Test Blu-Ray : Eminem : Live From New York City

Difficile d’établir une chronique sur un concert d’Eminem lorsque l’on est pas vraiment fan - enfin pas vraiment du tout pour tout vous dire. C’est un exercice périlleux que l’on se doit tout de même d’effectuer avec rigueur en respect envers les milliers de fans de l’artiste. Filmé au Madison Square Garden en 2005, ce concert a l’avantage de réunir tous les principaux succès du rappeur d’Evil Deeds au célèbre Lose Yourself.

Nos impressions rapides sur cette manifestation... On parlera d'un évènement abondamment théâtral, avec des va-et-vient en backstage (coulisses) très scénarisés durant lesquels le chanteur Eminem devient un acteur qui, pour ainsi dire, va mettre en scène sa propre mise en scène. Dès les premières minutes, il se dégage de cet artiste une volonté de construire une image qui n'est peut-être la sienne, Eminem semblant jouer d’un rapport avec lui-même d'une façon assez « phénoménale » ; ce qui en ce sens nous dépasse. Le concert, comme l’est la musique de cet artiste, est énergique, virulent et aussi très engagé comme le figurera une caricature du président George W.Bush qui apparaîtra sur scène, un président auquel on sait pour mémoire qu’Eminem, sans doute pour des raisons légitimes, n’a pas approuvé certaines lourdes décisions passées. Ce concert est aussi incroyablement communicatif. Eminem fera à de nombreuses reprises participer son public. L'enregistrement, au travers des prises de vue assez singulières et perpétuellement en mouvement, véhicule sans arrêt cette idée d'immersion primaire, cette hypnose liant de façon émotionelle le public à son idole. Tout le monde semble connaître par cœur les paroles du chanteur et il devient peut-être difficile, en tant que spectateur étranger au phénomène et à cette musique, de s’introduire sans complexe dans cet évènement. En regardant ce Blu-ray, on devient vite l’étranger d’un phénomène auquel on a du mal à saisir la magie, les ficelles et la cohérence de certaines représentations.

Doit-on être fan pour apprécier et goûter aux joies de ce concert ? Sans aucun doute, car pour nous, même les prises de vue, l’énergie rythmique, et les démonstrations théâtrales au combien spectaculaires n’ont pas suffi à nous émouvoir. Eminem dégage dans ce concert un rapport très complexe avec son image et son public. Face à la joie manifeste des fans à l’égard de l’artiste, on se dit que l'on perd quelque chose ou que l'on est à côté de la plaque... On touche dans ce rapport toute la complexité de la magie musicale, de la puissance communicationnelle de l’art que l'on partage plus ou moins selon nos affinités et surtout du rapport à l’altérité. Eminem est pour nous un phénomène qui nous est étranger mais au moins on peut reconnaître qu’il est un phénomène et ce concert en sera même une preuve irréfutable. Un Blu-ray appréciable mais il faut savoir apprécier le style...

Le test technique du disque est à suivre en page suivante...

Caractéristiques

Vidéo : Transfert 1080i MPEG-4 AVC (Débit Moyen de 30031 Kbps) / Format 1.78
Audio : DTS-HD Master Audio 5.1 (Débit Moyen de 2554 Kbps / Encodage 16-bit), Dolby Digital 5.1 (640 Kbps) et LPCM 2.0

Liste des titres :

1) Backstage 1
2) Evil Deeds
3) Mosh
4) Rain Man
5) Ass Like That
6) Puke
7) Kill You
8) Like Toy Soldiers
9) Git Up (Feat. D12)
10) How Come (Feat. D12)
11) Rock Star (Feat. Bizarre of D12)
12) 40 Oz (Feat. D12)
13) My Band (Feat. D12)
14) Backstage 2
15) Stan
16) The Way I Am
17) Just Don't Give A Fuck
18) Got Some Teeth (Feat. Obbie Trice)
19) Stay 'Bout It (Aqua) (Feat. Stat Quo)
20) The Set Up (Feat. Stat Quo)
21) Like Dat (Feat. Stat Quo & Obie Trice)
22) Cleaning Out My Closet
23) Mockingbird
24) Just Lose It
25) Backstage 3
26) Lose Yourself (Feat. D12)

Qualité Technique

L’évènement étant plutôt récent et filmé en HD, c’est sans trop de surprises que l’on assiste à une présentation correcte mais jamais transcendante non plus. Encodée en MPEG-4 AVC (1080i), l’image haute définition reste solide, très abondamment colorée, et correctement définie dans l’ensemble. Il faut noter que les séquences Backstages ne sont en aucun cas représentatives du concert en lui-même. L’image y est volontairement sale, très peu définie, et bruitée. Mais c’est sans doute une volonté artistique, Eminem ayant souhaité nous introduire, à sa manière, dans « ses » propres coulisses. Les prises de vue sont énergiques, très saccadées, et adoptent en quelques sorte les pas cadencés de cette musique urbaine. Beaucoup de plans sont axés vers le public. Malheureusement, ces quelques plans sont très fragiles et accusent des faiblesses de prises en vue effectuées en basse lumière : bruit vidéo et perte soudaine de définition. Les noirs d’ailleurs ne sont pas les plus solides que l’éditeur ait pu nous offrir et font l'objet d'un bruit plus ou moins constant. Mais pour le reste, c’est très standard et l’image reste satisfaisante.

Audio

Côté son, on sera un poil plus réservé. Malgré une prise de son moderne et une musique  rigoureuse par sa nature non organique, le mixage reste relativement peu subtil et se contente de véhiculer une musique finalement assez agaçante par sa forme résolument répétitive. Eminem : c’est ici 78 minutes de canal grave au mono-rythmique peu nuancé associé à la voix toujours hargneuse du chanteur qui occupe la part la plus importante du spectacle. Désolé pour les fans, mais c’est ainsi, en tant que néophyte à l’univers d’Eminem, que l’on perçoit l’évènement. L’apport du format multicanal 5.1 n’est pas nul mais n’est jamais extraordinaire. Les voies arrière diffusent quelques bribes de manifestations du public et élargissent la scène sonore. Mais son usage n’est jamais créatif. On est face à une boîte à rythme très pesante en basses fréquences et concentrée sur un axe frontal trop homogène. Autre étonnement : le DTS-HD qui ici est encodé seulement en 16-bit, n’apporte pas un écart acoustique très significatif face à la piste Dolby Digital 5.1 ; un écart auquel l’éditeur nous a pourtant toujours plus ou moins accoutumé…Le DTS-HD amplifie certes la dynamique générale et le poids des basses fréquences mais sans réaliser de grands miracles. Heureusement que les voix du chanteur restent claires et jamais brouillonnes.

Conclusion et Screenshots HD

Apprécier la musique d’Eminem est un art auquel nous ne passerons jamais maîtres. Dans tous les cas, il faut reconnaître objectivement qu'Eagle nous offre une édition un peu pauvre en contenu. Aucun bonus, un transfert un peu hésitant et une piste DTS-HD au rendu musical un peu trop répétitif et peu créatif sur le plan multicanal.

A voir absolument ? Oui mais pour les fans seulement !

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ScreenShots HD (Extraits redimensionnés en 1280 x 720 pixels et encodés au format .jpg