquement lorsque jugé pertinent par les créateurs, par exemple sur des mouvements de caméra (travellings, scènes d'action), grâce à des métadonnées spécifiques intégrées au flux vidéo.

Samsung semble toutefois avoir entendu les critiques sur "l'effet soap opera". Cette fonctionnalité pourra être entièrement désactivée pour ceux qui souhaitent préserver le rendu cinématographique natif en 24 images par seconde.

Une suite d'optimisations pour la précision et la polyvalence

À l'image de la suite "Content Intelligence" de son concurrent, le HDR10+ Advanced intègre de nombreuses nouveautés. Il déploie un arsenal de fonctionnalités pour répondre aux avancées technologiques de ces dernières années :

  • HDR10+ Local Tone Mapping : Une technologie visant un contrôle plus granulaire de la luminance sur des zones spécifiques de l'écran, promettant plus de profondeur et de détails dans les hautes lumières.
  • HDR10+ Color : Une extension des métadonnées de couleur pour assurer une reproduction des teintes avec une fidélité et des nuances accrues.
  • HDR10+ Genre : Un ajustement automatique des réglages de l'image en fonction du type de contenu détecté (film, sport, documentaire, etc.).
  • HDR10+ Intelligent Gaming : Un mode adaptatif dédié au jeu vidéo, qui ajuste le mappage tonal en temps réel en fonction de la lumière ambiante et du contenu

Les défis de l'adoption

Aussi sophistiqué soit-il, le HDR10+ Advanced entre dans une arène où la technologie seule ne garantit pas le succès. L'enjeu, comme toujours, est celui de l'écosystème.

L'annonce d'Amazon Prime Video comme partenaire de lancement est un signal fort, mais ce n'est que la première bataille. Le standard doit maintenant prouver sa capacité à fédérer. Les questions en suspens sont nombreuses : les autres services de streaming (Disney+) suivront-ils ? Les fabricants rivaux, historiquement proches de Dolby ou neutres, adopteront-ils ce format ? Et le marché physique du 4K Ultra HD Blu-ray trouvera-t-il un intérêt à intégrer ces métadonnées avancées ? L'intégration du HDR10+ étant loin d'être systématique sur les éditions UHD, on peut penser que le nouveau standard Advanced n'aura que peu d'implications pour les amateurs de vidéo disque. C'est une situation à surveiller.