Test Blu-Ray : Revolver

Publié le par la Rédaction



Test Blu-Ray RevolverRevolver est un film écrit et réalisé par Guy Ritchie, réalisateur à qui l’on doit Snatch et produit par Luc Besson. Au-delà des apparences, Revolver ne traite pas simplement du sujet de l’arnaque mais constitue bel et bien un voyage initiatique où le héros nous amène au plus profond de lui même, affronte ses propres démons, et délivre aux spectateurs son expérience de transformation et d'élévation intérieure.

Il s’agit d’un film complexe et difficile à interpréter, mais il constitue une véritable œuvre d’art tant son scénario est ficelé avec minutie et une véritable maîtrise. Il n'a tout simplement pas été jugé à sa juste valeur par la presse spécialisée.

Revolver est disponible en édition Blu-Ray Disc, ce qui constitue à ce jour une excellente opportunité de découvrir ce film doté d’un style éloigné des canons du cinéma actuel à grand spectacle. Il s’agit d’une édition signée Europa.

Cette édition est-elle une arnaque absolue ou cache-t-elle véritablement un trésor pour le home-cinéphile ?

Toutes nos réponses sont dans ce test…

Caractéristiques

Vidéo : Transfert 1080p MPEG-4 / 2.35
Audio : Anglais et Français en DTS HD Master Audio Lossless 5.1
Sous-titres : Français
Bonus : Making-Of, Making-of Musique, Bande Annonce, Clip Vidéo

Résumé et introduction à l'analyse


Résumé

Jake Green a passé sept ans de sa vie en prison. Il accuse Dorothy Macha, un propriétaire de casino, d’être responsable de son incarcération. Dans sa cellule, Jake Green, en fin arnaqueur d’exception, va mettre au point la stratégie ultime pour vaincre et par là-même se venger de Dorothy. Conceptualisant sa stratégie sur une table d’échec, Jake une fois sortie de prison va mettre à exécution son plan pour gagner cette partie. Il va s’allier à deux personnages curieux et mystérieux aux noms de Zach et Avi, qui vont l’aider dans sa quête. Mais cette confrontation opposant Macha à Green devient vite secondaire lorsqu’un nouvel ennemi, le véritable adversaire connu sous le nom de Sam Gold, intervient et tente de tromper les deux camps. Et si toute l’histoire n’était en fait qu’une manipulation de Sam Gold pour tromper les deux ennemis, pourrait-on dire qu’il existe encore un vainqueur dans cette partie ?

Introduction à l'analyse

Test Blu-Ray Revolver

Lorsque l’on a apprécié ce film de Guy Ritchie qui impose il est vrai aux spectateurs plusieurs visionnages nécessaires en vue d’atteindre une première compréhension (bien que Richie ait sans doute placé un trop grand nombre d’éléments symboliques que lui seul saura interpréter), et que l’on lit quelques une des critiques élaborées par la presse à ce sujet, on ne peut être dans un premier temps que frustré. Non il ne s’agit aucunement d’un vulgaire documentaire de poker ; non il ne s’agit aucunement d’un vulgaire polar contrairement à ce que pourrait suggérer la jaquette de ce Blu-Ray Disc. Il s’agit bien d’un film d’action intellectuel comme l’aime le décrire le réalisateur qui a nécessité plus de trois ans d’élaboration et qui exploite à merveille l’univers symbolique du jeu d’échec pour nous dévoiler au grand jour une partie du fonctionnement de la vie humaine et du psychisme de chaque individu tel que le perçoit le réalisateur. Il s’agit en quelque sorte d’un voyage initiatique, où le héros est plongé au cœur de lui-même, affronte ses propres démons, et délivre aux spectateurs son expérience de transformation intérieure.

Séduit par ce film qui m’était jusqu’à présent inconnu et qui m’a interpellé dans un premier temps, je dois avouer mon envie de tenter d’aborder ici une possible interprétation (car il en existe de multiples concernant ce film). Cela me semble beaucoup plus utile qu’une simple analyse de style qui devant la complexité du film ne servirait pas à grand-chose pour vous lecteurs. Offrir une interprétation de Revolver est peut-être un piège dans la mesure où l’on se prête à interpréter un film portant son intérêt sur l’Arnaque. Elle permettra peut-être d’éclaircir certains thèmes, certaines images et réflexions que nous impose le réalisateur avec Revolver et ainsi redonner l’envie à certains de découvrir ou redécouvrir ce film en haute définition.

Cette vision n’est pas la seule possible et se révèlera sans doute fausse pour certains. Pour ma défense, on pourra citer les propos de Richie même : « Il n’y a ni vrai, ni faux, ni morale, ni éthique ».

Etape 1 : Les échecs comme représentation de l'univers intérieur de Jack Green


Le jeu d'échec comme métaphore des conflits intérieurs

Là où l’on pourrait parfaitement tenter d’analyser Revolver et le personnage de Jack Green, cherchant à se venger et à arnaquer finalement son adversaire Dorothy Macha de son incarcération (chose qu’il parviendra effectivement à la fin du film) c'est-à-dire sous le registre du réel, le plus efficace et devant la présence d’une multitude de signes et d’éléments oniriques, reste certainement d’analyser l’ensemble de ce film sous une dimension tout simplement abstraite et symbolique. Revolver nous plongerait ainsi au sein même du psychisme d’un individu. On serait dans la tête du personnage de Jack Green, comme emprisonné dans cette « cellule » intérieure, du début à la fin. L’échiquier serait en soi une figure parfaite pour représenter ce psychisme humain et la cellule d’isolement durant laquelle le personnage vivra 7 ans parfaite pour illustrer cet état d’emprisonnement intérieur dans lequel nous plonge le réalisateur.

Le jeu des échecs symboliserait en quelque sorte la vie intérieure et limitée du personnage avec ses rapports de force, les combats opposant différentes facettes de la personnalité du héros : le jeu étant que l’un des pions, c'est-à-dire l’une de ces facettes s’impose, renverse l’équilibre actuel, prenne le contrôle et libère ainsi le personnage de sa cellule (métaphoriquement parlant son esprit). La confrontation et les différentes coalitions et stratégies opposant et liant les personnages de Revolver (Jack Green, Dorothy Macha, Avi, Zach, ou encore le mystérieux Sam Gold) seraient en réalité les différentes pièces de l’échiquier, les stratégies adoptées, c'est-à-dire les forces s’opposant pour la maîtrise et l’élévation intérieure de notre héros.

Les indices

Si l’on suit cette logique et cette métaphore, le psychisme de chaque être humain pourrait être représenté par une partie d’échec. Le jeu se définit par deux camps s’affrontant : le joueur et son adversaire soit deux forces s’opposant pour le contrôle et le maintient de l’ordre psychique. Gagner la partie promet à l’individu de conquérir la maîtrise de ses émotions, poursuivre une évolution sur l’échelle de la compréhension de la vie et réaliser une libération, en soi une transformation intérieure.

Plusieurs indices nous laissent penser que cette lecture se rapprocherait (avec milles précautions) des intentions du réalisateur :

- « Jake et Macha sont le même personnage, l’un est la main gauche, l’autre est la main droite » avouera le réalisateur au sein du supplément bonus. Cet élément nous rappelle cette scène où le héros joue seul aux échecs, avec ses deux mains, prisonnier dans sa cellule.
- La table de Poker présente au dernier étage du casino de Dorothy Macha n’est réservée qu’à « deux joueurs seulement ». Il s’agit ici bel et bien d’une représentation symbolique illustrant le début du combat psychique de Green et Macha c'est-à-dire leur entrée dans ce jeu d’échec virtuel et cérébral. Ils y définiront là le prix à gagner de ce jeu c'est-à-dire l’enjeu du jeu.
- Les billets de dollars sont des billets inexistants dans le monde réel : 12 dollars.
- D’autres indices ésotériques sont décelables tout au long du film (passage en bande dessinée également visible sur l’écran de télévision, ascenseur stoppant à l’étage 13 qui n’existe lui-même pas et qui bien sûr bénéficie d’une connotation mystérieuse, le niveau 32 de ce même ascenseur qui est lié à un niveau de sagesse intérieur, le lieu où Jack fait la rencontre de Zach et Avi se nomme « Paramount City » symbole d’illumination et de transformation intérieure etc…)
- « On est tous dans le jeu d’échec symbolique de la vie » affirmera l’acteur Jason Statham au sein d’une interview
- Enfin les nombreux : « Réveillez-vous M.Green » prononcés par Zach nous laissent bien penser que toute l’histoire se déroule dans une dimension intérieure.

Le contexte est donc établi : nous sommes dans un jeu d’échec virtuel, une illusion collective dans laquelle s’opposeraient officiellement deux facettes opposées de la personnalité du protagoniste : Green et Macha (main gauche contre main droite). En tant que spectateur, nous sommes nous-même prisonniers de cette illusion mis en image par le réalisateur et encourageons le héros à réaliser son escroquerie pour ainsi vaincre son adversaire. Nous sommes en quelque sorte à la place du vrai Jack Green qui effectue son rêve et applique sa stratégie. « Lui c’est nous ».

Etape 2 : Qui sont Zach, Avi, et Sam Gold ?


Zach et Avi

La partie d’échec étant désormais pleinement définie, interviennent alors deux autres personnages : Zach et Avi. Ce sont ici deux pions de la personnalité positive du héros. Ces deux éléments psychiques vont travailler avec Green (trinité positive ?) pour élaborer la stratégie parfaite permettant d’assurer le contrôle de la partie d’échec et renverser ainsi l’adversaire. Ce sont deux nouvelles facettes de la personnalité du héros (l’arnaqueur et l’expert), deux anges gardiens pour ainsi dire qui ouvriront le héros à la voie initiatique et l’aideront à surmonter certains obstacles lui permettant de gagner la partie : en soit d’accéder à un plus haut degré d’illumination et de sagesse spirituelle (on peut noter le symbolisme des clés ouvrant les portes de la sagesse et autres énigmes intérieures).

C’est donc bel et bien l’esprit de Jack Green cherchant à élaborer la stratégie parfaite pour conquérir « sa » partie d’échec qui génère l’intervention de ces deux personnages. Et cette progression dans la compréhension du fonctionnement de la pensée, cette aventure intérieure va nécessiter une transformation du personnage, le passage à différents degrés d’évolution et de compréhension qui atteindra son apogée avec la découverte de l’identité de Sam Gold.

Sam Gold

Après s’être défait de ses attachements matériels (l’argent qu’il offrira à une œuvre caritative), le héros va être interpellé par ce Sam Gold ? Mais qui est donc Sam Gold ? Sam Gold est tout simplement la force obscure, le diable qui réside en chacun de nous mais dont la majorité de la population humaine ignore même l’existence. Il est symbolisé par cet œil omniscient, l’œil qui voit tout et que l’on ne voit pas, s’alimentant derrière nos peurs de notre souffrance pour imposer un contrôle absolu de notre pensée. C’est en quelque sorte le diable, le malin, ou pour reprendre les termes exploités dans ce film « Le Grand Gold, M.Le Clandestin, M.l’Ambigu, M.Mystère, M. Magie Noire ».

« Il est là haut dans votre tête et se fait passer pour vous. Personne ne voit Gold, mais Gold voit tout. Il est derrière chaque souffrance dans ce monde, derrière chaque crime perpétré ».

Il est le véritable adversaire de Green tout comme celui de Macha. Il est en fait l’adversaire de tout le monde mais peu d’êtres humains sont au fait de son existence. Car Sam Gold est sans doute le plus rusé des personnages de ce jeu d’échec. Il est défini par le réalisateur comme étant le plus intelligent. Il se nourrit et se loge dans la peur de chacun !

La prise de conscience de l’existence de Sam Gold

La prise de conscience de la part du Jack Green de l’existence même de Sam Gold est l’une des plus belles scènes du film. Elle permet d’exposer l’identité de Sam Gold, qui est une facette de lui même, et redéfinit en quelque sorte la nature même du jeu dans lequel était prisonnier notre héros dans sa cellule.

« Cette voix est si familière qu’elle pourrait être la vôtre ou celle de votre meilleur ami. Quelle est la meilleure cachette pour un adversaire ? Là où l’on attend le moins. »

Sam Gold est donc la voix off de Jack Green, la force obscure se cachant dans sa tête et qui le contrôle et qui fait de même pour l’ensemble de l’humanité. L’étape de prise de conscience de l’existence même de Sam Gold est donc une étape d’illumination et une transformation intérieure (elle se déroulera sur le toit du « Paramount City », où siège un luminaire « Diamond », symbole de maturité, de perfection et de pureté spirituelle) menant à un niveau plus élevé de sagesse. Il s’agit ici ni plus ni moins d’une élévation spirituelle du héros à laquelle on assiste (d’où l’idée de l’ascenseur). Elle permet à Green de saisir quel est son véritable adversaire et l’arnaque que le diable lui a faite depuis le début de son existence : « lui faire croire qu’il était lui. », sa petite voix qui le conseillait depuis toujours dans ses choix en somme son Ego.

Green vs Macha : une fausse bataille !

Si l’on suit ce raisonnement et paradoxalement, Sam Gold apparaîtrait logiquement comme la force à l’origine même de la stratégie ultime élaborée par Green (une véritable vengeance), avec l’aide de Zach et Avi, pour vaincre Macha, l’ « adversaire déclaré » dans cette partie d’échec. C’est effectivement cette voix-off, se cachant dans sa tête qui l’a depuis le début entraîné dans cette aventure, en soit dans ce jeu d’échec qui l’oppose à Macha. En somme pour l'esprit de Jack Green, Macha est l’ « adversaire déclaré » de cette partie. Gold est néanmoins le « véritable adversaire ».

Devant ce nouvel adversaire bien plus rusé représenté par Le Grand Gold et bien qu'invisible dans cette partie, Dorothy Macha ne devient donc à nos yeux de spectateurs qu’un adversaire de second rang, illusoirement généré par Gold pour tromper Green et inversement.

Plus concrètement, ce sont des défauts et attitudes pleinement humaines qui sont ici représentées par Sam Gold : l'Ego, l’avarice, le besoin de reconnaissance, la peur de la mort ou même la simple vengeance ; des éléments qui effectivement bouleversent l’état psychique de Jack Green et de Macha, et qui ont même motivé ces derniers à entamer cette partie d’échec à laquelle on assiste depuis le début du film.

Etape 3 : La partie d’échec où l’échec est la règle !


Les forces en présence étant expliquées : Jack Green peut-il gagner la partie d’échec qu’il a entamé et est-ce véritablement le plus important ?

« Un sage m’a dit un jour qu’une règle primait ici bas. Une petite question qui conditionne tout succès. Plus un homme y réfléchit, plus il devient puissant : Qu’est-ce que j’y gagne ? » (Macha).

C’est là toute l’ambiguïté du jeu des échecs et à mon sens ce que Guy Ritchie cherche à nous expliquer non pas simplement à la fin du film mais durant tout son long.

Sam Gold : "Je suis le Jeu" !

Sam Gold, l’adversaire véritable, l’œil qui voit tout, le maître du jeu, est effectivement omniscient. Il est partout, y compris dans le jeu et en dehors du jeu. Il est même en soi le jeu lui-même. C’est lui qui a défini les règles de cette partie d’échec fondée sur l’opposition et la dualité. Il en a finalement depuis le début le contrôle et les deux forces illusoirement opposées et en présence (Green vs Macha) travaillent finalement et inéluctablement à sa victoire (la destruction, la souffrance, les crimes causés par les affrontements et les coups d’une partie d’échec).

L’adversaire véritable, Gold, le Diable est celui qui divise. Etant mis en confrontation l’un à l’autre, Jack Green ni même Macha ne peuvent finalement pas l’emporter sur Gold, le véritable adversaire des deux joueurs. La victoire de l’un sur l’autre est l’illusion de Sam Gold qui leur a fait croire qu’ils pouvaient l’emporter sur lui ! C’est ce qui constitue l’arnaque de l’arnaque, l’arnaque absolue, le piège du piège ou l’escroquerie ultime. C’est en soit l'Ego, le besoin de gagner, de vaincre l’autre, de s’opposer à l’autre soit le principe même de dualité et de division très bien représenté par l’image de l’échiquier qui constitue le piège ultime de la pensée et qui a besoin d’être dépassé.

Le piège du jeu et du film

Sam Gold en somme est parvenu à diviser pour mieux régner. C’est là où résident l’intelligence du diable et celle du réalisateur qui a piégé ses spectateurs en faisant croire que son histoire était vraie et que le héros pouvait l’emporter sur le réel ennemi (Gold). Le héros tout comme le spectateur sont donc piégés au moment même où ils ont entamé la partie, dans la mesure où seule la motivation de détruire et d’escroquer l’autre permet d’expliquer que Green ait entamé ce jeu (la raison d’être du film et de toutes parties d'échec).

Cette histoire, cette partie d’échec qui représente métaphoriquement parlant notre psychisme, notre vie intérieure, l’image que l’on a de soi même, ne serait donc qu’une illusion dans laquelle malheureusement on serait tous plongés et victimes.

En somme, cette réalité est froide, mais : « On travaille tous pour Sam Gold » ce qui constitue l’énorme arnaque de ce jeu d’échec et l’énorme arnaque d’une vie intérieure dans laquelle le principe même de dualité prévaut, tout comme la grosse arnaque du film.

Indices

- « Quand on gagne on se dit que ça va continuer mais quand on est confronté à ce spectacle, une réalité nouvelle et froide lève le voile sur un fait qu’on préfère ignorer : on ne peut pas gagner. L’unique récompense garantie dans ce jeu est qu’on perdra. Simple question de temps. » (Sam Gold)
« - « C’est à Sam Gold que je me retrouve enchaîné. M.Magie Noire. M. Le Maître du Jeu » (Dorothy Macha)
- « - Pourquoi vous gagnez toujours ? - C’est un jeu d’enfant. Vous faites tout le travail, je ne fais que vous aider. La ruse est de vous faire croire que vous me prenez des pièces parce que vous êtes plus intelligent que moi. Vous êtes aveugles » (Green sous l’emprise de Gold - l’arnaqueur)
- « Tu me prends pour un être malfaisant, non ? Je le vois, ton jeu. Je suis ton jeu. » (Macha sous l’emprise de Gold - la peur)
- « Vous êtes dans une partie. Vous êtes dans la partie. Tout le monde est dans sa partie mais personne ne le sait. Et tout ce qui nous entoure, c’est son monde. Ca lui appartient. Il le contrôle. Il vous dit quoi faire. » (Avi)

Etape 4 : Illusion, Dualité et Transcendance


Le je/jeu est une illusion

Le jeu d’échec fut en somme une illusion de Gold. La confrontation entre Green et Macha ne fut qu’une malice, un piège de Gold, cherchant à éloigner le héros du vrai adversaire, (s’il existe... ?). Le suicide de Macha croyant voir en Jack Green Sam Gold symbolise la victoire de la peur sur l’état psychique du héros, c'est-à-dire la supériorité finale dans ce jeu défini par Sam Gold de Sam Gold. La vengeance initiale de Jack Green sur Dorothy Macha est elle-même également accomplie par ce suicide. Sam Gold est le grand vainqueur de ce jeu. Là réside cette fameuse élégance de l’adversaire qui en définissant les règles du jeu ne peut sortir que vainqueur de ce dernier.

Dépasser la dualité pour changer les règles du jeu

C’est donc en dépassant ce principe de dualité inhérent à notre pensée, que le héros pourra parvenir au plus haut niveau d’illumination et de sagesse. Et cela s’effectue uniquement pour le héros en quittant ce jeu d’échec, soit au moment seulement où la partie prend fin (et ainsi le film). Jack Green s’il veut clôturer ce voyage initiatique se doit d’accepter de perdre contre Sam Gold, abandonner son Ego, pour que la partie s’achève et qu’il puisse enfin en être libéré. C’est là la raison d’être de la fin du film, de cette confrontation finale, et de ce suicide qui en retrace l’illustration.

Si l’on suit tout ce raisonnement et appliqué à la métaphore du jeu d’échec et de la vie intérieure de l’être humain, la seule issue pour atteindre le plus haut niveau d’illumination et de sagesse intérieure et donc d’échapper aux règles dictées par Sam Gold (dualité et division de la pensée = confrontation dans un échiquier) se résumerait finalement au vrai lâcher-prise, accepter l’échec de la partie, accepter l'absence de contrôle et d'Ego comme le parviendra Jack Green pour échapper à ce jeu qui le piègeait par ses règles.

Il nous faut donc pour saisir la voie permettant de gagner ce jeu d'arnaque transcender le concept même de dualité, dépasser les règles du jeu, ce qui est en soi un exercice intérieur complexe tel qu'on peut le retrouver dans certaines philosophies et chez le réalisateur lui même :

« C’est tout simplement l’histoire d’un jeu et comment on gagne à ce jeu. Il n’y a ni vrai, ni faux, ni morale, ni éthique ».

L'intelligence de ce diable de réalisateur

Si l’on pousse donc la métaphore de l’illusion collective, le spectateur en allant voir ce film a lui-même été pris au piège du voyage cérébral de Jack Green, cette partie d’échec où seul Sam Gold (que l’on pourrait ici rapprocher de Guy Ritchie le réalisateur ?) avait le contrôle du début à la fin. La fin du film nous libère heureusement de cette grosse arnaque du réalisateur tout comme la fin de cette partie (La mort du héros ?) libère Jack Green de son emprisonnement psychologique et l’amène sans doute vers une autre dimension spirituelle.

« Le diable n’est pas un mauvais type …C’est en fait un mec intelligent ! » affirmera Guy Ritchie dans le making-of.

Conclusion

Revolver se révèle d’après moi un film profondément spirituel. Il impose aux spectateurs introspection véritable qui peut vous marquer pendant plusieurs jours si vous cherchez à saisir le sens de certains passages. Le film reste tout de même vraiment coriace à consulter et à apprécier mais malgré ses défauts, il ne mérite pas d’être catalogué comme la presse pourtant « spécialisée » a pu le faire : ce qui est à la fois dommage et compréhensible vu la complexité de ce vrai puzzle qui peut d’ailleurs être interprété et assemblé de différentes façons selon l’expérience et la vision de chacun.

Qualité Technique


Vidéo

Sur le plan technique, Revolver est disons-le tout de suite une vraie réussite. L’image profite tout simplement d’un transfert et d’un encodage MPEG-4 plus qu’efficace. Le film bénéficie d’une photographie très variée, avec des plans très réglés et des passages ultra-saturés qui confèrent l’idée d’un univers intérieur complexe et diversifié. Il en est par exemple de ces passages dominés par le bleu des UV, le rouge voir même l’or et l’orange qui s’associent parfaitement à certaines thématiques et personnages archétypes. L’apport de la haute définition est on ne plus jouissif : l’image et les détails apparaissent nets du début à la fin. En bref, Revolver est conceptuellement et visuellement étonnant et l’on pourrait attribuer cette même qualité à ce Blu-Ray Disc.

Audio

Côté audio : que dire ? Europa nous gâte en nous offrant deux pistes déclinées en DTS-HD Master Audio 5.1, pour la version originale et française. Une idée peut venir à l’esprit concernant ces deux pistes : richesse et nuance. On a le droit effectivement à tout avec cette édition. Dynamisme et ampleur des fusillades (il faut s’accrocher au chapitre 2 durant la première fusillade qui est explosive et qui exploite tous les canaux avec une force qui décoiffe), musicalité avec cette magnifique bande originale (on notera l’excellente scène dramatique de l’ascenseur qui musicalement est à la fois simple mais superbe), entraînante et envoûtante avec cette voix-off relative au fameux personnage mystérieux de Sam Gold, et enfin parfois surprenante : on pense à ces coups de feu au silencieux qui font résonner votre pièce et qui confèrent une sensation d’épaisseur et de profondeur parfaitement associable avec cette histoire de psychologie, de voyage et blessures présentes au plus profond de soi même.

Vraiment, cette édition techniquement se révèle plus que réussie.

Bonus et Conclusion


Making-of

Côté bonus, on découvre un documentaire making-of qui offre certains indices aux spectateurs leur permettant d’entamer une première étape de compréhension du film. Il n’y a pas de réponse claire à certaines interrogations mais juste le nécessaire pour que le spectateur puisse débuter un raisonnement à partir des bonnes bases : l'univers du jeu et de l'arnaque, qui se fait arnaqué dans le jeu, qui est le plus intelligent dans ce jeu, la symbolique du revolver, Sam Gold et la signification de certains personnages.

Making-of musique

Il s’agit ici d’un petit document qui revient sur l’importance de la bande originale de ce film. On découvre l’aspect intuitif que Guy Ritchie a voulu conserver pour cette BO qui est d’ailleurs en passant très réussie et musicalement diversifiée.

On n’oublie pas de citer le clip musical et la bande annonce du film. On note également certains regrets : l’absence de commentaire audio qui aurait permis sans doute au réalisateur de mieux expliquer certains passages et le peu d’interactivité que nous offre cette édition.

Test Blu-Ray RevolverConclusion :

Revolver est un film intrigant, complexe et difficile à appréhender. Pourtant, le jeu en vaut la chandelle car derrière une apparence de polar grossier, se cache une véritable richesse : de style, de narration, de vision et de philosophie. Guy Ritchie a placé de nombreux éléments symboliques dans ce film qui nous amènent à croire que l’histoire ne fut qu’un prétexte pour illustrer son fameux concept d’arnaque suprême. La prise de conscience de cette arnaque de la part du personnage et par là-même des spectateurs qui assistent à sa vie intérieure constitue un vrai trésor spirituel. Cette édition est donc au combien à recommander…