Peut-on parler de défaveur du format Blu-Ray Disc ?

Publié le par la Rédaction



Il semble clair que les données chiffrées mises en avant au sein de la sphère médiatique ne mettent pas en faveur le format Blu-Ray Disc malgré l'abandon récent de son principal concurrent à savoir le HD-DVD. Dernière étude en date : celle de NPD Group, mettant en exergue l'idée que l'abandon effectué par le groupe nippon Toshiba n'a visiblement et paradoxalement pas favorisé, sur le marché américain, la vente des lecteurs Blu-Ray Disc.


Principal argument : les ventes de lecteurs de salon adoptant ce format auraient connu du mois de janvier à février une chute évaluée à 40% contre une hausse de deux petits pourcents entre les mois de février à mars. NPD Group met d'ailleurs en opposition ces mauvais résultats à la popularité croissante des lecteurs DVD capables d'upscaling, qui ont connu une augmentation de leurs ventes de 5%, un pourcentage toutefois calculé en comparant le premier trimestre de l'année 2008 à l'année 2007. Il semblerait évident, d'après ce constat chiffré, que l'abandon du format HD-DVD effectué par le groupe japonais Toshiba n'aurait pas favorisé sur le marché américain les ventes de lecteurs Blu-Ray Disc de salon.


Ces données construites sont-elles toutefois légitimes et en quoi peuvent-elles être réellement significatives d'une impopularité du format Blu-Ray Disc ?


Plusieurs limites peuvent effectivement restreindre la portée de cette étude, qui si analysée sans recul pourrait amener de nombreux lecteurs à penser l'idée de résultats catastrophiques pour le format haute définition restant actuellement sur le marché de l'audiovisuel grand public.


Tout d'abord, NPD Group n'a pas communiqué les données chiffrées relatives aux ventes de lecteurs de disques Blu-Ray ayant permis au cabinet de construire ces pourcentages pourtant a priori porteurs de sens.


Seconde limite et de taille : ces poucentages n'ont pas tenu compte des ventes de la Playstation 3, s'agissant pourtant du lecteur Blu-Ray le plus populaire, s'étant le plus commercialisé, et le seul actuellement à proposer la certification BD Profile 2.0 et donc d'être à même de gérer les nouvelles formes d'interactivités proposées sur le Blu-Ray Disc.


Enfin dernière limite : les dates prises en compte. Sachez en effet que le premier trimestre de chaque année n'est pas forcément marqué par des ventes supérieures à celles des fêtes de fin d'année. Qui plus est le mois de janvier, en opposition aux deux mois suivants, à partir desquels s'effectue la construction de cette baisse des ventes de lecteurs Blu-Ray est souvent marqué par le début des soldes d'hiver, et donc par des opérations marketing pouvant encourager l' achat des consommateurs. Rappelons à titre simplement indicatif, que les soldes d'hiver de l'année 2008 ont débuté en France le mercredi 9 janvier dernier. Elles se sont clôturées le 19 février, date historique sur le marché de la haute définition, puisque Toshiba avait officiellement annoncé l'abandon du format HD-DVD à cette même date après avoir baissé en tout début d'année le prix des lecteurs HD-DVD.


Est-il pertinent de comparer les ventes de lecteurs Blu-Ray entre les mois de février et de janvier pour mesurer l'effet de l'abandon du format HD-DVD sur les ventes de platines de salon ? On sait en effet que l'abandon du HD-DVD a été officialisé seulement à la fin de ce mois de février et que ce dernier a lui même, durant ses trois premières semaines, été marqué par les baisses successives des prix des lecteurs adoptant le format HD-DVD concurrent à savoir ceux de Toshiba. Dans l'hypothèse même d'une pertinence acceptée, s'agit-il d'une construction et d'une affirmation finalement porteuse de sens à l'égard du succès ou de l'insuccès actuel de ce format ? De même, est-il encore judicieux de construire des résultats aux dimensions les plus significatives (l'abandon du format HD-DVD n'aurait pas encouragé les ventes de lecteurs Blu-Ray !) sans prendre en compte la Playstation 3 du groupe Sony, alors même qu'une autre étude menée par ABI Research soulignait la probabilité que la console représente dès 2008 85% des lecteurs Blu-Ray présents au sein des foyers américains ?


La prise en compte et non prise en compte des consoles haute définition avaient d'ailleurs fait l'objet de nombreuses querelles opposant les partisants des deux formats disques haute définition, pouvant en effet modifier en profondeur l'état des deux marchés respectifs (voir : Le camp Blu-Ray s'insurge devant les dernières données européennes)


Dans tous les cas et face à la résurgence de telles pratiques, il semble clair qu'une nouvelle guerre, rappelant étonnament la bataille chiffrée ayant opposé les formats HD-DVD et Blu-Ray, a déjà bel et bien débuté. Elle oppose effectivement et désormais le Blu-Ray Disc aux DVD upscalés ainsi qu'aux nouveaux services de vidéo à la demande, qui sur le plan médiatique sont effectivement actuellement pour le moins mis en avant et actifs. Reste aux consommateurs à ne pas tomber dans le piège de la construction des données chiffrées et autres prédictions, à l'origine pourtant de la formation de nombreuses opinions...