L’avenir du format Ultra HD Blu-ray est-il profondément incertain ?

Publié le par la Rédaction



Bill Hunt de TheDigitalBits.com fut présent à l’occasion du dernier Comic Con de San Diego avec plusieurs producteurs d’éditions Blu-ray Disc pour évoquer l’avenir - compromis ? - des disques physiques et du futur format Ultra HD Blu-ray.

Robert Meyer Burnett (Star Trek: The Next Generation), Charles de Lauzirika (Twin Peaks, Alien, Blade Runner: The Final Cut) et Cliff Stephenson (Hannibal, The Hunger Games) ont pu exprimer leurs regrets à l’égard d’une industrie qui semble progressivement les abandonner au profit de l’émergence grandissante des offres légales en streaming.

“Ils veulent nous mettre dehors. Si l’alternative est d’avoir un fichier que vous pouvez partager en streaming, alors vous vous débarrassez de l’ensemble des coûts de fabrication. Vous vous débarrassez du packaging. Vous vous débarrassez de tout. Vous n’avez besoin que d’un fichier et tout fonctionne. Et vous vous débarrassez de nous, producteurs, ce que de nombreuses personnes souhaiteraient.” (Robert Meyer Burnett)

Pour les trois protagonistes, le format Blu-ray Disc n’aurait jamais du être considéré comme un produit de masse mais plutôt comme un produit haut de gamme, qualitatif, s’adressant à une niche de consommateurs soucieux de la qualité des contenus qu’ils consultent.

“Le DVD a connu un grand succès, plus grand qu'escompter. Les clients sont passés d'amateurs avertis au grand public, ce qui a beaucoup stimulé les chiffres de vente. Quand le Blu-ray est arrivé, il est devenu rapidement un produit s’adressant à une clientèle plus qualitative et les gens qui ne souhaitaient pas forcément acheter l’ensemble des films ne les achetaient pas, donc les studios ont considéré le Blu-ray comme un produit au moindre succès alors que la réalité est toute autre : le Blu-ray a rencontré le même succès que le Laserdisc il y a 20 ans, voire même davantage.” (Cliff Stephenson)

“En fait, vous devez avoir un système Home-Cinéma décent pour vraiment apprécier le format Blu-ray. Et la plupart des gens ne disposent pas de ce matériel. Vous devez être vraiment un spectateur averti pour bénéficier de tout l’intérêt du format Blu-ray. Ma mère par exemple fait partie de la population générale. Elle souhaite juste mettre du contenu à l’écran et être en mesure de le faire. Si vous commencez à lui parler des nuances du transfert, ce n’est pas même la peine, elle ne sait même pas de quoi je peux parler. Donc allez lui parler d’Ultra HD ou de 4K ? Qui va réellement s’en soucier ?” (Robert Meyer Burnett)

Le problème : l’écart entre les attentes chiffrées des studios, qui ont engagé de forts investissements pour la restauration de leurs œuvres et les attentes réelles des consommateurs.

“C’est comme si vous aviez l’impératif de vendre un million d’exemplaire du produit au risque de considérer l’affaire comme un échec alors que vous ne pouvez objectivement même pas vendre 100.000 exemplaires de ce produit.”

Que préconiser ? Pour les studios : reconsidérer le produit sous un angle davantage qualitatif que quantitatif. Ne pas vouloir faire nécessairement de l’Ultra HD Blu-ray un format de masse et adapter réellement l’offre Ultra HD à la niche de consommateurs à laquelle elle est réellement vouée s’adresser. Restauration image de qualité, pistes audio de qualité contre un tarif supérieur ? Pourquoi pas ? En tout cas, la transition vers le total numérique ne signifie pas forcément la fin des médias physiques….

“Je ne pense pas que ce soit la fin. Je pense que nous sommes à une période de pause. Je pense que les médias physiques vont devenir un produit de niche, et que tout le monde ne souhaitera pas nécessairement bénéficier d’un bel emballage et de nombreux suppléments bonus. Le streaming va devenir la norme pour la majorité des consommateurs mais je pense qu’il y aura toujours une place pour les disques pour ceux et celles désirant bénéficier d’une meilleure expérience.”  (Bill Hunt)

Reste à savoir si les studios sauront adapter leurs offres et tirer les leçons du passé...

En tant qu’home-cinéphiles, on aimerait en tout cas voir émerger avec l’Ultra HD Blu-ray une véritable alternative à la dématérialisation de nos vidéothèques : un bel objet, prolongement de la créativité de l’artiste, œuvre d’art au sens propre, que l’on pourrait prendre plaisir à exposer, à posséder et à consulter dans les meilleures conditions. Un rêve possible ?

Affaire à suivre...