Avatar vs Piranha 3D : un virulent réglement de compte !

Publié le par la Rédaction



Le sujet faisait l’objet d’une de nos actualités du premier septembre. La sortie en salle de deux films en 3D profondément différents à la fois sur le fond, la technique et la forme : Avatar en Special Edition et Piranha 3D réalisé par le français Alexandre Aja. Pourquoi insister une nouvelle fois sur cette sortie ? Tout simplement parce que s'est ouverte depuis plusieurs jours une guerre de mots entre James Cameron, réalisateur d’Avatar, et les créateurs de Piranha 3D, un pop-corn movie qui fait actuellement un carton aux Etats-Unis et qui débute plutôt bien en France.


Petit rappel de la polémique. James Cameron qui a réalisé Avatar à l’aide de caméras numérique 3D (caméra Pace Fusion) a vivement critiqué Piranha 3D, un film qui a été tourné en 35mm 2D anamorphique avant d’être converti en post-production. Dans le cadre d’une interview réalisée pour Vanity Fair, James Cameron a tenu des propos assez virulents à l’égard des créateurs de Piranha 3D accusés quelque part de produire de la mauvaise 3D et de nuire au média.


« J’ai tendance à ne pas jeter à la poubelle les autres films, mais c’est l’exemple typique de ce que nous ne devrions pas faire en 3D. Parce que ce film avilit tout le média et vous rappelle tous les mauvais films d’horreur en 3D datant des années 70-80 comme Vendredi 13 (3D). »


A ces déclarations publiques, la réponse des créateurs de Piranha 3D ne s’est pas faite attendre. Mark Canton, producteur du film, a adressé une réponse au contenu assez virulent, incisif, dans le cadre d’un récent communiqué de presse, relayé très abondamment aux Etats-Unis (ex: CNN). Dans ce communiqué, Mark Canton rappelle quelques faits très intéressants et règle ses comptes :


« Monsieur Cameron, qui se proclame lui-même comme un visionnaire dans le processus de fabrication de films, semble avoir une vision très étriquée à l’égard des films qui ne sont pas les siens. C’est incroyable que dans le cadre du processus de création, qui est un travail de collaboration, Cameron s’auto congratule de façon constante comme s’il représentait à lui tout seul une équipe. Ses commentaires sont ridicules, autocentrés, et insultants envers ceux et celles qui ne servent ni son égo ni sa rhétorique. Jim, tu plaisantes ou quoi ? D’abord, permets-moi de te rappeler le fait que tu avais été nommé réalisateur de Piranha 2 avant d’être viré. Honte à toi si tu déconsidères ce genre de films ou si tu penses que des maîtres comme Roger Corman et ses collaborateurs ont eu moins d’importance dans l'histoire du cinéma que toi.»


« La joie et l’immersion d’une audience dans une salle de cinéma, comme les spectateurs ont pu connaître et expérimentent aujourd’hui avec Piranha 3D, provient de l’originalité et de la vision du réalisateur, et pas seulement du seul processus de création technologique. »


« Mon sentiment est que Mr. Cameron n’a pas vu Piranha 3D, certainement pas dans une salle de cinéma avec une vraie audience. Jim, nous t’invitons à expérimenter ce film dans un cinéma plein de fans. »


Avant d’ajouter plus tard : « Pour être honnête, j’ai trouvé la 3D d’Avatar vraiment inconsistante et bien que pionnier à bien des égards, je pense qu’à certains moments, la 3D a submergé la narration. Technologie à part, j’aurai souhaité qu’Avatar ait bénéficié d'un scénario plus original. »


Voilà en somme un vrai réglement de compte !


Petite précision en vue de ne pas dérouter le cinéphile. Bien que Piranha 3D n’a pas été réalisé à l’aide de caméras 3D, le film a tout de même bel et bien été pensé, conçu et réfléchi dès le départ pour le cinéma relief. Difficile à comprendre au premier abord... Néanmoins dans une interview réalisée par Premiere.fr, Alexandre Aja avoue avoir souhaité tourner en vrai 3D. Il a même paradoxalement, à l’entame du projet, entamé un travail de collaboration avec l’équipe de James Cameron, et c’est cette équipe qui n’a pas pu, sur le plan technique, rendre le tournage 3D natif possible...dans les conditions techniques et budgétaires du projet. Aja rappelle également que contrairement au Choc des Titans, la conversion en 3D de Piranha, processus que James Cameron exploite actuellement pour la conversion de Titanic, a duré 9 mois et non quelques semaines.


De même, on peut rappeler que des choix purement techniques au moment du tournage tels que la sélection des zones de mise au point, l’ouverture du diaphrame (influençant déjà en 2D la profondeur de champ il faut le rappeler...) peuvent dès le départ du tournage être effectués pour renforcer la sensation de relief et faciliter la conversion. Comme le soulignait également Christopher Nolan récemment, tourner en 3D actuellement revient à choisir de tourner en numérique, un choix technique et esthétique que n'apprécie pas forcément les metteurs en scène, Aja compris (voir pour cela l'interview de John Leonitti, directeur de la photographie sur Piranha 3D).


Alors, devons-nous boycotter tous les films convertis en 3D en post-production ? Difficile à dire... Seule  l’expérience en salle, celle du public, la vôtre, sera réellement décisive. Profitez-en : les deux films sont diffusés actuellement en France et Piranha 3D réserve quelques bons jaillissements...